Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anthropologie physique (suite)

 M. F. Ashley-Montagu, An Introduction to Physical Anthropology (Springfield, Illinois, 1945 ; 3e éd., 1960). / J. Millot, Biologie des races humaines (A. Colin, 1952). / R. Martin et K. Saller, Lehrbuch der Anthropologie in systematischer Darstellung (Stuttgart, 1956-1964 ; 3 vol.). / J. Comas Camps, Manual de antropologia fisica (Mexico, 1957 ; 2e éd., 1966). / A. E. Mourant et coll., The ABO Blood Groups (Comprehensive Tables and Maps of World Distribution) [Oxford, 1958]. / L. C. Dunn, Heredity and Evolution in Human Populations (Cambridge, Mass., 1959 ; 2e éd., 1967). / G. W. Lasker et coll., The Process of Ongoing Human Evolution (Détroit, 1960). / G. Olivier, Pratique anthropologique (Vigot, 1960) ; Anatomie anthropologique (Vigot, 1965). / E. Schreider, la Biométrie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 2e éd., 1967) ; la Biologie humaine (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1967). / P. Marquer, Morphologie des races humaines (A. Colin, 1967). / H. V. Vallois, « Anthropologie physique » in Ethnologie (Gallimard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1968). / M. C. Chamla, l’Anthropologie biologique (P. U. F., « Que sais-je ? », 1971).

anthropologie politique

Partie de l’anthropologie qui étudie les institutions et le fonctionnement du pouvoir politique dans les sociétés.


Les préoccupations de la recherche anthropologique dans le domaine politique datent de l’origine même de l’anthropologie. Elles s’inscrivaient dans ce projet ambitieux qui était de connaître l’homme à travers ses actes communs dans toutes les sociétés. L’analyse de chaque forme politique particulière, de l’action politique et de son institutionnalisation contribuaient à fixer les propriétés communes aux organisations politiques de l’homme et les lois de leur fonctionnement. Ce n’est que beaucoup plus récemment, à la suite de l’accumulation considérable de travaux sur les systèmes politiques, que s’est imposée la nécessité de systématisation et de délimitation d’un domaine d’étude autonome au sein de l’anthropologie sociale : l’anthropologie politique.


Essai de définition

L’anthropologie politique a pour objet l’analyse théorique comparée des différents systèmes politiques réels et possibles. Elle cherche à élaborer une théorie générale des diverses formes sociales de l’activité politique, avec l’ambition de parvenir à des lois théoriques générales. Ce sont les recherches sur le terrain, et notamment en Afrique noire, qui l’ont fait progresser depuis une quinzaine d’années, lors des processus de décolonisation et de néo-colonialisme. Le regain des recherches en anthropologie politique est parallèle au développement en anthropologie du courant dit « dynamiste ». La critique de l’anthropologie traditionnelle faite par Edmund R. Leach fait apparaître la nécessité de « réhabiliter » les faits tels que le changement. D’autre part, ce n’est pas non plus un hasard si dans la construction de l’anthropologie dynamique Georges Balandier et d’autres africanistes choisissent pour objet de démonstration le domaine du politique, qui reflète dans toutes les sociétés leur stabilité ou leur déséquilibre. L’école marxiste contribue à cette tendance générale, et y prend d’ailleurs un nouveau souffle.


Les origines de l’anthropologie politique

Ses origines remontent entre autres à Aristote (Traité du gouvernement), chez lequel se trouvent l’étude des lois du changement politique et la recherche des raisons de la disparition des États. H. Becker et H. E. Barnes (Social Thought from Lore to Science, 1961) citent la théorie de l’État-Cité de Platon, et remarquent aussi l’influence qu’a exercée Strabon sur des politicologues comme L. Gumplowicz et F. Oppenheimer, en avançant le premier la thèse qui attribue le rôle stimulant dans le développement de l’État aux conquêtes de classe des peuples nomades et à leurs victoires sur les peuples sédentaires. Les savants de l’Antiquité s’interrogent-surtout sur l’origine de l’État. Ils emploient sans distinction des notions telles que société, État, gouvernement, parce que leur pôle de référence est la « cité antique ». Pratiquement, jusqu’à saint Thomas d’Aquin et surtout jusqu’à Machiavel, on ne connaît pas de « théoriciens » allant au-delà de cette conception. C’est peut-être J. Bodin* (1530-1596) qui admet le premier que la caractéristique fondamentale n’est pas la délimitation de l’étendue de l’État, mais l’existence d’une organisation souveraine. Cette thèse lui permet d’introduire la distinction entre société, État et gouvernement.

C’est parmi les philosophes du xviiie s. que se trouvent les initiateurs de la démarche anthropologique. Montesquieu* définit les sociétés selon leurs modes de gouvernement et en dresse une classification selon des critères politiques ; il établit la notion du « despotisme oriental ». J.-J. Rousseau* renforce la nécessité du relativisme dans l’étude du politique, et peut être considéré comme un des fondateurs du courant « dynamiste » et « dialecticiste », puisqu’il reconnaît à la fois la spécificité et le déséquilibre de tout système social, le jeu contradictoire entre la « force des choses » et la « force des législations ». L’entreprise scientifique de Marx et d’Engels contient les éléments de départ pour la constitution de l’anthropologie économique et de l’anthropologie politique (la mise en évidence d’un « mode de production asiatique » et du « despotisme oriental » dans ses manifestations historiques) [v. marxisme]. Dans leur problématique anthropologique, Marx et Engels s’efforcent de suivre le processus de dissolution des communautés primitives, débouchant sur la formation des classes sociales et de l’État.

Parmi les premiers anthropologues les plus remarquables, il faut citer sir Henry Maine (Ancient Law, 1861), auteur d’une étude comparative des institutions indo-européennes, et L. Morgan* (Ancient Society, 1877). C’est encore implicitement que ceux-ci construisent la problématique de l’anthropologie politique. Ils introduisent la distinction entre les sociétés politiques (à gouvernement) et les sociétés non politiques. L’héritage de cette fausse problématique entravera sérieusement le progrès de la démarche anthropologique dans le domaine politique.