Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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médecine (suite)

L’école d’Alexandrie est illustrée par de nombreux médecins, dont Hérophile (né v. 335 av. J.-C.), remarquable anatomiste qui reconnaît les rapports du cœur et des artères, l’origine des nerfs, etc. ; c’est également un clinicien et un physiologiste, moins toutefois qu’Erasistrate († v. 280 av. J.-C.), qui pressent la circulation capillaire, clé de la compréhension de la circulation sanguine. D’autres Alexandrins, chirurgiens ceux-là, traitent les lithiases vésicales, les hernies avec succès. Malgré les remarquables progrès accomplis par cette école d’Alexandrie, la décadence va s’amorcer au iie s., et c’est à Rome que l’épanouissement va se poursuivre.

• La médecine romaine. C’est Archagathos (seconde moitié du iiie s.) qui, à cette époque, grâce à ses succès, impose la médecine grecque à Rome. Malgré quelques vicissitudes, les Grecs sont les seuls médecins reconnus. Travaillant en dispensaires, ils forment une caste privilégiée. Asclépiade de Bithynie (124-40 av. J.-C.) est le plus célèbre d’entre eux ; il fonde sa thérapeutique sur la recherche de l’équilibre. Parmi ses successeurs, Thémison de Laodicée (123-43 av. J.-C.) crée l’école des méthodistes, qui reconnaît deux états : la tension et le relâchement. Ces deux états peuvent être combattus par des remèdes contraires. Soranos (ou Soranus) d’Ephèse, obstétricien, est un méthodiste. À l’époque d’Auguste, Celse (en lat. Aulus Cornelius Celsus), dans le De arte medica, réalise une encyclopédie médicale didactique. Pline l’Ancien (23-79) vulgarise la médecine (Histoire naturelle). Dioscoride (ier s. apr. J.-C.), dans son traité Sur la matière médicale, étudie systématiquement les ressources thérapeutiques végétales et minérales. Cependant, la médecine romaine manque d’unité avant Galien.

Galien* s’installe à Rome, où il devient, malgré ses ennemis, grâce à ses succès thérapeutiques, médecin de la Cour. Il publie au cours de sa vie plus de deux cents traités médicaux. Il approfondit les notions anatomiques de l’époque, en particulier à propos du système vasculaire. Par contre, sa conception pneumatiste, son ignorance de la circulation pulmonaire vont paralyser pendant des siècles la compréhension de la physiologie cardio-respiratoire. Galien, cependant, est un physiologiste de valeur qui progresse grâce à l’expérimentation. En thérapeutique, il suit Hippocrate, mais, pour lui, la maladie peut se localiser à un organe au lieu de correspondre à un déséquilibre général. Le galénisme conserve les notions hippocratiques de base, mais analyse plus profondément les symptômes dans un but localisateur. La thérapeutique de Galien — saignées, ergothérapie, diététique, thériaque (médicament aux 60 composés, utilisé durant des siècles contre toutes les maladies) — demeure peu agressive et très hygiéniste.

Galien mort, la médecine romaine entre en décadence, comme l’Empire. Cependant, en Orient, quelques médecins de valeur ajoutent à leur pratique l’édification de traités dont la valeur est longtemps ignorée. Tel est le cas d’Oribase de Pergame (325-403), dont l’œuvre sera redécouverte sous la Renaissance. La médecine ne progresse pas ; pourtant, cette époque voit apparaître, après les infirmeries militaires romaines, les premiers hôpitaux publics à Rome et en Orient. Enfin, sous l’influence de moines médecins exilés en Perse au vie s., la culture médicale gréco-romaine va pénétrer le monde arabe.


La médecine orientale

• La médecine arabe. Le Coran* donne des conseils d’hygiène et de diététique. Initialement peu originale, la médecine arabe progresse sous l’influence de quelques grands médecins, surtout dans les domaines cliniques et pharmacologiques.

Al-Rāzī ou Rhazès (v. 860-923) décrit remarquablement la variole. Avicenne*, médecin de tendance hippocratique, rédige un énorme traité de médecine, qui sera utilisé jusqu’au xve s. Averroès* remplit les fonctions de médecin du calife de Cordoue. Le Juif Maimonide, praticien à la cour du Caire, crée la toxicologie, étudie la diététique et résume les doctrines hippocratiques et galéniques.

Les Arabes, sans apporter de doctrine nouvelle, propagent la pensée médicale grâce à un enseignement théorique bien organisé dans de nombreuses facultés et à un enseignement clinique remarquable. La médecine aura, grâce à eux, une extension vers l’Inde et une continuité dans l’Europe du Moyen Âge.

• La médecine indienne. La médecine védique repose sur la prière et la thérapeutique par les plantes et la diététique. Les traités médicaux abordent de nombreux sujets, parmi lesquels la théorie des humeurs et de leur équilibre, source de la santé, la clinique et l’examen du malade, la pathologie, la thérapeutique, fondée sur la purgation, les vomitifs, les sangsues, la saignée, et la phytothérapie, qui a un développement considérable.

La chirurgie est très développée en Inde, malgré les connaissances anatomiques limitées par l’interdiction — souvent transgressée — de la dissection. La taille vésicale, la cure des fistules anales, certaines interventions de chirurgie plastique (rhinoplastie [réfection du nez]) sont de pratique courante. L’hygiène est très développée, comme la diététique. Enfin, de nombreux hôpitaux existent dès avant l’ère chrétienne. La médecine indienne a peu influencé la médecine occidentale, qui, par contre, est parvenue en Inde grâce à l’invasion arabe.

• La médecine chinoise. Elle repose sur deux théories : celle de l’opposition entre le yang et le yin, dont l’équilibre et la libre circulation sont synonymes de santé, et celle de la conception pneumatique de la physiologie. L’acupuncture* a pour objet de faciliter la circulation du souffle et celle des pouls, dont les types (200 au moins) définissent la maladie. Par ailleurs, la pharmacologie est très riche, et les traitements empiriques sont souvent efficaces.


La médecine médiévale occidentale