Marquet (Albert) (suite)
Dès 1907, cette période est terminée pour Marquet, déjà en possession d’un style très personnel auquel il restera fidèle toute sa vie. Ses paysages, exécutés lors de nombreux voyages en Europe et en Afrique du Nord, rendent admirablement les jeux de la lumière, ceux de l’eau dans les bassins des ports, sur les lacs ou dans les zones plus animées ou tumultueuses (mers, fleuves), et aussi les différents états de l’atmosphère (neige, vent, pluie, soleil et transparence de l’air...).
Il adoucit les tons purs du fauvisme, et a même une prédilection pour les dominantes grises. C’est ainsi que de nombreuses vues de Paris qu’il a peintes avant 1920 sont de véritables symphonies en gris. Marquet ne peint que la réalité révélée à ses yeux de myope. Il n’a pas d’imagination, mais il a un humour qu’il exprime en peuplant ses tableaux et ses aquarelles de petits personnages, d’animaux, d’objets saisis avec intuition et rapidité. Ses tableaux réalistes rendent avec une incontestable poésie l’atmosphère des ports (Hambourg, Rotterdam, Le Havre, Marseille, Alger ou Naples) et celle des quais parisiens. D’instinct, ce merveilleux paysagiste sait mettre le ton juste, garder l’essentiel et éliminer le superflu de ses sensations. C’est un observateur passionné de la lumière, comme Signac, qu’il accompagna à plusieurs reprises à La Rochelle.
C’est aussi un remarquable dessinateur. Ses dessins incisifs, croqués sans repentir, ont fait dire à Matisse : « Il est notre Hokusai. » Ses croquis parisiens au pinceau (1905) rappellent l’aisance des scènes de rues de Bonnard. Malicieux et attentif, spirituel et contemplatif, Marquet excelle à noter le mouvement d’un simple coup de crayon. Il a illustré et gravé de nombreux livres et albums : Mon brigadier Triboulère, d’E. Montfort (1918) ; l’Académie des dames et Moussa le petit Noir, de sa femme Marcelle (1925) ; Sites et mirages, de H. Bosco, etc.
B. C.
F. Fosca, Marquet (Gallimard, 1922). / A. Rouveyre et G. Besson, Marquet, dessins (le Point Souillac, 1943). / M. Marquet, Marquet (Laffont, 1951) ; Marquet, voyages (la Biblioth. des Arts, 1969). / M. Marquet et F. Daulte, Albert Marquet (David Perret, 1954). / F. Jourdain, Marquet (Cercle d’Art, 1959).