Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Antilles (suite)

Autour de ce régime type, on peut distinguer des variantes régionales. Les îles les plus proches de l’équateur sont plus chaudes que Cuba par exemple, où des descentes d’air froid d’origine nord-américaine (Nortes) se ressentent quelquefois l’hiver et où les contrastes thermiques sont alors plus marqués. Les dépressions, les côtes abritées et les petites îles basses sont souvent plus chaudes que les plaines ouvertes. Toutefois, l’un des phénomènes les plus importants pour la vie humaine est la décroissance de la température avec l’altitude. On estime qu’elle s’abaisse de 0,6 °C par 100 m en moyenne ; les hauteurs à partir de 150 à 200 m sont recherchées pour l’habitat, surtout si elles sont bien exposées à l’alizé, le vent dominant qui souffle de l’est. Dans les montagnes élevées, on rencontre des climats tropicaux d’altitude frais et toniques avec la même régularité thermique.

Les Antilles sont en général humides. La moiteur de l’air et la nébulosité sont un des traits marquants du climat, et elles ne le rendent pas toujours agréable à l’organisme, qui éprouve souvent la sensation d’étuve surtout pendant l’« hivernage », période pluvieuse au cours de laquelle l’alizé est peu actif. Les hauteurs d’eau varient beaucoup en fonction de l’exposition à l’alizé, de la situation en altitude ou de l’étendue de l’île. Les reliefs exposés à l’est sont les plus arrosés (près de 6 m d’eau vers 1 000 m) ; les plaines et les bas plateaux, qui sont bien ventilés, reçoivent de 1 500 mm à 2 000 mm d’eau par an, ce qui est très suffisant pour l’agriculture ; par contre, les régions abritées (côtes sous le vent, dépressions intérieures), les côtes basses ou les petites îles souffrent de la sécheresse en recevant moins de 900 mm d’eau. Le régime pluviométrique présente un contraste atténué entre une saison pluvieuse qui dure de juin à décembre et une saison sèche pendant l’hiver boréal. Sauf dans les régions très abritées, la saison sèche, ou « carême », n’est pas complètement exempte de précipitations. Entre janvier et juin, il tombe entre le tiers et le quart des précipitations, ce qui n’est pas négligeable pour la végétation. Les mers, chaudes, entretiennent en effet constamment une forte évaporation, qui entraîne la formation de systèmes nuageux même en saison sèche ; s’ils sont poussés par l’alizé, ces nuages apportent des pluies sur les îles. Le caractère maritime du climat se fait donc surtout sentir pendant une saison qui, dans les régions tropicales continentales, connaît une sévère sécheresse. Dans les Antilles proches du tropique (surtout les Grandes Antilles), le régime pluviométrique est, toutefois, plus contrasté que dans les îles méridionales (Trinité et les autres Petites Antilles montagneuses), où il s’apparente aux régimes équatoriaux.

Dans l’ensemble, le climat est très favorable à l’agriculture ; il permet une croissance presque constante des plantes, et seules les parties très abritées doivent être irriguées (vallée de l’Artibonite à Haïti).

Malheureusement, les Antilles sont trop souvent ravagées par les cyclones. Cet aléa climatique pèse lourdement sur l’économie, et chaque île (sauf la Trinité, située trop au sud) a connu au moins un cyclone qui l’a ravagée et ruinée. Les cyclones sont de profondes dépressions très localisées, qui se forment entre juin et début décembre, au moment où l’atmosphère est très instable. Ils se déplacent de l’est vers le nord-ouest, dans le sens de la circulation atmosphérique générale qui intéresse cette région, à une vitesse d’environ 10 km/h. Ils se manifestent par des vents très violents (plus de 200 km/h), des pluies torrentielles (200 mm) et s’accompagnent d’un raz-de-marée et même d’un léger séisme. Le phénomène ne dure que quelques heures en général. Imprévisibles autrefois et, à ce titre, justement redoutés, les cyclones sont maintenant détectés par des observations aériennes (avions et satellites) faites, dans le cadre de l’Organisation météorologique mondiale, par le Weather Bureau de Washington et ses annexes caraïbes. À défaut de sauver les récoltes, les populations peuvent au moins se mettre à l’abri.


La végétation naturelle et les sols

La forêt est l’association végétale la plus répandue à l’état naturel. Il faut distinguer la forêt dense de type équatorial, aux essences très mélangées, à lianes et à épiphytes, qui pousse dans les régions humides, de la forêt claire, formée d’acacias et de poiriers-pays, qui croît là où il tombe moins de 1 500 mm. La savane, souvent étendue dans les Grandes Antilles, est surtout d’origine anthropique ; elle a remplacé la forêt claire pour servir de terrain de parcours à l’élevage extensif. Dans les régions les plus sèches croissent des formations xérophiles (halliers à épineux touffus et même des cactées). La mangrove à palétuviers colonise les côtes envasées, alors que les plages et les côtes rocheuses et calcaires sont occupées par les raisiniers aux larges feuilles. Sur les sommets battus des vents se développent une forêt naine et des savanes piquetées de fleurs. Mais de nombreuses essences utiles ou sauvages ont été introduites, et la plupart des plantes tropicales typiques que l’on rencontre sont allogènes : arbre à pain, cocotier, flamboyant, canne à sucre, agrumes, etc.

La fertilité des sols antillais est bien connue. On trouve là aussi une très grande diversité. Les sols volcaniques, que l’on rencontre surtout dans les Petites Antilles, sont les plus riches. Ils conviennent particulièrement aux bananiers, aux caféiers et aux cacaoyers. Les sols argilo-calcaires profonds sont les plus étendus et portent la canne à sucre. Il y a aussi de bons sols alluviaux de vallée ou de littoral propices aux cultures délicates (légumes et fruits). Cependant, pour peu qu’ils se trouvent sur des versants déboisés, ces sols deviennent très fragiles, compte tenu de la forte pluviosité.

L’ensemble des conditions naturelles rend facile l’établissement des hommes et donne une vocation agricole indiscutable aux Antilles.