Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marne (bataille de la) (suite)

 K. W. P. von Bülow, Mein Bericht zur Marneschlacht (Berlin, 1919), G. Tappen, Bis zur Marne, 1914 (Oldenburg, 1920) et W. Müller-Löbnitz, Die Sendung des Oberstleutnants Hentsch am 8.-10. September 1914 (Berlin, 1922) ; trad. fr. en 1 vol. Documents allemands sur la bataille de la Marne (Payot, 1930). / L. Koeltz, le G. Q. G. allemand et la bataille de la Marne (Payot, 1932). / M. Gamelin, Manœuvre et victoire de la Marne (Grasset, 1954). / G. Blond, la Marne (Presses de la Cité, 1962). / P. Dominique, la Victoire de la Marne (Berger-Levrault, 1964). / A. Juin, la Brigade marocaine à la bataille de la Marne (Presses de la Cité, 1964). / H. Contamine, la Victoire de la Marne, 9 septembre 1914 (Gallimard, 1970).

Marne. 51

Départ. de la Région Champagne-Ardenne* ; 8 163 km2 ; 530 399 hab. Ch.-l. Châlons-sur-Marne*. S.-préf. Épernay, Reims*, Sainte-Menehould, Vitry-le-François.


La Marne est, de loin, le département le plus peuplé et le plus dynamique de la région et l’un des plus actifs de France. Elle le doit à sa position, à la puissance de son agriculture et à la rénovation de ses industries.

Elle est à la fois bien centrée sur le grand axe Paris-Strasbourg et au cœur des pays champenois. L’opulente Champagne crayeuse en occupe la plus grande partie. À l’ouest, la Marne possède la quasi-totalité du vignoble et une petite partie des plateaux tertiaires (Tardenois et Brie), également domaines de la grande agriculture (mis à part les massifs forestiers de la Montagne de Reims [283 m], de la Brie des Étangs et de Traconne, sur la meulière). À l’est, elle englobe la partie la plus étroite de la Champagne humide (Vallage d’Argonne ou d’Aisne), la moitié occidentale du massif de gaize (grès) d’Argonne et la plus grande partie de la large plaine du Perthois, étalée par la Marne et l’Ornain à la sortie des plateaux du Barrois.

Aussi ses structures agricoles sont-elles efficaces (les exploitations de plus de 50 ha occupent 80 p. 100 de la surface utilisée). La grande culture domine, avec 45 p. 100 du produit agricole : 6 à 7 Mq de blé (premier ou deuxième rang en France), 3,5 Mq d’orge, 1 Mq d’avoine (premier rang) et maintenant 2,5 Mq de maïs ; 17 Mq de betteraves sucrières (quatre sucreries) ; 60 p. 100 de la luzerne déshydratée en France (3 Mq) ; se développent les cultures des légumes de plein champ (petits pois, pois cassés) et la production de jeunes bœufs. La vigne (18 000 ha, 9 000 exploitants), tout entière orientée vers le Champagne, fournit 36 p. 100 du produit agricole. Les productions animales comptent moins (16 p. 100), malgré 2 Mhl de lait, un troupeau de 200 000 bovins et 130 000 ovins (en progrès après un long déclin). Riche de 16 000 exploitations dont le produit moyen se monte à 80 000 F, c’est le premier département français pour la consommation d’engrais, les surfaces remembrées, le taux d’exportation des produits agricoles.

Mais les emplois industriels (70 000 actifs) dépassent le double des emplois agricoles. La métallurgie et le bâtiment dominent (16 000 chacun), devant les industries alimentaires (14 000) ; le reste se disperse entre textile (5 000), matériaux de construction et verre (5 000, deux verreries à Reims), papier et carton (en progrès, 3 000), constructions électriques (3 000), bois et ameublement (4 000) ; la chimie est peu représentée (2 000). L’essor industriel résulte d’une puissante reconversion des activités anciennes (textile) et de nombreuses implantations récentes, liées à la décentralisation parisienne et à l’installation de firmes étrangères, notamment allemandes. La production industrielle a été multipliée par cinq depuis quinze ans.

Cependant, le secteur tertiaire est encore plus développé que l’industrie, avec 100 000 actifs (environ la moitié de la population active totale) : cela tient, outre l’administration, à un rôle accru des organismes de négoce et des entreprises de transport, particulièrement actives en raison de la position même du département.

Si la vallée de la Marne paraît être l’axe principal du département, elle n’est en fait qu’un élément d’un large faisceau qui s’épanouit vers l’ouest et se rétrécit au-delà de Châlons-sur-Marne et de Vitry-le-François.

Châlons-sur-Marne* (55 709 hab.) est au centre. Choisie comme chef-lieu de la généralité de Champagne contre Reims, ville de la Ligue, elle hérita de la préfecture contre Reims, ville des sacres. Longtemps administrative et militaire, elle s’est industrialisée. Mais la grande ville est Reims* (183 610 hab.), dont le rayonnement grandit. Excentrée, elle attire en grande partie Aisne et Ardennes, toute la Marne, et partage avec Châlons l’administration régionale.

Épernay (31 108 hab.) a perdu une partie de son rôle d’étape ferroviaire ; mais, quoique encore dominée par le Champagne, dont elle partage le contrôle avec Reims, elle s’est dotée d’industries nouvelles (machines-outils, matériel agricole, bois, carton).

Ces trois villes sont les pôles d’une zone d’appui nord-champenoise (Z. A. N. C.), qui couvre le quart nord-ouest du département et doit servir de point fort au développement de l’est du Bassin parisien. Leurs liaisons sont intenses et en voie d’amélioration, autour d’une forêt de la Montagne de Reims, qu’on essaie d’ériger en parc régional. Le million d’habitants prévu dans la Z. A. N. C. d’ici trente ans en fera sans doute une véritable nébuleuse urbaine.

En aval d’Épernay, la Marne, encaissée, est bordée de vignobles et connaît un développement touristique (plans d’eau), surtout vers Dormans, tout à l’ouest. À l’est de Reims, la vallée de la Suippe était spécialisée dans le textile ; largement reconvertie, elle s’associe de plus en plus à la grande ville proche. À son extrémité, au cœur de la Champagne crayeuse, Mourmelon-le-Grand (6 148 hab.) et Suippes (4 878 hab.) ont longtemps vécu des camps militaires, qui stérilisent d’importantes surfaces, mais tendent aussi à s’industrialiser.