Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Magellan (Fernand de) (suite)

Magellan arrive à Séville en 1517 et se fait protéger par un Portugais passé au service de l’Espagne et devenu commandeur de l’ordre de Santiago, Duarte Barbosa (v. 1480-1521). Il peut ainsi entrer en rapport avec de hauts personnages, et en particulier avec Juan de Aranda, haut fonctionnaire très influent à la « Casa de Contratación », organisme qui traite les affaires des Indes. Finalement, Charles Ier lui accorde pour dix années l’exclusivité de la recherche qu’il préconise (22 mars 1518). La Couronne prend les frais à sa charge ; Magellan et Faleiro recevront le vingtième des revenus des terres découvertes.

Le voyage va être préparé activement, malgré les intrigues des Portugais, qui voudraient bien, maintenant, tenter de le faire remettre. Cinq navires sont confiés à Magellan, avec 265 hommes. Au dernier moment, on embarque l’Italien Antonio Pigafetta (1480 ou 1491 - v. 1534), qui sera l’historiographe de l’entreprise et l’un des rares survivants. Le représentant du roi d’Espagne est Juan de Cartagena, commandant le San Antonio et avec lequel Magellan entretiendra très vite des rapports difficiles.


Le chemin du Pacifique

Le départ de Séville a lieu le 10 août 1519. Les approvisionnements complétés, on quitte Sanlúcar derrière la Trinidad, le vaisseau amiral, le 20 septembre. Les Canaries sont atteintes le 26. Après avoir suivi la côte d’Afrique, on traverse l’Atlantique, en affrontant de mauvaises tempêtes qui allument des feux Saint-Elme à la pointe des mâts. La côte brésilienne est en vue à la fin de novembre, vers le site de Recife. Le 13 décembre, on entre dans la baie de Rio, où l’on fait un agréable séjour, puis, en janvier 1520, on pénètre dans le río de La Plata. Mais on ne trouve toujours pas le passage vers l’ouest et, le 31 mars, on doit s’arrêter pour hiverner sur la côte de Patagonie, par 49° de latitude, dans la baie de San Julián, bien au sud des latitudes auxquelles on pensait descendre. L’inquiétude de tous est grande, et Magellan doit faire face à un complot : le chef portugais n’a jamais été vraiment accepté par la majorité espagnole de ses officiers. Cartagena se rend maître de trois navires. Magellan reprend le dessus par la ruse : l’un des mutins, Luíz de Mendoza, est égorgé ; un autre, Gaspar de Quesada, est décapité. Le 24 août, Cartagena sera abandonné sur un littoral désert, avec un prêtre.

Le 18 octobre, quatre navires partent vers le sud (le cinquième s’est échoué). Dès le 21, le cap qui marque l’entrée du passage vers le Pacifique est atteint. Le 1er novembre, la petite flotte au complet entreprend de forcer ce détroit, auquel le nom du découvreur sera donné plus tard. Vingt-sept jours de navigation entre de sinistres falaises conduisant enfin à l’autre océan. Mais un second navire a disparu, le San Antonio, dont l’équipage s’est mutiné : son retour en Espagne (mai 1521) donnera les premières nouvelles de l’entreprise.


Vers les îles des épices

La navigation sur le Pacifique est sans problème. Mais l’immensité de cet océan semble ne laisser aucun espoir aux navigateurs : « Nous demeurâmes trois mois et vingt jours sans prendre vivres ni autres rafraîchissements et nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant de l’odeur d’urine que les rats avaient fait dessus après avoir mangé le bon. » Le 6 mars 1521, enfin, une île est atteinte dans l’archipel des Mariannes : ses habitants montent à bord, commettent mille petits larcins. Un raid à terre leur apportera la terreur : sept naturels de cette « île des Larrons » seront massacrés.

Après dix jours de navigation, on parvient à l’une des Philippines (16 mars) : cette fois, les rapports sont bons avec les indigènes, et Magellan entreprend dès lors leur conversion : le roi et la reine de Cebu acceptent de se faire baptiser (14 avr.), ainsi que de nombreux sujets (cependant, un village récalcitrant sera brûlé...). Il ne restera plus, tâche aisée, qu’à faire jurer aux néophytes fidélité au grand souverain d’Espagne. Mais, de ce fait, Magellan doit assurer des responsabilités dans la politique locale : un vassal rebelle règne sur la petite île voisine de Mactan. Magellan y débarque avec un commando de 59 hommes. Les insulaires contre-attaquent vivement les intrus, qui sont submergés. Le 27 avril, Magellan est atteint à la jambe. Alors, « un Indien lui jeta une lance de canne envenimée au visage qui le tua tout raide ».


El Cano

Les nouveaux alliés ne sont pas tellement invulnérables, et le roi de Cebu, réaliste, tourne casaque : il pratique aisément un petit massacre, le 1er mai. Les rescapés reprennent leur périple, abandonnant un des navires, et le Basque Juan Sébastian de El Cano († 1526) impose son autorité. Il part vers les Moluques, qui sont atteintes en novembre. Mais la Trinidad n’est bientôt plus en état de poursuivre sa navigation : il lui faudra de longues réparations, et elle sera capturée plus tard par les Portugais. À partir du 12 décembre 1521, El Cano revient sur la petite Victoria.

En mai 1522, il réussit à franchir le cap de Bonne-Espérance et parvient à Sanlúcar le 6 septembre. Le premier tour du monde a demandé presque trois années : il ne restait que dix-huit survivants.

S. L.

➙ Empire colonial espagnol / Empire colonial portugais.

 R. Baumgardt, Fernando Magellan (Berlin, 1938, trad. fr. Magellan, Denoël, 1943). / S. Zweig, Magellan, der Mann und seine Tat (Vienne, 1938, trad. fr. Magellan, Grasset, 1938, nouv. éd., Club du livre d’histoire, 1958). / E. Micard, le Premier Tour du monde (Éd. du Scorpion, 1962). / A. Pigafetta, Premier Voyage autour du monde par Magellan (mis en français moderne et commenté par L. Peillard) [U. G. E., 1963].

Maghreb (littérature arabe du)

Longtemps, le seul Orient a été considéré comme le centre et le modèle de la civilisation arabe : le Maghreb n’était qu’un parent pauvre.
Était-ce simple éloignement géographique ou bien mépris d’un pays « barbare » ?
Aujourd’hui, au contraire, est née une curiosité nouvelle, toute d’enthousiasme, reflet d’un attachement sentimental profond des Arabes orientaux à cet islām occidental méconnu, à son histoire, à sa civilisation faite de poésie et d’art, de science et de courage.