mandéisme (suite)
On s’accorde aujourd’hui à penser que les origines du mandéisme sont palestiniennes. Le Ginzâ, écrit en araméen oriental, contient de nombreuses traces d’araméen occidental. L’importance de l’eau du Jourdain, le rôle de Jérusalem, lieu de la création d’Adam et du combat ultime entre la lumière et les ténèbres, le titre de nazir pour qualifier les vrais fidèles manifestent les origines juives de la secte. À partir de là, on comprend que la personne de Jean-Baptiste ait pu avoir un profond rayonnement dans la secte.
Mais le rapport entre le mandéisme et le baptisme de Jean est-il original ou tardif ? Et quel rapport a-t-il pu y avoir entre le mandéisme et le christianisme ? Cette question est d’autant plus délicate que les écrits mandéens contiennent un certain nombre des données très proches de celles qui se rencontrent dans le Nouveau Testament. Certaines d’entre elles sont certainement des emprunts. Si l’on tient compte de caractère très antijuif et antichrétien de la secte, ces emprunts sont nécessairement très anciens. La doctrine du mandéisme a pu se constituer à la fin du ier s. ou au début du iie s. apr. J.-C. Mais d’autres données peuvent provenir de plus loin et avoir constitué un bien commun au mandéisme et au christianisme, de sorte qu’on ne peut comprendre leurs rapports que si l’on se souvient que ces deux mouvements plongent l’un et l’autre dans un profond mouvement baptiste issu du judaïsme, dont l’elkasaïsme constitua une troisième variante. Les disciples de Jean-Baptiste furent eux-mêmes l’un de ces groupes baptistes juifs. Il est donc peu vraisemblable que le christianisme ait emprunté au mandéisme. Mais il est fort probable que l’un et l’autre ont suivi des cheminements analogues par rapport au baptisme primitif, grâce auquel ils s’enracinent dans la tradition juive.
B.-D. D.
M. Lidzbarski, Das Johannesbuch der Mandäer (Giessen, 1915) ; Mandäische Liturgien (Berlin, 1920) ; Ginzâ, der Schatz oder das grosse Buch der Mandäer (Göttingen, 1925). / R. Stahl, les Mandéens et les origines chrétiennes (Rieder, 1930). / E.-S. Drower-Stevens, The Mandaeans of Iraq and Iran (Oxford, 1937 ; rééd., Leyde, 1970). / E. Segelberg, Masbūtā. Studies in the Ritual of the Mandaean Baptism (Uppsala, 1958). / K. Rudolph, Die Mandäer (Göttingen, 1960-1962 ; 2 vol.). / E. M. Yanauchi, Gnostic Ethics and Mandaean Origins (Londres, 1970). / J. K. West, Mandaean Origins (Cambridge, Mass., 1970).