Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Marseille (suite)

À la fois pôle touristique et centre vital de la ville, la Canebière et le Vieux-Port sont indissociables de la vie marseillaise. L’artère centrale, qui débouche sur le quai des Belges, est animée par de nombreux cafés, cinémas et magasins. Le palais de la Bourse rappelle le rôle commercial de la ville, dont le Vieux-Port ne présente plus à l’heure actuelle qu’un amoncellement de barques de pêche, de bateaux de plaisance et d’embarcations pour la visite du château d’If. Les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas gardent toujours l’entrée de la calanque, alors que le pont transbordeur, longtemps inséparable de la vision traditionnelle du port, a disparu, et, s’il reste les services de ferry-boat pour joindre les deux rives du bassin, un tunnel a désormais été aménagé sous le Lacydon pour faciliter la circulation automobile.

• Les quartiers du xixe s. À la périphérie de la ville ancienne, au-delà des remparts devenus boulevards, l’extension s’est effectuée de façon désordonnée entre deux dates fondamentales : l’ouverture du bassin de la Joliette (en 1847) et le percement de l’isthme de Suez (en 1869). La ville escalade les flancs des buttes sans aucun souci d’urbanisme, au cours d’une croissance accélérée qui repose sur l’activité portuaire et la multiplication des industries qui en découlent (huileries et savonneries, minoteries et fabriques de pâtes alimentaires), implantées, dans le tissu urbain, dans trois grands secteurs :
— les quartiers du nord, en gros le IIIe arrondissement, Saint-Mauront, la Villette, Belle-de-Mai ; là subsistent encore ateliers dégradés et usines vieillies, un labyrinthe de rues sordides qui s’ouvrent mal sur les grands axes percés vers 1850 et à la fin du xixe s. (le boulevard National et le boulevard de Plombières) ; le quartier se remodèle en fonction du transfert des usines et des grands aménagements routiers ;
— les Chartreux ; sur la vallée du Jarret, à l’écart de la ville, les constructions gagnent sur les anciennes usines ;
— les quartiers du sud (la Capelette, Menpenti, le Rouet), s’organisant autour de la gare du Prado entre la vallée de l’Huveaune, le boulevard Baille (qui conduit au grand ensemble hospitalier de la Timone) et l’avenue du Prado.

• Les extensions actuelles. Contemporains, les quartiers résidentiels ont bénéficié par contre de plans d’aménagement : quartier Longchamp axé sur le boulevard percé en 1835, d’allure quadrangulaire, avec comme toile de fond le palais construit par J. H. Espérandieu (1829-1874) sous le second Empire ; Plaine Saint-Michel, toute proche, gagnée par les lotissements sous la monarchie de Juillet ; le Prado, délimité par l’avenue du même nom, dans le prolongement de la rue de Rome au-delà de la place Castellane : magnifique artère qui rejoint au sud la plage près du parc Borély, quartier de résidence riche occupé au xixe s. par des pavillons entourés de jardins, gagnés peu à peu par l’habitat collectif de haut standing.

Au-delà des sept arrondissements centraux, entre le canal de Marseille et le cours du Jarret, l’accroissement est très net dans les quartiers de Saint-Just et de Malpassé, de Saint-Jérôme, auprès de la faculté des Sciences, de la Rose, où se multiplient les grands ensembles. Cette progression se poursuit vers l’est par Saint-Barnabé, entre les quartiers de Montolivet et de la Pomme, ainsi qu’aux Caillols, gagnant par la vallée de l’Huveaune jusqu’au sud, par Saint-Tronc, Sainte-Marguerite et le Cabot, jusqu’à la Pointe Rouge. Le grand axe du boulevard Michelet prolongé vers le centre par l’avenue du Prado facilite la desserte de ces quartiers, gagnés par l’urbanisation depuis les années 1960.

L’étude des structures par âge dans les arrondissements centraux montre le vieillissement du Ier et du VIe arrondissement : la base des pyramides d’âge est ici la plus étroite ; par contre, elle s’élargit progressivement dans les quartiers populaires du IIIe (la Belle-de-Mai, Saint-Lazare) ; beaucoup plus encore dans les VIIe et VIIIe arrondissements (la colline de la Garde) et selon une bande parallèle à la plage jusqu’au parc Borély, là où prédominent les jeunes ménages récemment installés. Les arrondissements de la couronne externe, du IXe au XVIe, montrent des pyramides aux assises larges ; les quatre derniers, situés dans le nord et le nord-est, comptent plus d’un tiers de jeunes n’ayant pas atteint leur majorité. Les logements récemment construits dans les grands collectifs implantés depuis moins de vingt ans regroupent essentiellement des ménages jeunes où les enfants sont nombreux.


Les banlieues

En fait, tout le bassin de Marseille est gagné par les constructions, le grignotage de l’espace périurbain se poursuit, s’opposant au désert total des hauteurs qui l’encadrent. L’étendue du périmètre municipal fait que les banlieues ne constituent pas administrativement des unités séparées, sur une superficie de 23 000 ha au total. Mais l’agglomération déborde sur les communes voisines, qui fournissent quotidiennement leurs contingents de migrants « pendulaires ». Allauch et Plan-de-Cuques apparaissent essentiellement comme des cités-dortoirs, alors que La Penne-sur-Huveaune et Septèmes-les-Vallons ont leurs activités propres, tout comme Aubagne. On peut distinguer trois types de banlieues.

• La banlieue résidentielle. Elle est moins soumise à la topographie et met à profit les pentes calcaires qui multiplient les perspectives, mais reste liée aux voies de desserte, très souvent d’anciens chemins ruraux (à l’usage des bastides) devenus des axes importants de communication, parfois promus au rôle d’avenues. L’ancienne voirie n’est pas toujours adaptée au volume des nouvelles constructions et ne livre à l’automobile que des possibilités de circulation réduites. Sur les pentes méridionales et orientales de la colline de Notre-Dame-de-la-Garde, les quartiers résidentiels révèlent un habitat de pavillons isolés ou des constructions plus modestes dans le vallon des Auffes. La corniche Kennedy, en bordure du littoral, dessert l’ensemble et a fait l’objet d’aménagements. Dans la basse plaine de l’Huveaune, une zone aérée est axée sur le boulevard Michelet, dans le prolongement de l’avenue du Prado. Dans cet ensemble bien relié au centre, l’ancienne bastide campagnarde voisine avec les recherches architecturales contemporaines ; c’est là que Le Corbusier a implanté sa cité radieuse, longtemps prototype en France du futur habitat collectif et entrée maintenant dans l’histoire de l’urbanisme. En bordure du littoral, au-delà du parc Borély et de la plage du Prado, le quartier plus modeste de la Pointe Rouge domine un petit port de plaisance. Sur le plateau de Saint-Barnabé, Saint-Julien et Montolivet, entre les vallées du Jarret et de l’Huveaune, les grands ensembles le disputent maintenant à une série de lotissements regroupant des maisons individuelles. Saint-Julien, un ancien hameau, a peu à peu été englobé dans les constructions et est devenu un centre commercial.