Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mahābalipuram ou Mahāvalipuram (suite)

Compte non tenu de rares fondations, inachevées, de la période de Vijayanagar (xve-xvie s.), l’art de Mahābalipuram, essentiellement rupestre (sanctuaires excavés, temples et sculptures monolithes, reliefs pariétaux), apparaît comme particulièrement homogène. Trois styles pallava sont généralement distingués, correspondant à trois périodes successives d’activité. Le premier (règne de Mahendravarman Ier [600-630]) est le plus sobre. Le deuxième (Narasiṃhavarman Ier [630-668]), le plus abondamment représenté, marque l’épanouissement, la maturité de l’école. Le dernier (règnes de Narasiṃhavarman II Rājasiṃha [v. 700-728] et de ses successeurs) introduit, avec les premiers temples maçonnés, un art plus ornemental, des figures plus graciles et mouvementées. D’une manière générale, on retiendra la variété des types architecturaux, les dimensions modestes des sanctuaires, la qualité et la distinction de la sculpture. Reliefs et rondes-bosses témoignent tous d’un art consommé, d’une parfaite technique, d’un sens très sûr de la composition. La beauté classique des figures humaines, les gestes mesurés évoquent un monde divin accueillant, tandis que les animaux sculptés (singes, éléphants...) révèlent une qualité d’observation, une connaissance de la nature qui n’excluent pas plus la verve créatrice (« Descente du Gange ») que le sens du fantastique (cave du Tigre, à 5 km au nord du village).


Les principaux monuments

Les célèbres Cinq monolithes (les ratha, sanscr., proprem. les « chars »), du groupe sud, sont de petits sanctuaires sculptés dans la roche. Sobrement ornés, ils offrent la particularité de présenter des plans et des types de toitures tous différents. Sur la colline centrale, quelques édifices maçonnés et divers monolithes (Gaṇeśa-ratha ; groupes d’animaux d’un réalisme sensible : familles d’éléphants, de singes) voisinent avec onze sanctuaires excavés de dimensions modestes. Si certains sont inachevés, la plupart renferment des reliefs souvent remarquables, qui non seulement prennent place parmi les œuvres majeures de la sculpture indienne, mais méritent de figurer parmi les chefs-d’œuvre de l’art mondial (cave I : images de Mahendravarman et de ses épouses ; cave II : Viṣṇu couché sur Ananta ; cave IV : Kriṣṇa soulevant le mont Govardhana ; cave VI : Viṣṇu dans l’avatāra du sanglier...). Aucune de ces sculptures ne peut, cependant, soutenir la comparaison, tant pour l’ampleur que pour la richesse de la composition, avec le grand relief identifié « Pénitence d’Arjuna » ou, plus volontiers, « Descente du Gange ». Haut-relief d’un équilibre tout classique, développé sur plus de 25 m de longueur et de 7 m de hauteur sur l’escarpement oriental de la colline, ordonné de part et d’autre d’une faille naturelle où bondit une cascade, utilisant au mieux les contours de la roche, c’est l’œuvre maîtresse de la sculpture pallava. À l’est, aujourd’hui directement au contact de la mer, le temple du Rivage est une fondation du règne de Rājasiṃha dont la composition et la construction annoncent les grands temples de Kāñcīpuram (auj. Kānchīpuram ou Conjeeveram) [Kailāsanātha, Vaikuṇṭha Perumāl].

C’est, sans doute, d’abord à l’importance du port disparu de Mahābalipuram que l’école pallava, dont les rapports avec l’art cinghalais s’expliquent historiquement, doit d’avoir exercé une influence sensible sur l’art contemporain de l’Asie du Sud-Est.

J. B.

➙ Ceylan / Inde.

 G. Jouveau-Dubreuil, les Pallavas (Paris et Pondichéry, 1916). / C. Sivaramamurti, Mahābalipuram (Delhi, 1955).

Mahārāshtra

État de l’Inde ; 307 500 km2 ; 50 millions d’hab. Capit. Bombay*.


Le Mahārāshtra est une puissante unité culturelle et historique, qui s’exprime avant tout par la prédominances des Marathes*, groupe de castes, qui pratiquent la langue marathe, apparentée aux langues indo-européennes du nord de l’Inde.

Les Marathes se sont donné une organisation politique, qui s’est affirmée notamment entre le xve et le xviiie s., et qui n’a été réduite définitivement par les Britanniques qu’en 1819.

À ces facteurs d’unité qui viennent de l’histoire du peuplement s’est ajoutée une homogénéité physique, puisqu’une grande partie du Mahārāshtra est constituée par un plateau de laves du Crétacé et de l’Éocène. D’autre part, Bombay domine largement cette région, du point de vue administratif (l’essentiel de la région a fait partie, depuis le début du xixe s., de la présidence de Bombay) et aussi du point de vue économique. Il s’est noué entre la ville et sa région une série d’interactions, résumées dans le tableau. Le Gujerat* a aussi été intéressé par ces liens économiques, dont la vigueur a conduit, après l’indépendance, à tenter l’expérience d’un État bilingue marāṭhī-gujarātī, à laquelle il a fallu renoncer en 1960 : les différences linguistiques et culturelles l’ont emporté.


Le plateau marathe et ses régions

Un immense plateau de laves, bordé à l’ouest par l’escarpement des Ghāts occidentaux, est la terre marathe par excellence. Il est caractérisé par des reliefs tabulaires et disséqué par un réseau de vallées est-ouest, se dirigeant vers le lointain golfe du Bengale. Les laves décomposées portent des sols noirs, ou « régurs », qui constituent de bonnes terres à coton. Le climat est assez sec (de 600 à 1 000 mm de pluies), et la céréale dominante est le jowar, qui constitue avec le coton la base du système agricole.

Le plateau s’organise en une double trame de bandes nord-sud et est-ouest. Les bandes nord-sud résultent de la différenciation climatique et structurale. De l’ouest vers l’est, on rencontre successivement : une bande humide et fraîche, assez disséquée, juste en arrière de l’escarpement des Ghāts ; une bande sèche, où des régions assez étendues reçoivent de 600 à 700 mm de pluies, parfois même moins de 600 ; une région orientale, où la pluviosité augmente de nouveau, à mesure qu’on se rapproche des régions humides du nord-est de la péninsule ; tout à l’est, les laves disparaissent, et le socle archéen fait sa réapparition ; un relief ondulé remplace les plateaux de laves tabulaires. La trame est-ouest est due à l’orientation du réseau hydrographique. Chaque bassin fluvial a sa personnalité physique et humaine. Dans chacun d’eux, on rencontre une série de bas glacis couverts de terre noire, encadrant la plaine alluviale des rivières. Ces surfaces basses contrastent avec les interfluves à sommets plats et les pentes en gradins, où subsiste en général une brousse assez médiocre, domaine de peuples pasteurs. La combinaison de ces deux trames a permis la formation d’un certain nombre de « pays », unités régionales bien enracinées dans le passé.

Tout à l’est, le Vidharba (capitale Nāgpur) diffère nettement du reste du plateau. Le socle gneissique y fait sa réapparition, et la pluviosité est élevée (plus de 1 000 mm). Cette région a une topographie arrondie, et le riz en culture d’été domine le système agricole. L’intégration de cette région lointaine pose quelques problèmes.