Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Madrid (suite)

À la mort de Jean Ier (1390), Henri III y est proclamé roi et, quelques années plus tard, fait édifier l’ancien palais du Pardo (1405), où il réside temporairement. Jean II et Henri IV en font un endroit de villégiature privilégié pour la cour, s’y adonnant particulièrement à la chasse. C’est pendant le règne de Jean II que s’abattent sur la ville deux terribles fléaux : les pluies torrentielles et les inondations de 1434 et la peste de 1438. Henri IV est le premier souverain à y mourir. Les Rois Catholiques y effectuent de fréquentes visites (ils rendent notamment la justice dans l’Alcázar), montrant par là l’attachement qu’ils lui portent, et le cardinal Cisneros y établit le siège de sa régence (1516).

Madrid participe, avec les provinces de Tolède, Ávila et Ségovie, au soulèvement des « comuneros » (1520) contre Charles Quint, dirigé par Juan de Padilla. À la suite de luttes acharnées, les « comuneros » s’emparent de la ville, qu’ils reperdent bientôt au profit du souverain. C’est là que ce dernier apprend la nouvelle de la victoire de Pavie (1525), remportée sur les troupes françaises, et l’on pense que c’est dans la Torre de los Lujanes que le roi de France François Ier est retenu prisonnier.


Philippe II et Madrid

Le second monarque de la maison d’Autriche, attiré par son climat et sa situation géographique au centre des États de la couronne d’Espagne, décide de fixer la Cour à Madrid en 1561, tout d’abord à titre provisoire. La ville ne devient pas officiellement la capitale, mais elle l’est en fait (sauf entre 1601 et 1606, période pendant laquelle Philippe II s’installe à Valladolid), puisque la Cour y réside en permanence. Sa population s’accroît considérablement et Madrid acquiert une telle importance qu’il devient indispensable de procéder à toute une série de travaux d’urbanisation. Les corporations de marchands prospèrent et on voit progressivement affluer les revenus de l’aristocratie foncière et l’argent des colonies américaines. Par contre, les activités artisanales et manufacturières progressent très peu. À partir de 1570, les Cortes du royaume s’y réunissent presque sans interruption.

Philippe III est le premier souverain né dans la capitale. L’établissement définitif de la Cour, des organes politiques et de l’administration en fait rapidement le centre principal des lettres et des arts.


Les premiers Bourbons

Au cours de la guerre de succession qui divise l’Espagne à la mort de Charles II (1700) — roi débile, dépassé par les événements — dernier représentant de la maison d’Autriche, la capitale prend le parti du futur Philippe V. Elle est occupée alternativement par les deux prétendants jusqu’en 1713, année où le premier Bourbon l’emporte définitivement. Ce dernier applique une politique centraliste qui lui est favorable : création d’un réseau routier dont Madrid est le centre, encouragement apporté à l’économie et améliorations dans le domaine de l’aménagement.

Les successeurs de Philippe V (Ferdinand VI, Charles III et Charles IV) consacrent tous leurs efforts à l’assainissement et à l’embellissement de la ville. À l’instar de leur prédécesseur, qui a créé en 1714 l’Académie royale de la langue, ils fondent plusieurs institutions de type culturel.


La capitale de l’Espagne au xixe et au xxe siècle

Le 2 mai 1808, le peuple de Madrid descend dans la rue pour se battre contre les troupes napoléoniennes, C’est le début de la guerre d’Indépendance. En dehors de quelques courtes interruptions, la ville est la capitale de la cour du roi Joseph Bonaparte de 1808 à 1813. Cette lutte pour l’émancipation affaiblit la situation économique de la ville pendant un certain temps, mais, vers 1831, elle occupe de nouveau une place prépondérante.

Durant le règne d’Isabelle II, Juan Bravo Murillo (1803-1873) fait creuser le canal (1851-1858) qui achemine vers Madrid l’eau du fleuve Lozoya et qui porte le nom de la souveraine, et le premier chemin de fer quitte la gare d’Atocha le 7 décembre 1851 à destination d’Aranjuez. La capitale est plus touchée que les autres villes par les événements politiques, les troubles et les luttes révolutionnaires de la seconde moitié du xixe s. et du début du xxe.

C’est sous la Restauration qu’a commencé ce que l’on peut appeler la modernisation de Madrid, dont le meilleur exemple est le quartier dit « de Salamanca ».

La population madrilène, de tendance libérale, adopte une attitude décisive dans l’évolution des tendances révolutionnaires. Elle ne participe pas autant au mouvement ouvrier, étant donné la quasi-inexistence d’industries. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la capitale, qui est un important centre de consommation, amorce un processus d’industrialisation de signe résolument moderne. La guerre civile (1936-1939) freine cet élan. Madrid résiste pendant toute la durée du conflit aux assauts des troupes nationalistes avant de se rendre le 25 mars 1939. Après la guerre, l’accroissement démographique reprend et l’on assiste à l’essor des activités industrielles et financières.

M. D.


Des activités dominées par le secteur tertiaire

D’après le recensement de 1960, 63,5 p. 100 de la population active madrilène sont employés dans le secteur tertiaire, contre 35,1 p. 100 dans l’industrie. Madrid est en effet le centre directionnel de l’Espagne.

La fonction politique et administrative reste importante : siège du gouvernement, des Cortes et des grandes administrations, Madrid occupe un grand nombre de fonctionnaires auxquels s’ajoutent les employés de l’administration provinciale et urbaine. Le chef de l’État réside au Pardo, à 15 km au N.-O. de la ville ; le Palais royal ne sert plus qu’à quelques cérémonies officielles. Presque tous les ministères et grandes administrations sont établis dans la calle de Alcalá et le long des Paseos ainsi que dans l’avenida del Generalísimo, qui les prolonge. C’est aussi de part et d’autre de la Castellana que se groupent la plupart des représentations diplomatiques étrangères.