Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marx Brothers (suite)

 A. Martin, « Les Marx Brothers ont-ils une âme ? », dans Cahiers du cinéma, nos 44, 45, 46, 47, 48 (1955). / G. Marx, Groucho and me (New York et Londres, 1959 ; trad. fr., Arthaud, 1962). / H. Marx, Harpo speaks (New York et Londres, 1961). / A. Eyles, The Marx Brothers, their World of Comedy (New York et Londres, 1966 ; nouv. éd., 1971). / B. Goldblatt et P. Zimmerman, The Marx Brothers at the Movies (New York, 1968 ; trad. fr. les Marx Brothers au cinéma, Solar, 1972). / J. Adamson, Groucho, Harpo, Chico and sometimes Zeppo (Londres, 1973).

marxisme

Théorie et pratique de ceux qui se réclament de Karl Marx*.



Le marxisme jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale


Les derniers textes d’Engels

« Moi, je ne suis pas marxiste ! » est un mot de Marx en 1882, que rapporte Engels. De fait, la vie de Marx a été consacrée autant à l’organisation du prolétariat pour la prise du pouvoir qu’à la rédaction des textes analysant le capitalisme. D’ailleurs son œuvre écrite est inachevée ; au plan théorique, certains marxologues — dès sa mort et jusqu’à nos jours — remarquent l’absence (et en tirent des conclusions) d’une analyse exhaustive de la notion de matérialisme dialectique, c’est-à-dire de la synthèse du matérialisme comme analyse scientifique de la nature et d’une théorie des contradictions comme analyse scientifique de la réalité humaine. Dans l’Anti-Dühring (1878), ouvrage auquel Marx a marginalement contribué, Engels insiste sur le caractère scientifique du « marxisme » à l’opposé du caractère « utopique » des premiers socialistes et du collectivisme des anarchistes. Mais le « marxisme », comme système philosophique achevé, n’existe pas dans la pensée d’Engels.

Histoire d’un qualificatif

Employée pour la première fois par les ennemis politiques de Marx au sein de l’Association internationale des travailleurs (1864-1876), l’épithète marxiste désignait les partisans des méthodes « autoritaires » dans le mouvement ouvrier, par opposition aux anarchistes « anti-autoritaires », qui se réclamaient de Bakounine. On voit le terme utilisé pour la première fois dans un titre d’ouvrage en 1882, quand le bakouniniste Paul Brousse (1843-1912) publie son petit pamphlet le Marxisme dans l’Internationale. Brousse, comme la plupart de ses compagnons anarchistes de l’époque, ne met pas en cause la pensée de Marx, mais dénonce en lui le « chef de parti », à la tête d’une coterie d’« agents » et de « tacticiens » (Paul Lafargue, Wilhelm Liebknecht, etc.). Ainsi, « le marxisme ne consiste pas à être partisan des idées de Marx. À ce titre, beaucoup de ses adversaires actuels, et particulièrement celui qui écrit ces lignes, seraient marxistes [...]. Le marxisme consiste surtout dans le système qui tend non à répandre la doctrine marxiste, mais à l’imposer dans tous ses détails. »

M. K.

Après la mort de Marx, Engels écrit une « Préface » aux Luttes de classes en France, lorsque ce texte de Marx paraît pour la première fois en brochure et sous ce titre en 1895. Il y analyse l’évolution des conditions où est placé le prolétariat, notamment en Allemagne : « Une insurrection qui a la sympathie de toutes les couches du peuple se reproduira difficilement ; dans la lutte de classes toutes les couches moyennes ne se grouperont sans doute jamais d’une façon assez exclusive autour du prolétariat pour que, en contrepartie, le parti réactionnaire rassemblé autour de la bourgeoisie disparaisse à peu près complètement [...]. Le temps des coups de main, des révolutions exécutées par de petites minorités conscientes à la tête des masses inconscientes, est passé [...]. Partout le déclenchement sans préparation de l’attaque passe au second plan, partout on a imité l’exemple allemand du droit de vote, de la conquête de tous les postes qui nous sont accessibles [...]. En France [...] le lent travail de propagande et l’activité parlementaire sont reconnus là aussi comme la tâche immédiate du Parti. » Cette préface paraît — tronquée par Bernstein et Kautsky — dans le journal Vorwärts ; les coupures, contre lesquelles le vieil Engels proteste et dont il accepte finalement certaines, ont pour objectif de justifier la pratique parlementariste dans laquelle Kautsky et Bernstein vont tenter de placer le parti social-démocrate allemand.


Le révisionnisme de Bernstein

La volonté de faire du marxisme la doctrine officielle du mouvement ouvrier allemand se marque par la victoire de Karl Kautsky sur Bernstein au congrès du parti social-démocrate allemand à Erfurt (1891), où est adopté le « marxisme intégral » ; mais le révisionnisme de Bernstein va marquer le mouvement ouvrier et contribuer à l’abandon de l’internationalisme par de nombreux dirigeants, dont Kautsky, à la veille de la Première Guerre mondiale.

Les thèses de Bernstein, exprimées par une série d’articles publiés entre 1896 et 1899 et rassemblés sous le titre de Die Voraussetzungen des Sozialismus und die Aufgaben der Sozialdemokratie, ont été traduites en français sous le titre significatif de Socialisme théorique et social-démocratie pratique (1900), avec une préface qui s’intitule « Réponse à mes critiques socialistes ». Bernstein y rappelle sa théorie qu’on peut résumer en deux points : le capitalisme a changé de nature ; le marxisme n’est pas un système achevé. « On ne peut pas dire qu’actuellement la misère, la servitude, la déchéance s’accroissent dans les pays avancés. Car la contre-action sociale contre les tendances ruineuses du régime capitaliste a déjà commencé et empêche la réalisation des conséquences extrêmes de ces tendances [...]. Il y a d’autres forces — forces économiques et forces idéologiques — qui poussent dans la direction du socialisme [...]. La victoire du socialisme ne dépend pas à mon avis de sa nécessité économique immanente. Je ne vois ni la possibilité ni la nécessité de lui donner une base purement matérialiste. » « Kautsky lui-même admet que la théorie de la valeur de Marx laisse des vides. Il me reproche de vouloir les combler par une introduction d’idées étrangères et hostiles à la théorie marxiste, et élaborées dans un but de réfutation du marxisme. Et après ? Le marxisme n’est pas un système définitif ; il aspire à être une science, et pour la science la question n’est pas de savoir dans quel but ou avec quelle intention politique une théorie a été élaborée, mais bien si elle est exacte ou non. »