Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malawi (suite)

La population et l’économie

La population avoisine 5 millions d’habitants grâce à un taux de croissance proche de 3 p. 100 par an. Les minorités étrangères sont peu nombreuses (7 000 Européens et 11 000 Asiatiques, surtout Indiens, en 1966). La densité moyenne dépasse 50 habitants par kilomètre carré de terre ferme, mais de vastes zones comptent moins de 4 habitants au kilomètre carré, surtout dans le Nord-Ouest, tandis que, dans le Sud, on trouve souvent plus de 70 habitants au kilomètre carré et même localement 300 (pays de Cholo). Les groupes ethniques appartiennent à l’ensemble des peuples bantous ; ils ont subi longtemps les razzias des chasseurs d’esclaves yaos.

L’économie reste surtout agricole. Les produits vivriers (maïs [base de l’alimentation], sorghos, patates, arachides et en second lieu manioc) sont obtenus sur des brûlis. Le riz vient bien dans les zones basses inondables (rives nord-ouest, Malawi méridional). L’élevage n’est que fort peu associé à l’agriculture : on compte 600 000 caprins et 450 000 bovins, dont 90 p. 100 dans le Centre et le Nord, où ils bénéficient, en saison sèche, de l’herbe des dépressions humides (dembos). Introduites par les Européens, les cultures commerciales ont été adoptées par les autochtones, encadrés par des organismes officiels. Les plus importantes sont celles du thé (Cholo et Mlanje surtout ; 15 000 ha pour 16 500 t) et du tabac, dans le Centre et le Sud (16 000 t). Les arachides permettent une forte exportation (50 000 t). Le coton est cultivé depuis 1960 dans la basse Shire et les plaines littorales (10 000 t). S’y ajoutent les plantations de tung (Sud et plateau de Vipya) et de canne à sucre (sud-ouest de Cholo). Les lacs fournissent 20 000 t de poisson ; une reforestation est activement menée avec des résineux et des eucalyptus.

La production minérale est réduite : pierre à bâtir et à chaux ; des gisements de bauxite et de graphite sont connus. L’industrialisation est en net progrès, mais reste modeste : travail du coton (égrenage, tissus, vêtements), du thé, du tabac ; huileries, savonneries, sucrerie, scieries, cimenterie ; 24,5 p. 100 des travailleurs sont dans le secteur secondaire, mais 125 000 personnes émigrent temporairement en Zambie et en Rhodésie. L’énergie est fournie par deux barrages hydro-électriques et des centrales thermiques. Le Malawi vend ses produits agricoles et importe biens d’équipement, machines, produits alimentaires. La balance commerciale est déficitaire. La Grande-Bretagne demeure de loin le premier client et fournisseur. Le trafic extérieur doit passer par les ports du Mozambique (Beira et Nacala), atteints par le rail.

L’ancienne capitale, Zomba, ne compte que 20 000 habitants. Elle a été remplacée par Lilongwe (plus centrale). Mais la principale agglomération est la ville double de Blantyre-Limbe, centre commercial et ferroviaire de 110 000 habitants.

P. V.

 F. Debenham, Nyasaland, the Land of the Lake (Londres, 1955). / P. Brown et A. Young, The Physical Environment of Northern Nyasaland (Lusaka, 1962) ; The Physical Environment of Central Malawi (Lusaka, 1965). / G. Jones, Britain and Nyasaland (Londres, 1964). / J. G. Pike et G. T. Rimington, Malawi. A Geographical Study (Londres, 1965). / J. G. Pike, Malawi. A Political and Economic History (Londres, 1968).

Malaysia

État de l’Asie du Sud-Est ; 330 000 km2 ; 11 900 000 hab. Capit. Kuala Lumpur.


La Malaysia, créée pour des raisons politiques, n’a pas d’unité géographique et groupe deux ensembles très inégalement peuplés : la péninsule Malaise, ou Malaysia occidentale (131 000 km2 et 9 140 000 hab.) ; Sarawak et Sabah (parties de Bornéo*), ou Malaysia orientale (env. 200 000 km2 et 1 650 000 hab.). Ces deux parties de la Malaysia n’ont comme caractère commun qu’un climat équatorial, constamment chaud et humide et, en conséquence, une végétation très dense, forêt sempervirente et mangrove.

La péninsule malaise, l’île de Singapour, le nord de Bornéo sont restés longtemps à peu près vides. Les autochtones de Malaisie, Négritos, Sakaïs (de langue môn-khmer) et Jakuns (Proto-Malais), étaient très peu nombreux et très primitifs ; ils vivent encore de chasse et de cueillette pour les premiers, de cultures sur brûlis pour les seconds. Les Malais sont venus d’Insulinde, de Sumatra notamment, à partir des viie et viiie s. Les Malais proprement dits, ou « Deutéro-Malais », ont été indianisés ou islamisés. En 1937, ils ne représentaient encore que 42,2 p. 100 de la population, et la moitié d’entre eux étaient nés hors de la péninsule : ils ont été presque majoritaires pour la première fois en 1957. Les Chinois, apparus sans doute dès le xvie s., plus nombreux jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, forment encore 30 p. 100 de la population. Les Indiens, surtout Tamouls, en constituent près de 10 p. 100.

Le nord de Bornéo (Sarawak et Sabah), autrefois sous protectorat britannique, a une faible population indigène de « Proto-Malais » se rattachant au groupe Dayak, mais les Chinois représentent environ le tiers des habitants. Les Proto-Malais parlent des langues malayo-polynésiennes, mais n’ont été ni indianisés ni islamisés.

La formation de la Malaysia a eu pour résultat de donner la prépondérance numérique aux populations de langues malaises (Proto-Malais et Deutéro-Malais), qui se considèrent comme les véritables nationaux et bénéficient de privilèges prévus par la constitution de la fédération.


La Malaisie


Le milieu

La péninsule Malaise s’étend sur 750 km de long et 360 km de large. Le relief est accidenté, avec des altitudes diminuant vers le sud ; finalement, l’ensemble est peu élevé (moins de 15 p. 100 de la superficie dépassent 600 m). Huit chaînes de direction méridienne sont disposées en échelons décalés d’ouest en est vers le sud : la principale (la cinquième) est la Main Range, qui culmine au Gunung Korbu (2 185 m), s’abaissant rarement au-dessous de 1 000 m. Plus à l’est, la chaîne du Benom, qui se prolonge au sud par des collines isolées, constitue avec les deux chaînes les plus orientales (chaîne du Tahan et East Coast Range) l’ensemble appelé « Trengganu Highlands », difficilement pénétrable. Ces chaînes présentent le plus souvent des sommets lourds, mais des flancs abrupts ; elles sont séparées par d’amples dépressions parsemées de buttes disproportionnées par rapport aux rivières actuelles. Celles-ci, lentes et sinueuses, dessinent un réseau quadrillé avec de nombreux coudes à angle droit. La relative variété des roches permet de distinguer des paysages divers : lourds sommets granitiques, arêtes plus vigoureuses des quartzites et des grauwackes triasiques, et surtout karsts à pitons des calcaires ouralo-permiens, dédales de « hums », percés de grottes, notamment à la frontière thaïlandaise et dans la région d’Ipoh.