Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

machinisme agricole (suite)

• Arrachage. Les matériels à socs ou à pointes dominaient, ces dernières années, mais de plus en plus on voit apparaître les systèmes à disques et à patins. Un moment dénigrés par les sucriers, ces dispositifs semblent avoir nettement la faveur des exploitants. Peut-être « cassent-ils » plus les pointes en terrain très sec, mais ils sont moins sensibles au bourrage, ce qui permet non seulement de gagner du temps, mais aussi de remonter un peu le niveau de l’effeuillage ; le bilan est finalement positif.

Quant aux nettoyeurs, ils sont presque toujours constitués par les soleils rotatifs à rayons métalliques ne ripant pas les betteraves sur le sol pour les aligner ; on trouve généralement 2 soleils, parfois 4.

Ces arracheuses, toujours traînées, demandent des tracteurs de 65 à 70 ch pour 6 rangs.

• Chargement. Le chargement mécanique ne pose plus de problème important depuis plusieurs dizaines d’années. La seule tendance notable à signaler concerne l’élimination de la terre par des soleils de nettoyage après une première élévation des racines sur un élévateur à chaînes ; le problème du transport de terre préoccupe évidemment les utilisateurs, qui ne voient pas d’un bon œil s’en aller les éléments fertiles de leurs sols tout en étant doublement pénalisés au niveau du transport et au niveau de la terre.

• Combinaison de machines et d’automotrices. Sur un tracteur puissant (plus de 80 ch), éventuellement à 4 roues motrices, il est possible de rassembler une effeuilleuse à un rotor à l’avant et une arracheuse à l’arrière, l’ensemble travaillant sur 6 rangs. Si cette arracheuse est en même temps chargeuse, on fera toutes les opérations de récolte en une seule fois, ce qui est très séduisant sur le plan mécanisation et sur le plan agronomique (moins de tassement). Mais, pratiquement, un tel ensemble, lourd et encombrant, ne donne satisfaction qu’en chantier facile, propre et plat.

La véritable automotrice devrait avoir des performances techniques plus intéressantes. Plusieurs constructeurs expérimentent des prototypes.

Parfois, les automotrices se contentent d’aligner les betteraves et non de les charger, et quelques-unes travaillent sur 3 rangs, ce qui est peut-être mieux adapté aux conditions françaises. Néanmoins, ces machines attendront encore très probablement une hausse du coût de la main-d’œuvre avant de se généraliser, même à l’entreprise.

Les conditions françaises de la culture betteravière ont donc engendré des techniques très simples, à fort rendement, capables de s’adapter très rapidement aux nouvelles techniques culturales. Pour résoudre correctement le problème, il a fallu combiner les efforts des mécaniciens (adaptation des pièces travaillantes, recherche de la propreté, recherche de l’intégrité des racines), des généticiens (recherche de nouvelles semences), des chimistes (contrôle des adventices), des agronomes et des exploitants (organisation des chantiers, travail en groupes) ; les exigences des sucreries ont contribué à l’amélioration de la qualité des matériels.

• Une technique difficile à mécaniser : la récolte et la conservation des fourrages
Le fourrage, indispensable aux ruminants, n’est pas compatible avec une mécanisation facile pour diverses raisons techniques. C’est un produit de faible valeur marchande, fragile et contenant environ 80 p. 100 d’eau à la récolte. Il ne peut donc pas se conserver sans transformation. Si l’on veut garder la totalité des éléments nutritifs contenus dans le fourrage sur pied, il faut mettre en œuvre des moyens très puissants, sans commune mesure avec la faible valeur du produit. Si l’on se contente de moyens plus modestes, il faut accepter une part importante de pertes.

Les pertes se produisent à différents niveaux de la chaîne de récolte et conservation. Ces pertes sont quantitatives (pertes de matières sèches) et qualitatives (évolution des éléments nutritifs). On distingue les pertes par surmaturité (la valeur nutritive du fourrage diminue au-delà d’un certain stade végétatif), par lessivage ou insolation, par action des machines, par respiration, par action des micro-organismes (pendant la récolte et le stockage), par refus des animaux (produit non appétent). Il n’est pas rare de constater 50 à 60 p. 100 de pertes totales par rapport à la valeur potentielle du fourrage sur pied.

Finalement, le coût total d’un chantier de récolte et conservation devrait tenir compte des pertes et du coût de mise en œuvre du chantier.

Deux voies s’offrent aux utilisateurs pour conserver et récolter le fourrage : la voie sèche, aboutissant au foin qui contient environ 15 p. 100 d’eau ou au fourrage déshydraté (10 p. 100 d’eau) ; la voie humide, qui conduit soit à la consommation immédiate du fourrage vert, soit à la stabilisation obtenue par orientation des fermentations (ensilage).

Les variantes sont multiples, les machines sont très nombreuses. Il est impossible de les décrire toutes, et cette multiplicité confirme les difficultés rencontrées pour trouver une solution acceptable.

• Voie sèche. Traditionnellement, le fourrage est transformé en foin, en utilisant les moyens naturels de séchage.

On utilise dans ce but une chaîne de matériels dont les principaux éléments sont les suivants : barre de coupe à mouvement alternatif ou rotatif, râteaux-faneurs et râteaux-andaineurs, ramasseuse-presse et chargeur de balles ou remorques autochargeuses. La confection du foin demande de 2 jours à 8 ou 10 jours selon les conditions climatiques. Les moyens mis en œuvre sont relativement modestes, mais certains maillons de la chaîne de récolte sont imparfaitement mécanisés, et le bilan des pertes peut être très lourd.

Pour limiter le temps d’exposition aux agents atmosphériques et les pertes mécaniques dues à la manipulation d’un produit trop sec, on récolte le fourrage encore humide (45 p. 100 d’eau) en le laissant séjourner au sol 24 à 36 heures et on termine son séchage à la ferme sur une aire de séchage ou dans une tour spéciale dite « tour à foin ». On envoie de l’air légèrement réchauffé à travers la masse de fourrage disposée sur un faux fond en caillebotis ou en grillage. L’air se charge d’humidité et évacue cette humidité vers l’extérieur. Avec une installation bien calculée et des volumes à traiter assez faibles, les résultats obtenus sont bons. Le goulet d’étranglement des chantiers se situe encore au niveau des manutentions (remplissage et vidange de l’aire de séchage).