Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Madagascar (suite)

En 1956, l’île fut dotée d’une certaine autonomie et d’un embryon d’exécutif en application de la loi-cadre votée sur proposition de Gaston Defferre. La composition de l’Assemblée et du Conseil de gouvernement traduisit la prépondérance des populations côtières par rapport aux Mérinas. Un Tsimihéty, l’instituteur socialiste Philibert Tsiranana, devint le premier chef du pouvoir exécutif. Dans le cadre de la Communauté créée en 1958 par le général de Gaulle, Madagascar se dota d’une constitution républicaine prévoyant un Parlement à deux chambres et un président aux pouvoirs assez étendus (29 avr. 1959). P. Tsiranana fut élu président, et l’indépendance de l’île fut proclamée le 26 juin 1960 en présence du ministre français Jean Foyer. Des accords de coopération furent aussitôt passés avec la France.


La république malgache

Catholique, originaire de la tribu tsimihéty, le président Tsiranana suivit une politique modérée en s’appuyant sur le parti social-démocrate (P. S. D.), ancienne émanation de la S. F. I. O., tandis que l’opposition se regroupait autour du parti du Congrès de l’indépendance (Antonkon’ny Kongresin’ny Fahalevantenan’i Madagasikara [A. K. F. M.]), influent dans la bourgeoisie mérina et comptant dans ses rangs le maire de Tananarive, Richard Andriamanjato. Refusant de reconnaître la Chine populaire, P. Tsiranana chercha à se rapprocher des États africains modérés, voire de l’Afrique du Sud, avec laquelle il passa des accords commerciaux.

La politique intérieure du gouvernement malgache semble avoir, à partir de 1967, engendré un certain malaise dans le pays. Les reproches le plus souvent formulés par l’opposition étaient les suivants : inégalités flagrantes dans le développement des diverses régions (en raison d’iniquités dans la répartition des crédits), favoritisme au bénéfice des côtiers, bipartisme purement formel en raison des contrôles et des pressions exercées sur le parti A. K. F. M. En avril 1971, une jacquerie se déclarait dans la région de Tuléar, parmi un paysannat particulièrement déshérité. À la suite de ces événements, André Resampa, ministre de l’Intérieur, longtemps considéré comme l’homme fort du régime, fut destitué et interné à Sainte-Marie. Mais de nouveaux troubles éclatèrent dans la capitale à l’occasion d’une manifestation d’étudiants en mai 1972. Après un essai de résistance (il y eut une vingtaine de morts), le président Tsiranana remit les pouvoirs à l’armée (après que les forces militaires françaises eurent refusé d’intervenir).

Un gouvernement d’union, composé de militaires et de civils, fut constitué par le général Ramanantsoa, et une large amnistie fut proclamée en attendant la promulgation d’une nouvelle constitution. En octobre 1972, un référendum assura au général Ramanantsoa une majorité écrasante et, le Parlement ayant été supprimé, le gouvernement cumula alors les pouvoirs exécutif et législatif. Mais, en janvier 1975, le général Ramanantsoa se démit de ses fonctions au profit du colonel Ratsimandrava, qui fut assassiné en février. Un comité militaire prit le pouvoir et, en juin, le capitaine de frégate Didier Ratsiraka devint président du Conseil suprême de la Révolution et oriente le pays dans la voie du socialisme.

En mai 1973, Madagascar est sortie de la zone franc. La même année, aux termes de l’un des huit accords de coopération signés avec la France, les troupes terrestres françaises quittèrent Madagascar.

J. M.


La population

Le peuplement est récent, datant de moins de 2 000 ans. La population actuelle résulte d’un mélange complexe d’apports malayo-polynésiens, africains et arabes. Il n’existe qu’une seule langue, avec des dialectes, dans laquelle les racines malayo-polynésiennes sont dominantes.

Estimée à 3 383 000 habitants en 1921 et à 5 071 000 en 1950, la population était estimée à 7 500 000 en 1971. La pyramide des âges est très large à la base, 46 p. 100 de la population ayant moins de 15 ans. Le taux d’accroissement naturel annuel est de 2,2 p. 100. La densité moyenne est voisine de 13 habitants au kilomètre carré, ce qui est relativement faible. Toutefois, cette population est très inégalement répartie. Sur les Hautes Terres centrales, l’Imérina et le Betsiléo ont des densités moyennes supérieures à 20 habitants au kilomètre carré, avec pour certains cantons 50 et même 100 habitants au kilomètre carré. La côte est, le Nord et le Nord-Ouest possèdent aussi des noyaux de fort peuplement qui correspondent à de grands ensembles rizicoles. Au contraire, dans l’Ouest, le Moyen-Ouest et le Sud, de grandes étendues présentent des densités inférieures à 5 habitants au kilomètre carré.

Seulement à peine le cinquième de la population vivent dans des agglomérations de plus de 2 000 habitants. Malgré la tendance actuelle à l’urbanisation, plus de 80 p. 100 des Malgaches demeurent donc des ruraux.

Madagascar est divisée administrativement en six provinces, elles-mêmes subdivisées en préfectures, sous-préfectures et cantons.


L’économie


L’agriculture

C’est l’activité la plus importante, puisqu’elle concerne 80 p. 100 de la population et représente en valeur 90 p. 100 des exportations. La superficie cultivée ne représente toutefois qu’à peine 3 p. 100 de la surface totale de l’île.

L’agriculture vivrière est fondée surtout sur le riz (1,5 Mt en moyenne par an). Pratiquée dans toute l’île, à l’exception de l’extrême Sud, la culture du riz irrigué a créé des paysages ruraux très particuliers, qu’il s’agisse de rizières de fonds de vallée ou de plaines, comme autour de Tananarive et dans l’Alaotra, ou de rizières étagées sur les versants, comme dans le Betsiléo. Le riz de montagne est cultivé, en même temps que le mais, en culture sèche itinérante sur brûlis (tavy) dans le domaine oriental, montagneux et forestier.

En dehors du riz, les cultures vivrières principales sont celles du manioc, du maïs, du sorgho, de la patate douce, de divers haricots, courges, etc., ces cultures étant généralement associées à celle du riz irrigué.

Parmi les cultures d’exportation, le café vient en tête (30 p. 100 des exportations totales). Il est produit à 90 p. 100 par les paysans malgaches, sur l’ensemble du versant oriental et dans la région du Sambirano. Sur une production totale de 55 000 t, 53 700 t sont en canephora et 1 300 en arabica.