Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Antilles (suite)

La zone caraïbe occupe une place de choix dans le commerce mondial. Elle est le premier exportateur de sucre avec 8 Mt et le second exportateur de bananes. La Jamaïque est le premier exportateur de bauxite (25 p. 100 du trafic). La Caraïbe vend donc des matières premières et des produits agricoles, les hydrocarbures raffinés étant la seule exception notable dans la catégorie des industries de transformation avec les vêtements portoricains. Elle bénéficie de marchés préférentiels pour la plupart des produits essentiels. La France achète sucre et bananes à ses possessions caraïbes à un cours très supérieur à celui qui est fixé par la Bourse de New York sur le marché libre. Les îles anglophones bénéficient du Commonwealth Sugar Agreement, qui leur permet d’écouler à bon compte une grosse part de leur production sucrière sur le marché britannique ; les Anglais accordent également un tarif avantageux pour la banane. La production sucrière dominicaine et portoricaine est absorbée par les États-Unis dans le cadre de contrats, et Cuba a signé avec les pays socialistes un accord portant sur 5 Mt, lui assurant un prix supérieur à celui du marché libre. La conjoncture est favorable au sucre (le marché libre ne portant plus que sur 10 à 12 p. 100 de la production mondiale).

Les Antilles importent les produits fabriqués dont elles ont besoin des pays industriels, parmi lesquels les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, les pays de la Communauté européenne et l’U. R. S. S. ont une place de choix. La baisse régulière des prix des produits agricoles par rapport aux produits industriels et la croissance des besoins intérieurs pèsent lourdement sur les balances commerciales antillaises. Celles-ci sont presque toutes (sauf pour la Trinité, Curaçao et Aruba) déséquilibrées.

Les Antilles recherchent des ressources complémentaires dans le tourisme et sont devenues depuis une quinzaine d’années l’une des grandes régions touristiques du monde avec plus de 2 millions de visiteurs par an, venus surtout par avion. En plus des devises qu’elle procure (dollars surtout), cette activité entraîne la création de nombreux emplois nouveaux directs ou indirects et contribue à relancer la vie économique de certaines îles, où elle crée des paysages géographiques originaux (Porto Rico, Jamaïque, Antigua, Barbade, Bahamas, Bermudes). Elle est malheureusement très sensible à la conjoncture politique et financière internationale.


Les problèmes antillais

Les difficultés économiques et sociales permanentes des îles se sont amplifiées ces dernières années. La croissance démographique est beaucoup trop élevée par rapport à la croissance économique. Ni les industries ni le secteur tertiaire, dont le développement est artificiellement gonflé, ne peuvent absorber la main-d’œuvre excédentaire. Le chômage total est partout considérable, surtout chez les hommes de moins de vingt-cinq ans. De 15 à 25 p. 100 de la population active n’ont pas de travail, et il faut ajouter le chômage saisonnier (en particulier entre les récoltes de canne) et le sous-emploi.

Quels remèdes apporter au sous-développement antillais ? La balkanisation politique rend impossible le développement d’une économie régionale qui favoriserait l’industrialisation. Les îles anglophones ont beaucoup de difficulté à reconstituer sur le plan économique l’unité qui existait du temps de la tutelle anglaise (création de la CARIFTA [Caribbean Free Trade Area] en 1968), et entre les Grandes Antilles il n’existe pas un semblant de coopération. De leur côté, les îles françaises sont entièrement tournées vers la métropole. Dans ces conditions, la solution des problèmes antillais ne peut se concevoir que par l’intégration des îles à de grands ensembles économiques puissants, dans lesquels elles puissent faire entendre leur voix pour défendre leurs intérêts propres (prix de leurs produits agricoles et des matières premières, taux de fret). Avec plus ou moins de bonheur, c’est bien la voie qu’elles suivent actuellement. Divisées, elles seraient vouées à la misère, Haïti en offre l’exemple.

J.-C. G.

➙ Amérique latine / Amérique précolombienne / Antilles (Petites) / Bahamas / Bermudes / Cuba / Dominicaine (république) / Guadeloupe / Haïti (république d’) / Havane (La) / Jamaïque / Martinique / Porto Rico / Saint-Domingue / Trinité et Tobago.

 E. Revert, les Antilles (A. Colin, 1954). / J. Quarry, The West Indies (New York, 1956). / M. et J. Clerc, Antilles, Guyanes, circuit des Caraïbes (Hachette, 1963). / R. C. West et J. P. Angelli, Middle America, its Land and Peoples (Englewood Cliffs, N. J., 1966). / H. Blume, Die Westindischen Inseln (Brunswick, 1968). / G. Lasserre, les Amériques du Centre (P. U. F., coll. « Magellan », 1974). / R. Hollier, Antilles (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1976).

Antilles (Petites)

Ensemble des îles antillaises autres que Cuba, Haïti, la Jamaïque et Porto Rico (qui constituent les Grandes Antilles). Elles s’égrènent en forme d’arc du 10e au 20e parallèle par 50° de long. O. et se prolongent par les îles Sous-le-Vent au large des côtes du Venezuela.



Les Petites Antilles britanniques


Antigua

État associé à la Grande-Bretagne, formé des trois îles d’Antigua, de Barbuda et de Redonda.

Longtemps l’un des plus puissants bastions de la présence anglaise dans la Caraïbe, la petite île d’Antigua (241 km2) est peuplée de 69 000 habitants. Sa capitale, Saint John’s, située au fond d’une baie, rassemble 22 000 habitants. L’île a un relief varié : de vieilles montagnes volcaniques de 400 m d’altitude au sud ; des collines calcaires de 100 m de haut au nord ; une étroite plaine argileuse qui prend l’île en écharpe au centre. Les côtes sont découpées, pittoresques, avec de belles plages protégées par des récifs coralliens. C’est une île sèche et lumineuse. Elle vit de l’agriculture et surtout du tourisme. Elle ne produit plus que quelques milliers de tonnes de sucre et cultive du coton. L’agriculture, qui souffre de la sécheresse, ne peut nourrir l’île, qui doit importer la plupart des produits alimentaires. Le tourisme s’efforce de pallier l’insuffisance des ressources naturelles. Né après la Seconde Guerre mondiale, son essor est considérable (72 000 touristes en 1968). Antigua possède un excellent aéroport, situé à 4 heures de New York, et près de 900 chambres d’un bon standing, qui sont fréquentées surtout par les Nord-Américains pendant l’hiver boréal. Depuis 1967, une raffinerie de pétrole fonctionne et produit 600 000 t d’hydrocarbures raffinés, destinés au marché caraïbe. Le tourisme et les activités annexes ont permis d’élever le niveau de vie, mais les revenus restent cependant modestes (à peine 300 dollars par personne et par an), et l’émigration est forte.

Barbuda n’est qu’un banc corallien de 160 km2, sur lequel vivent 1 200 habitants. Redonda est un volcan inhabité.