Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mastodontes

Groupe de Mammifères fossiles voisins des Éléphants, mais caractérisés par leurs molaires à tubercules nettement séparés.


Les Mastodontes avaient les membres plus courts et le corps plus long que les Éléphants ; le crâne était bas et les os de la tête ne contenaient pas, comme chez les Éléphants, des cavités aérifères, ou celles-ci étaient alors peu développées. De nombreux Mastodontes possédaient des défenses non seulement supérieures, mais aussi inférieures.

Les Mastodontes descendaient vraisemblablement du genre Mœritherium de l’Éocène du Fayoum (Égypte) ou s’enracinaient au voisinage de celui-ci ; ce Mœritherium, à caractères peu spécialisés, n’évoque encore qu’assez peu les Proboscidiens actuels : de la grosseur d’un porc, à pattes massives et à sabots plats, il est peu probable qu’il ait présenté une trompe, car les narines occupaient une position assez antérieure sur le museau et n’étaient pas encore rejetées vers l’arrière et vers le haut ; il possédait de chaque côté trois incisives supérieures et deux incisives inférieures, les secondes incisives inférieures et supérieures étant déjà différenciées en courtes défenses ; le reste de la denture comprenait une canine (à la mâchoire supérieure seulement), trois prémolaires et trois molaires par demi-mâchoire ; les molaires avaient quatre tubercules, répartis en deux rangées parallèles.

Deux autres genres du Fayoum, mais datant de l’Oligocène inférieur et donc un peu plus jeunes que Mœritherium, étaient déjà de vrais Mastodontes. Palæomastodon avait de petites défenses supérieures et inférieures (avec seulement une incisive par demi-mâchoire) ; le crâne était déjà un peu renflé par des sinus aérifères ; la position reculée de la narine montre que Palæomastodon devait posséder une petite trompe. Les molaires supérieures présentaient chacune deux rangées de deux tubercules, tandis que les molaires inférieures avaient trois rangées de trois tubercules (fig. 1). Il y a ensuite une lacune dans l’histoire des Proboscidiens, de l’Oligocène inférieur au Miocène moyen : pendant cet intervalle de temps, nous ne connaissons pas en effet de Proboscidiens ; cependant, les Mastodontes n’ont pas dû évoluer beaucoup alors, puisqu’un des plus anciens Mastodontes, le genre Gomphotherium (fig. 2), du Miocène moyen d’Aquitaine, mais qui persiste dans le Pliocène d’Europe, d’Asie et de l’Amérique du Nord, a pu être défini comme « une réédition un peu agrandie et améliorée de Palæomastodon ».

Les Mastodontes ont évolué selon plusieurs lignées : l’une à rostre court (brévirostre), d’autres à rostres longs (longirostres). C’est à partir des longirostres que se sont différenciés les Éléphants. Les premiers Mastodontes (Gomphotherium) avaient des molaires à tubercules disposés en crêtes peu nombreuses. Serridentinus, à peu près contemporain de Gomphotherium, s’en distinguait nettement par la présence de petits tubercules accessoires en plus des tubercules principaux. Les Stegodon du Pliocène et du Pléistocène étaient déjà des Éléphants : du cément apparaissait entre les rangées de tubercules, lesquels disparaissaient par usure (il n’y avait pas de cément chez les Mastodontes), et la tête ressemblait à celle des Éléphants proprement dits, mais le corps était encore bas, comme chez les Mastodontes. L’évolution des Mastodontes était, dans l’ensemble, caractérisée par une multiplication du nombre des tubercules et des rangées de tubercules.

Parmi les Mastodontes, on connaît quelques formes adaptées à des modes de vie particuliers : Platybelodon, du Miocène supérieur de Mongolie et de Russie, avait une symphyse mandibulaire en forme de pelle ; Gnathabelodon, du Pliocène moyen du Kansas, avait un rostre dont la partie mandibulaire formait une véritable auge ; Rhynchotherium avait une symphyse mandibulaire recourbée vers le bas et qui portait des défenses subverticales dirigées, elles aussi, vers le bas. Un des genres de Mastodontes les plus fréquents est Anancus, du Pliocène et du Villafranchien ; c’était une grande forme à défenses supérieures seules présentes et fortement recourbées. Rappelons enfin que le Mammouth* américain, dont la disparition est toute récente, n’était pas en réalité un Mammouth, mais un Mastodonte (Mastodon americanus) ; cette espèce devait vivre encore pendant le dernier interglaciaire.

J.-P. L.

 C. W. Andrews, A Descriptive Catalogue of the Tertiary Vertebrata of the Fayûm (Londres, 1906). / H. F. Osborn, Proboscidea. A Monograph of the Discovery, Evolution, Migration and Extinction of the Mastodonts and Elephants of the World (New York, 1936-1942 ; 2 vol.). / R. Vaufrey, « Proboscidiens », dans J. Piveteau (sous la dir. de), Traité de paléontologie, vol. VI (Masson, 1958).

Mas‘ūdī (Abū al-Ḥasan ‘Alī al-)

Voyageur, « logographe » et encyclopédiste arabe (Bagdad av. 900 - Fusṭāṭ, Égypte, 956/957).


Par sa filiation, al-Mas‘ūdī semble avoir appartenu à une famille arabe d’obédience chī‘ite. Durant son adolescence passée en Iraq, il a pu assister au soulèvement politico-religieux de la secte des qarmaṭes. À certains indices, on peut être amené à suggérer que, dans ses longs voyages, il fut poussé à la fois par sa curiosité, par un certain militantisme et aussi par la recherche du profit commercial. En 915, il se trouve en Perse méridionale, d’où il se rend au Pendjab ; là il visite Multān pour pousser jusqu’à Ceylan et revenir, à la faveur d’un périple rarement accompli, par Zanzibar et l’Oman. En 922, il parcourt les provinces subcaspiennes, entièrement dominées par des autorités chī‘ites. Mais, quatre ans plus tard, on le trouve à Tibériade. Une quinzaine d’années obscures s’écoulent, et de nouveau nous le rencontrons à Antioche, où il commence la rédaction de sa grande chronique universelle ; le temps des longs voyages est pour lui terminé. En 945, al-Mas‘ūdī s’installe à Damas, alors au pouvoir des Ikhchīdites régnant en Égypte, où il se rend de temps à autre. Dans cette ville, il achève la première rédaction des Prairies d’or, qui recevront leur forme ultime neuf ans plus tard, peut-être à Fusṭāṭ, où il meurt.