Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Maquereau

Poisson téléostéen marin de l’ordre des Perciformes, de grande importance économique et qui effectue des migrations locales le menant des eaux profondes du large vers les eaux côtières, plus chaudes.



Les Scombroïdes

Le Maquereau commun (Scomber scombrus) peut être pris comme type de la famille des Scombridés, et comme archétype du sous-ordre des Scombroïdes, auquel appartiennent aussi les Thons*. Ce sont des Poissons chez lesquels tout concourt à l’acquisition d’une vitesse de nage élevée : forme hydrodynamique du corps, renforcement de la colonne vertébrale, allongement et échancrure de la caudale, effacement des nageoires paires et de la dorsale épineuse dans des dépressions cutanées, allongement de la tête en un rostre, réduction de taille des écailles, qui redeviennent cycloïdes et peuvent disparaître en tout ou en partie. Toutes ces modifications morphologiques sont liées à un mode de vie pélagique permanent, y compris au moment de la reproduction.


Le Maquereau

Les Maquereaux ne possèdent pas tous ces caractéristiques hydrodynamiques. Le corps est fuselé, mais reste légèrement comprimé latéralement, alors qu’il acquiert une forme de torpille chez les Thons. La seconde dorsale et l’anale, situées en regard, sont suivies de pinnules et assurent la stabilisation de la nage ; la caudale est fortement fourchue, mais n’a pas encore la forme en croissant des grands nageurs pélagiques ; les écailles sont petites ou absentes. Le rostre est court, la bouche large et munie de petites dents. Le Maquereau commun a une coloration ventrale claire, dorsale d’un bleu-vert marqué de bandes et de taches noires. Sa taille maximale ne dépasse guère une cinquantaine de centimètres pour un poids de 1 500 g environ. Très proche du Maquereau commun, le Maquereau espagnol (Scomber japonicus) s’en distingue par un nombre moindre d’épines dorsales et le dessin plus complexe de ses bandes dorsales noires. Tous deux habitent les eaux côtières atlantiques, de la Norvège au Maroc et du Labrador à la Floride. Il existe des espèces à répartition géographique analogue, d’une part dans le Pacifique Nord, d’autre part dans la zone indo-australienne.

À l’inverse des Thons, les Maquereaux n’effectuent pas de grandes migrations. Leurs déplacements sont analogues à ceux des Sardines* ; ils se contentent de suivre vers les côtes les eaux transgressives plus chaudes. La reproduction a lieu en été, mais les œufs pondus sont pélagiques, de même que les larves qui en éclosent. Les Maquereaux se nourrissent de Sardines et de Crustacés planctoniques. Pendant l’hiver, leurs migrations alimentaires les mènent dans des eaux plus profondes.


Espèces voisines ou associées

Les mers chaudes abritent d’autres espèces de Scombridés, de plus grande taille et aux migrations plus étendues, comme le « Roi des Maquereaux » (Scomberomorus cavalla) ou Acanthocybium solandri, présentes dans les mers tropicales du monde entier et qui peuvent atteindre 1,50 m et peser jusqu’à 50 kg. Ces gros Poissons vivent en bancs qui pourchassent Harengs, Sardines, Seiches et Poissons volants.

On range au voisinage des Maquereaux et des Thons trois familles de Poissons des mers chaudes et tempérées qui atteignent des tailles record. Les Istiophoridés, ou Voiliers, au rostre allongé, à la première dorsale de grande taille, se nourrissent de Maquereaux. L’espèce du Pacifique, Istiophorus orientalis, atteint 3 m et pèse jusqu’à 100 kg. Elle donne lieu à une pêche sportive spectaculaire. Les Makairidés, ou Marlins, dépourvus de pelviennes, atteignent 4 à 5 m de long. Les Xiphiidés, ou Espadons, ont le rostre aplati dorso-ventralement. Ils mesurent jusqu’à 5 m (dont le tiers pour le rostre) et pèsent plus de 400 kg. Leur chair est appréciée, mais leur pêche est dangereuse, car leurs coups de rostre peuvent mettre en pièces les embarcations légères.

On rapproche souvent des Maquereaux les Saurels, ou Chinchards (famille des Carangidés). Ils en diffèrent d’un point de vue systématique (ils appartiennent au sous-ordre des Percoïdes) [v. Perche], mais s’en rapprochent par leur biologie, notamment en ce qui concerne la vie pélagique et les migrations. On associe souvent ces deux familles dans les statistiques des pêches.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).

Marat (Jean-Paul)

Homme politique français (Boudry, canton de Neuchâtel, 1743 - Paris 1793).


À plusieurs reprises pendant sa jeunesse, Marat a vainement cherché à se faire naturaliser anglais, espagnol ou prussien, avant de se donner définitivement le titre de citoyen français. Le futur révolutionnaire est, en effet, un apatride. Son père, Sarde d’origine espagnole et dont le vrai nom s’écrivait Mara (le « t » sera ajouté plus tard), avait émigré à Boudry, canton de Neuchâtel, et s’y était marié.

Après de bonnes études à Neuchâtel, l’adolescent gagne vers 1760 Bordeaux, où il devient précepteur des enfants d’un riche armateur. Deux ans plus tard, on le retrouve à Paris, où il entreprend des études de médecin vétérinaire. Il s’instruit, lit beaucoup, en particulier Montesquieu et le « sublime Rousseau ». Passé en Grande-Bretagne (1765), il continue ses travaux à Londres, puis à Newcastle. Il visite les prisons, les asiles, les bouges des grandes villes et s’initie également dans les clubs à la politique. En divers écrits, notamment An Essay on the Human Soul (1772), qui deviendra A Philosophical Essay on Man (1773), et surtout The Chains of Slavery (1774), il développe ses idées sur les malheurs des pauvres, l’insolence des riches, le despotisme de l’État et de la religion ; il préconise la limitation des biens privés et proclame le droit à la révolte. Marx estimera ces traités.


Le docteur Marat

Après des séjours en Écosse (où il acquiert en 1775 un diplôme de docteur en médecine à l’université de Saint Andrews) et dans les Provinces-Unies, le voyageur regagne Paris. Le « docteur Marat » passe alors pour un célèbre praticien anglais. Sa renommée grandit. Grâce à l’appui d’une certaine marquise de Laubespine, qu’il a soignée et guérie, il devient médecin des gardes du corps du comte d’Artois (1777) : bien payé, bien vêtu, il est logé dans un bel hôtel de la rue de Bourgogne. Il s’intéresse toujours à tout ce qui touche les sciences, plus spécialement l’électricité et le magnétisme.