Marshall (George Catlett) (suite)
La mission de Marshall est délicate : comment réconcilier Mao Zedong (Mao Tsö-tong*) et Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek*) ? Il n’y a pas de troisième force ; le gouvernement nationaliste est corrompu, inefficace et détesté par la population ; les pressions américaines ne changent rien à la situation. Marshall revient à Washington découragé ; il recommande à son pays une attitude désabusée et résignée. Mais la mission en Chine n’a été qu’une initiation à la diplomatie : le 21 janvier 1947, il devient secrétaire d’État. La tension internationale s’accentue ; les États-Unis adoptent la politique du containment que George Frost Kennan (né en 1904) vient de définir. Le 5 juin, Marshall annonce dans un discours à l’université Harvard un plan qui vise à rétablir la situation économique et politique de l’Europe, plus particulièrement de l’Europe occidentale. En même temps, il met en place l’aide à la Turquie et à la Grèce et participe à l’élaboration du traité de l’Atlantique Nord.
En janvier 1949, il abandonne ses fonctions, mais le vieux soldat ne demeure pas longtemps inactif. Dès qu’éclate la guerre de Corée*, le président Truman fait de nouveau appel à lui : il le nomme le 21 septembre 1950 secrétaire à la Défense. Pendant un an, Marshall a pour tâche de renforcer la défense des États-Unis, d’obtenir de plus gros crédits et de préparer l’Europe occidentale contre toute menace soviétique. Étrange destin que celui d’un homme né au temps des guerres indiennes et confronté, à la fin de sa vie, à l’immense menace de la guerre nucléaire ! Par deux fois, au cours de deux guerres mondiales, il a cru possible le rétablissement d’une paix durable ; quand il prend sa retraite, son pays combat en Extrême-Orient, la guerre froide bat son plein. Marshall reçoit, pourtant, une compensation : en 1953, le prix Nobel de la paix lui est attribué.
Courageux et sincère, distant mais profondément respecté par ses collaborateurs, Marshall n’a pas été un meneur d’hommes, mais un remarquable officier d’état-major. Soumis au pouvoir civil, il n’a pas cherché le rôle politique qu’on lui a fait jouer ; bien malgré lui, il a symbolisé les années de tension internationale qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale.
A. K.
➙ États-Unis / Guerre mondiale (Seconde).
F. Pogue, George C. Marshall : Education of a General, 1880-1939 (New York, 1963) ; George C. Marshall : Ordeal and Hope, 1939-1943 (New York, 1966).