Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

antibiotiques (suite)

L’antibiogramme est un moyen d’appréciation de la sensibilité des germes aux antibiotiques. Il n’est pas nécessaire dans tous les cas d’infection, surtout lorsque cette sensibilité est connue ; il est indispensable lorsque l’infection est sévère. Pour le réaliser, on utilise des disques de papier imprégnés d’une quantité connue d’antibiotiques, que l’on place sur la culture du germe. Autour de ces disques, on observe des zones d’inhibition dont le diamètre est d’autant plus grand que la souche est plus sensible à l’antibiotique. Une souche est sensible lorsqu’elle est inhibée par un traitement à doses habituelles. Une souche résistante ne sera probablement pas atteinte par de telles doses. Une souche intermédiaire peut être atteinte si l’on augmente les doses. La connaissance du diamètre d’inhibition permet, grâce à des courbes de concordance, de classer les germes en germes sensibles, germes résistants et germes intermédiaires. Ce procédé permet de choisir un antibiotique.

Il faut tenir compte également du siège de l’infection et du métabolisme de l’antibiotique. Ainsi, dans les méningites purulentes est-il nécessaire d’utiliser des antibiotiques passant dans les méninges à concentrations suffisantes.

Il est également nécessaire, dans certains cas, de doser les antibiotiques dans le sérum ou d’autres humeurs afin de vérifier que leur concentration est suffisamment élevée pour détruire les germes, en tenant compte du fait qu’une partie de l’antibiotique est inactive. Mais il est pratiquement impossible de connaître les taux d’antibiotiques au niveau tissulaire. Tous ces phénomènes montrent la difficulté qu’il y a à savoir si l’antibiotique est actif chez le malade. Cela a peu d’importance lorsque l’organisme peut éliminer les Bactéries. Dans les infections sévères (septicémies), il faut tuer les germes, en limitant les risques d’apparition de résistants. C’est souligner l’intérêt d’associer deux antibiotiques.

Les associations d’antibiotiques ont plusieurs buts : devant une affection grave, deux antibiotiques n’agissant pas sur les mêmes germes ont une action plus large, qui permet d’attendre de connaître le germe responsable. L’association prévient l’apparition de mutants résistants. Elle recherche un effet synergique ; les deux antibiotiques agissent sur les germes à des concentrations moindres que lors de leur utilisation séparée.


Étude des associations d’antibiotiques

On peut utiliser la diffusion des antibiotiques à partir de bandes de papier imprégnées d’antibiotiques et placées sur une culture de germes. Cette méthode met en évidence l’indifférence, la synergie ou l’antagonisme de deux antibiotiques.

Il est possible de compter les germes qui survivent après contact avec l’un des antibiotiques ou avec les deux associés. Cette étude du pouvoir bactéricide des antibiotiques repose sur le calcul du pourcentage des survivants. Ce test permet de choisir l’association détruisant le maximum de germes, ce qui diminue le risque de résistance.


L’antibiothérapie

C’est la thérapeutique anti-infectieuse par les antibiotiques. Elle doit être réservée aux maladies sérieuses, en raison du risque de développement de souches résistantes, de la modification de la flore naturelle, avec apparition d’une pathologie liée à des germes rares. Dans les infections de gravité moyenne, dues à un germe dont la sensibilité varie peu, l’antibiogramme n’est pas toujours nécessaire, et un antibiotique suffit généralement ; l’organisme détruit les Bactéries que l’antibiotique empêche de se multiplier. Dans les infections très graves (septicémies par exemple), il faut tuer les germes en évitant les risques de résistance. Pour cela, il faut utiliser une association d’antibiotiques suggérée par les résultats de l’antibiogramme. Il faut contrôler son action bactéricide. Ce traitement est parfois inefficace. Il est nécessaire de vérifier la bonne diffusion des antibiotiques en dosant leur concentration dans le sérum. Il est également possible de tester l’effet du sérum sur les germes de l’organisme malade. Enfin, il est indispensable de contrôler la sensibilité du germe au cours du traitement.

Dans ces conditions, la persistance du syndrome infectieux, si le traitement est bien conduit, signifie qu’il existe un foyer où ne pénètrent pas les antibiotiques (abcès*) et sur lequel il faut intervenir.

Enfin, la surveillance permet d’éviter les accidents du traitement. Les antibiotiques sont irremplaçables. Ils doivent être maniés avec prudence et de façon judicieuse : le traitement antibiotique ne peut être entrepris que sous surveillance médicale. Le traitement antituberculeux réclame des précautions particulières en raison de la fréquence croissante des bacilles d’emblée résistants, dans un pourcentage variable, aux diverses concentrations de chaque antibiotique. Il est donc fondamental d’étudier la sensibilité du germe pour que le traitement soit adopté au cas particulier de chaque malade.

P. V.


Préparation des antibiotiques

La préparation des antibiotiques est fondée sur l’expérience princeps de Fleming, qui obtint un antibiotique, la pénicilline, à partir des produits du métabolisme d’un Champignon microscopique (une moisissure) sur un milieu de culture. Ce mode fortuit de la préparation du premier antibiotique a pu constituer le schéma d’une fabrication que les exigences de la thérapeutique devaient rapidement conduire du laboratoire de recherche à la production industrielle. En fait, la préparation des divers antibiotiques, calquée sur celle de la pénicilline, comprend donc trois phases principales : 1o la préparation et la conservation de la souche du micro-organisme producteur d’antibiotique ; 2o sa culture ; 3o l’extraction de l’antibiotique des produits de son métabolisme.


Souche

Elle est constituée par un micro-organisme — en général Champignon, mais parfois Bactérie —, identifié à une espèce bien déterminée ; c’est le plus souvent une variété propre au meilleur rendement, obtenue à partir des milieux les plus divers (la terre par exemple), convenablement purifiée et mutée, conservée à l’abri de toute contamination.