Mazzini (Giuseppe) (suite)
Le culte mystique de Mazzini envers la Rome antique et sa descendance directe, selon lui, dans la seule Italie devait lui faire saluer comme un triomphe personnel la révolution romaine de 1848, la fuite du pape à Gaète et l’instauration du triumvirat (1849). Il gouverne la Ville Éternelle avec le concours de la petite patrouille des libéraux extrêmes, comme le prince de Canino, et le consentement tacite ou bruyant d’une population plus superstitieuse que profondément dévouée à l’Église, dont Mazzini, personnellement déiste, respecte d’ailleurs les croyances. Son régime républicain se révèle sur beaucoup de points un modèle de tolérance, mais l’Europe ne voulait plus entendre parler de dépossession d’un souverain légitime, fût-ce le pape. Autriche, Espagne et France se disputent l’honneur de lui rendre le trône pontifical. C’est la France qui l’obtient et triomphe une première fois des unités composites de Garibaldi, en attendant Mentana (3 nov. 1867), que les patriotes italiens auront encore plus de peine à pardonner à l’empereur des Français. À ce moment, Mazzini vieillissant se montre plus sage que le « héros des deux mondes », et il tourne ses regards plutôt vers l’affranchissement de la Vénétie du joug autrichien que vers une seconde tentative d’occupation de Rome, comprenant que celle-ci est dans la logique des choses et ne peut plus tarder.
C’est le survivant d’un grand rêve qui s’éteindra en 1872, dans une patrie presque unifiée, à laquelle il avait tracé les contours à l’est que lui donnera brièvement le traité de Rapallo au siècle suivant ; il ne se sera jamais consolé d’avoir atteint le but suprême par les tractations diplomatiques et non par l’initiative du peuple.
Aux yeux des marxistes, qui tournent alors les aspirations des masses vers des buts tout différents, Mazzini demeure un rêveur situé hors du réel. Au contraire, les patriotes polonais, tchèques, hongrois lui sauront gré d’avoir compris et appuyé leur combat contre l’autocratie et l’entoureront de vénération. L’admiration envers Mazzini est restée très vive en Angleterre après sa mort, et sa volumineuse correspondance y est étudiée presque autant qu’en Italie.
M. V.
➙ Italie / Risorgimento.
M. Dell’Isola et G. Bourgin, Mazzini, promoteur de la République italienne et pionnier de la Fédération européenne (Rivière, 1955). / S. Mastellone, Mazzini e la « Giovine Italia », 1831-1834 (Pise, 1960 ; 2 vol.). / A. Levi, La Filosofia politica di Giuseppe Mazzini (Naples, 1967).