Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Antilles (Petites) (suite)

La Grenade souffre de surpeuplement (émigration de 2 000 personnes par an vers Panamá, Aruba, Curaçao, la Trinité et la Grande-Bretagne). Elle importe trois fois plus qu’elle n’exporte, et le tourisme, en essor, ne peut combler cet énorme déficit. Ravagée par le cyclone « Janet » en 1955, l’île a difficilement relevé ses ruines ; son équipement est insuffisant, et le niveau de vie reste bas (150 dollars par habitant et par an).


Les Grenadines

Groupe de plus de cent îles pittoresques situées entre Saint Vincent et la Grenade, tantôt coralliennes, tantôt volcaniques, toutes basses et sèches. Celles du Sud, à partir de Carriacou (incluse), sont rattachées à la Grenade, et celles du Nord à Saint Vincent. Carriacou, la plus grande, rassemble 7 000 des 14 000 habitants de l’archipel, et Bequia, rattachée à Saint Vincent, 2 600 ; le reste se répartit dans les huit autres îles peuplées. Les Grenadines produisent tant bien que mal des légumes, des citrons, des noix de coco et du coton. Mais la pêche est la principale ressource avec la construction de petits bateaux. Le grand tourisme par yachting se développe. Les ressources sont insuffisantes, et la population doit émigrer.


Montserrat

Située au nord-ouest de la Guadeloupe, cette île ne couvre que 98 km2 pour une population de 15 000 habitants. Plymouth est sa petite capitale. Montserrat est une île volcanique, dont le sommet le plus élevé approche 1 000 m. Une dépression centrale facilite les communications entre la côte « au vent » et la côte « sous le vent ». Les montagnes sont bien arrosées, mais les littoraux sont secs. La canne à sucre a presque disparu. Elle a été remplacée par le coton, qui assure 85 p. 100 des exportations. Les cultures de légumes et de fruits ont été développées ; mais leur écoulement est difficile, car cette petite île est à l’écart du grand trafic maritime. La culture des bananiers a pris un récent essor (10 p. 100 des exportations). Le pays est pauvre (160 dollars par habitant et par an). On essaie d’y développer le tourisme. Les exportations ne représentent pas le sixième des importations ; aussi, l’île a-t-elle préféré rester colonie de la Couronne.


Saint Kitts, Nevis, Anguilla

Saint Christopher ou Saint Kitts est située au nord-ouest de la Guadeloupe. Elle a 168 km2 et est peuplée de 44 000 habitants. C’est une île volcanique de forme oblongue et orientée N.-O. - S.-E. Le sommet le plus haut atteint 1 415 m. Les massifs volcaniques sont entourés par une plaine littorale fertile. L’île est bien arrosée, sauf au sud-est. La forêt dense occupe les sommets au-dessus de 600 m.

Saint Kitts est l’exemple type d’une île à sucre. La canne à sucre l’emporta sur le coton, le tabac et l’indigo dès 1650, et l’économie sucrière sut résister aux crises du xixe s. et même concentrer la fabrication du sucre dans une seule centrale vers 1910. La production prit alors un nouvel essor, la superficie cultivée en canne a doublé et la production, quintuplé : l’île est ceinturée par le damier vert tendre des 7 500 ha des champs de canne, partagés entre une cinquantaine de plantations. La production sucrière s’élève à 45 000 t en moyenne et les produits tirés de la canne représentent 90 p. 100 des exportations. Les deux tiers du sucre sont vendus au prix garanti par le Commonwealth Sugar Agreement. L’île est obligée d’importer la plupart des produits vivriers. La moitié du commerce s’effectue avec la Grande-Bretagne, le reste avec le Canada, les États-Unis et les Antilles. Le déséquilibre de la balance du commerce visible est moins marqué qu’ailleurs, les ventes couvrant 75 p. 100 des achats. Mais le niveau de vie n’y est guère supérieur (environ 200 dollars par habitant et par an).

Nevis est située dans le prolongement sud-est de Saint Kitts et est séparée de cette dernière par un canal de 5 km. Elle a 93 km2 et 15 000 habitants. Elle doit sa forme circulaire au massif volcanique qui la constitue ; celui-ci atteint près de 1 100 m au Nevis Peak. L’île est bien arrosée. Ici, l’économie sucrière n’a pas résisté aux crises ; les deux tiers des terres sont retournées aux broussailles, et l’île s’est dépeuplée. Aujourd’hui, le coton a remplacé en partie la canne à sucre. Mais Nevis s’est surtout spécialisée dans le ravitaillement en fruits et en légumes de Saint Kitts, dont le marché de Basseterre est indispensable à sa vie économique.

Anguilla, plus au nord, est une île calcaire, plate, basse, allongée du sud-ouest au nord-est, couvrant seulement 88 km2. Elle est peuplée de 6 000 habitants. Ceux-ci vivent de cultures peu exigeantes en eau (coton, pois, haricots, etc.), qu’ils vendent à Saint-Martin, toute proche, avec des produits de l’élevage. Le sel marin est la principale production ; il est largement exporté. La pêche a conservé un caractère artisanal. L’île, pauvre, compte surtout sur les envois des émigrés ; seul le tourisme pourrait la faire sortir de sa misère.


Sainte-Lucie (en angl. Saint Lucia)

Cette île volcanique, située au sud de la Martinique, a une superficie de 616 km2 avec une population de 108 000 habitants, dont 16 000 à Castries, la capitale, située au fond d’une belle baie. Au sud et au centre, elle est formée par un massif volcanique, qui avoisine 1 000 m au Morne Gimie. Le nord de l’île est occupé par un massif plus ancien, fortement érodé. Les terres cultivables, peu étendues, se situent au nord-ouest et au sud-est, où elles sont très fertiles. Les pluies sont abondantes en toutes saisons. La forêt dense occupe les plus hauts sommets. L’île, qui connut une influence française prépondérante jusqu’au début du xixe s., a été intensément mise en valeur. La canne à sucre, puis le cacaoyer et le citronnier prospèrent jusqu’en 1930. De 1880 à 1930, Castries devient l’un des principaux ports charbonniers de la Caraïbe. Après 1930 survient une profonde dépression, la reprise intervenant pendant la Seconde Guerre mondiale avec la construction des bases américaines. Mais c’est surtout la banane qui sortit l’île de son marasme. Sainte-Lucie est devenue une île bananière avec 80 000 t, produites par de petits planteurs dans les vallées côtières. La production sucrière a disparu. Les cocoteraies s’étendent sur de vastes superficies, et une usine produit de l’huile végétale à partir des amandes à Soufrière. Le cacaoyer a encore quelque importance. Sainte-Lucie exporte des bananes (80 p. 100 des exportations) et des huiles végétales. Elle importe une partie de son alimentation et tous les produits fabriqués. Ses ventes ne représentent que 43 p. 100 des achats, et le tourisme, en essor, ne peut rattraper pareil déficit. L’île reste pauvre (170 dollars par habitant et par an) et manque cruellement d’équipement. L’émigration est intense.