Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marrakech (suite)

Mais les fonctions de métropole régionale et de station touristique de classe internationale ne suffisent pas à animer une ville où la population active est estimée à 70 000 personnes. L’industrie (à l’ouest) ne fournit de l’emploi qu’à 4 200 ouvriers. À côté des industries du bois, des meubles et du papier, de la petite métallurgie, des plastiques, des textiles et du cuir, l’industrie alimentaire est de loin la plus importante (3 000 ouvriers), avec une soixantaine d’établissements, dont des huileries (olives), conserveries d’abricots, d’autres usines de conditionnement de fruits (agrumes et divers), des minoteries, une coopérative laitière ; les capitaux sont en majorité d’origine française.

En dépit de la crise de l’emploi, Marrakech continue à attirer les populations du Sud, d’où, autour de la médina, le bourgeonnement de quartiers nouveaux, sur trames sanitaires améliorées (cité Muḥammadiyya au nord : 40 000 hab.) ou en douars clandestins, au nord-est et au sud.

J. L. C.


L’art à Marrakech

Fondée par les Almoravides, la ville de Marrakech a livré les vestiges de leur première forteresse, datée de 1062, à l’emplacement même où s’élèvera plus tard la Kutubiyya. Rien d’important ne subsiste de ce qu’ils ont construit ; en particulier ont disparu, sous la pioche des Almohades, qui les trouvaient mal orientées, les nombreuses mosquées de cette première époque. Celle de ‘Alī ibn Yūsuf, qui est bien une fondation almoravide, a été tellement remaniée au cours des siècles que, de ses origines, elle ne garde que son nom (réfections au xvie s., puis aux xviiie et xixe s.).

De l’époque almohade demeure heureusement intacte la mosquée des Libraires, en arabe la mosquée al-Kutubiyya, une des plus belles réalisations architecturales de l’islām. Son oratoire comprend dix-sept nefs en profondeur, huit de chaque côté de la nef centrale, plus large, qui viennent buter sur une travée transversale longeant le mur du fond. À la rencontre de la nef centrale et de la travée, conformément au plan établi à la Grande Mosquée de Kairouan, une coupole à stalactites surmonte le miḥrāb et la magnifique chaire (minbar) en marqueterie ; quatre autres coupoles, régulièrement espacées, couvrent la travée. Sur les bas-côtés, quatre nefs de part et d’autre se prolongent pour encadrer la cour et former des portiques. Le célèbre minaret en moellons, prototype de la Giralda de Séville et de la tour Ḥasan de Rabat, mais qui a conservé son lanternon, a été achevé en 1195. Haut de 69 m, il est sobrement décoré d’arcatures, autrefois rehaussées de peintures, et d’un bandeau de céramiques.

Une autre fondation almohade, moins grande et moins ambitieuse, devait égaler sinon surpasser la Kutubiyya, mais elle a été fort transformée, en particulier au milieu du xviiie s. et au xixe. Il s’agit de la mosquée de la Casbah, dite aussi mosquée d’al-Manṣūr (v. 1190) ; son minaret, magnifiquement décoré de céramiques vertes ceignant le sommet de la tour, garde seul l’aspect qu’on lui avait primitivement donné. C’est sans doute aussi de cette même époque que datent l’essentiel de l’enceinte de 12 km qui entoure la ville d’une ceinture trop vaste pour elle et la casbah, à l’extrémité sud-est de la ville, où la porte dite « Bāb Agnāū » (xiie s.) peut rivaliser avec les portes monumentales de Rabat, de Meknès ou de Fès.

Marrakech ne doit guère aux Marīnides que le sanctuaire de Sidi Mūlāy al-Qṣūr et le beau minaret de la mosquée d’ibn Ṣātiḥ (1331). Il faut attendre l’arrivée au pouvoir de la dynastie sa‘dienne pour que la ville retrouve son éclat d’antan. La medersa d’ibn Yūsuf (1564-65) est le seul exemple connu d’une université sa‘dienne ; de majestueuses proportions, elle comprend une grande cour, un spacieux oratoire, une multitude de cellules groupées autour de sept petits patios. À la mosquée de Bāb Dukkāla (1557-58), à sept nefs, on chercha à faire revivre les traditions marīnides, mais on les enrichit en portant à dix le nombre des coupoles.

Ce qu’on nomme les tombeaux des Sa‘diens est un ensemble de mausolées de dates diverses, en particulier du xviie s., construits dans un cimetière au voisinage de tombes plus anciennes, sans doute du xive s. Les stèles des princes sa‘diens, décorées d’arabesques et d’épigraphies, sont abritées sous des qubba successives, splendides pavillons à portiques, parfois sur colonnes galbées supportant, par l’intermédiaire d’arcs gracieux, une somptueuse charpente : les sculptures s’y mêlent aux dorures et aux peintures ; les revêtements muraux, en plâtre sculpté et en mosaïques, sont d’un art un peu décadent, mais délicat (v. ill. Arabes).

Il ne reste rien du palais al-Badī‘, débauche de marbre et d’or, qui occupa les ouvriers du xvie s. pendant une quinzaine d’années. Quelque chose de son souvenir est sans doute passé dans les immenses résidences (Bahia, Dār al-Makhzen), souvent du xixe s., qui ornent encore Marrakech et lui donnent un de ses plus grands charmes.

J.-P. R.

Marseille

Ch.-l. du départ. des Bouches-du-Rhône et capit. de la Région Provence-Côte d’Azur, premier port de France et nouvelle métropole d’équilibre.


La plus ancienne des grandes villes de France s’est hissée au deuxième rang après Paris par sa population : 914 356 habitants (Marseillais) dans le périmètre municipal et 1 076 897 dans l’agglomération, la troisième de France.

Administrativement, la ville se divise en seize arrondissements : le Ier entre la gare Saint-Charles et l’Opéra, le cœur de la ville ; une première auréole (du IIe au VIIe) qui appartient encore au centre ; une deuxième couronne (du VIIIe au XVIe) sur un espace plus vaste, des Goudes à l’Estaque par Carpiagne. L’agglomération englobe aujourd’hui plus de vingt communes de banlieues dont les plus peuplées sont Aubagne, Marignane, Les Pennes-Mirabeau, Vitrolles, Allauch et Septèmes-les-Vallons qui dépassent toutes 10 000 habitants. L’aire métropolitaine, enfin, regroupe une soixantaine de communes et 2 600 km2.

R. D. et R. F.