Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mazzini (Giuseppe) (suite)

Le culte mystique de Mazzini envers la Rome antique et sa descendance directe, selon lui, dans la seule Italie devait lui faire saluer comme un triomphe personnel la révolution romaine de 1848, la fuite du pape à Gaète et l’instauration du triumvirat (1849). Il gouverne la Ville Éternelle avec le concours de la petite patrouille des libéraux extrêmes, comme le prince de Canino, et le consentement tacite ou bruyant d’une population plus superstitieuse que profondément dévouée à l’Église, dont Mazzini, personnellement déiste, respecte d’ailleurs les croyances. Son régime républicain se révèle sur beaucoup de points un modèle de tolérance, mais l’Europe ne voulait plus entendre parler de dépossession d’un souverain légitime, fût-ce le pape. Autriche, Espagne et France se disputent l’honneur de lui rendre le trône pontifical. C’est la France qui l’obtient et triomphe une première fois des unités composites de Garibaldi, en attendant Mentana (3 nov. 1867), que les patriotes italiens auront encore plus de peine à pardonner à l’empereur des Français. À ce moment, Mazzini vieillissant se montre plus sage que le « héros des deux mondes », et il tourne ses regards plutôt vers l’affranchissement de la Vénétie du joug autrichien que vers une seconde tentative d’occupation de Rome, comprenant que celle-ci est dans la logique des choses et ne peut plus tarder.

C’est le survivant d’un grand rêve qui s’éteindra en 1872, dans une patrie presque unifiée, à laquelle il avait tracé les contours à l’est que lui donnera brièvement le traité de Rapallo au siècle suivant ; il ne se sera jamais consolé d’avoir atteint le but suprême par les tractations diplomatiques et non par l’initiative du peuple.

Aux yeux des marxistes, qui tournent alors les aspirations des masses vers des buts tout différents, Mazzini demeure un rêveur situé hors du réel. Au contraire, les patriotes polonais, tchèques, hongrois lui sauront gré d’avoir compris et appuyé leur combat contre l’autocratie et l’entoureront de vénération. L’admiration envers Mazzini est restée très vive en Angleterre après sa mort, et sa volumineuse correspondance y est étudiée presque autant qu’en Italie.

M. V.

➙ Italie / Risorgimento.

 M. Dell’Isola et G. Bourgin, Mazzini, promoteur de la République italienne et pionnier de la Fédération européenne (Rivière, 1955). / S. Mastellone, Mazzini e la « Giovine Italia », 1831-1834 (Pise, 1960 ; 2 vol.). / A. Levi, La Filosofia politica di Giuseppe Mazzini (Naples, 1967).

Meaux

Ch.-l. d’arrond. de la Seine-et-Marne ; 43 110 hab. (Meldois).


Capitale du Multien, dans le nord du département, à 45 km de Paris, sur la Marne, légèrement à l’ouest du confluent de l’Ourcq, Meaux est le centre d’une petite agglomération comprenant, en outre, cinq communes (Trilport, Crégy-lès-Meaux, Villenoy, Nanteuil-lès-Meaux, Mareuil-lès-Meaux) et qui dépasse 50 000 habitants.

Meaux appartient à la série des villes-ponts des environs de Paris. Elle est située sur une route nord-sud contournant Paris, par laquelle, de Basse-Bourgogne, à travers la Brie, on gagne les pays de l’Oise, la Picardie et la Flandre. Elle est surtout sur la vieille et la plus importante route de Paris vers l’Est par la vallée de la Marne, vers Epernay et Vitry-le-François.

La vieille ville est située de part et d’autre du sommet d’un méandre d’axe nord-sud, principalement sur la rive droite, où se trouvent la cathédrale et l’hôtel de ville. Un boulevard circulaire a succédé aux anciens remparts. Le pédoncule du méandre, très resserré, est deux fois recoupé par le canal du Cornillon, puis le canal Chalifert. La ville est contournée au nord, au pied d’un amphithéâtre de coteaux, d’abord par la voie ferrée Paris-Reims, ensuite par le canal de l’Ourcq, qui longent la vieille ville à l’ouest. La ville s’est beaucoup plus développée vers l’est (faubourg Saint-Nicolas) que vers l’ouest.

Ce fut longtemps uniquement un centre administratif et commercial, un des plus gros marchés de la Brie, résidence de grands propriétaires, marché de grains, de bestiaux et de fromages, centre de silos et de moulins. Comme la plupart de ces petits satellites de Paris, elle n’a commencé à s’industrialiser qu’à la fin du xixe s. et très lentement, avec des industries secondaires : sucrerie à Villenoy, textiles, brosserie. Depuis 1945, avec l’accentuation du desserrement industriel à partir de Paris, Meaux a recueilli des industries d’équipement électrique et électronique, de matières plastiques, d’articles métalliques, et une quarantaine de petits établissements : fabrique de meubles, imprimeries, fournitures pour l’automobile, nickelage et chromage, serrurerie (au total, 5 200 emplois industriels).

J. B.


L’histoire

Oppidum de la petite tribu des Celtes Meldi et appelée alors Iatinum, la cité fut dotée d’un évêché dès le ive s., fit partie du royaume d’Austrasie, devint la capitale de la Brie et appartint au Moyen Âge aux comtes de Vermandois, puis à ceux de Champagne, qui en firent le centre d’un important marché d’échanges. Sous les comtes de Champagne, qui portaient également le titre de comtes de Meaux, la ville obtint une charte communale en 1179.

En 1229, après la guerre contre les albigeois, Saint Louis y signait avec le comte de Toulouse, Raymond VII, le traité qui entérinait la soumission de ce dernier au roi de France. Meaux fut réunie à la Couronne sous Philippe le Bel. La ville eut à souffrir, d’abord en 1358, au moment de la jacquerie, lorsque le futur Charles V*, alors régent du royaume, s’était réfugié dans ses murs et qu’Étienne Marcel* avait projeté d’aller l’y attaquer avec l’aide des paysans révoltés, puis durant la guerre de Cent Ans, lorsque le roi d’Angleterre, Henri V, l’assiégea durant l’hiver 1421-22.