Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

machinisme agricole (suite)

Le moteur fonctionne au fuel, selon le cycle Diesel, et il est protégé efficacement par des filtres, en particulier des filtres à air. La puissance importante (35 ch pour 2 m de coupe, 110 ch pour 4,2 m de coupe) assure le battage-nettoyage et la propulsion par des circuits de transmission indépendants. Les roues avant sont motrices et les roues arrière directrices avec assistance hydraulique.

Le tablier de coupe se démonte rapidement. Le même bâti peut accepter plusieurs largeurs de coupe. La coupe à lame peut être remplacée par des becs-cueilleurs pour récolter le maïs. Les rabatteurs-releveurs sont réglables en position (de haut en bas et d’avant en arrière) par vérins hydrauliques, et en vitesse de rotation. La vis d’amenée — double vis d’Archimède à doigts escamotables dans la partie centrale — est réglable en position et en vitesse.

Le batteur est un tambour rotatif muni de 6 à 8 battes métalliques nervurées tournant en regard d’une grille ajourée enveloppante (sur 100 à 120°) appelée contre-batteur. La vitesse de rotation du batteur est réglable sur une gamme très large (500 à 1 500 tr/mn), de façon continue, par des vérins hydrauliques agissant sur les flasques des poulies d’un variateur à courroie trapézoïdale. Ce réglage de vitesse, combiné avec le réglage de l’écartement (par vérins hydrauliques, éventuellement) entre le batteur et le contre-batteur, permet de battre correctement toutes les catégories de graines, plus ou moins humides à la récolte. Si les réglages sont corrects, 90 p. 100 du grain se trouvent séparés des enveloppes à ce niveau et passent à travers le contre-batteur. Le reste du grain, évacué avec la paille, est récupéré presque totalement au secouage. L’ensemble des grains, des enveloppes, des menues pailles, des épis non battus (otons) est trié sur deux grilles oscillantes parcourues par un violent courant d’air. Le triage se fait par dimension et par différence de densité. L’intensité et l’orientation du vent sont réglables. Les épis non battus (otons) sont repris par un batteur annexe ou ramenés en avant du batteur principal.

La trémie de grande capacité est vidangée en marche dans une remorque grâce à une vis sans fin qui est déployée par vérins hydrauliques.

En résumé, sur une machine bien conçue, toutes les commandes, tous les contrôles, tous les réglages se font depuis le poste de pilotage, qui doit être en outre bien étudié du point de vue confort et sécurité. Une machine aussi complexe est coûteuse, et son amortissement sera lourd, compte tenu du faible nombre d’heures disponibles annuellement pour récolter dans des conditions favorables.

• Une technique récemment stabilisée : la récolte des betteraves sucrières
L’exemple est peut-être moins net que celui des céréales, mais il est plus intéressant, car cette technique a connu une évolution très récente sur l’un des maillons de la chaîne.

La technique qui a prévalu, en France, jusqu’à présent, consiste à employer successivement plusieurs matériels simples effectuant chacun une seule opération avec un fort débit (machines 6 rangs) et une forte concentration de tracteurs et de remorques, rarement disponibles en totalité sur une exploitation unique.

Les tendances récentes au regroupement sur un même tracteur de forte puissance (80 à 100 ch) de plusieurs machines à 6 rangs ou l’apparition de grosses automotrices ne modifient pas fondamentalement le problème de la nécessaire association des exploitants au niveau du dégagement rapide du chantier et de l’indispensable organisation de ce même chantier.

• Effeuillage et décolletage. La décolleteuse à tâteurs connue depuis de nombreuses années cède le pas presque complètement à l’effeuilleuse-scalpeuse. Pourquoi ? Essentiellement à cause de l’évolution des techniques culturales. La rareté et le coût relativement croissant de la main-d’œuvre a orienté les betteraviers vers la suppression ou la simplification des interventions manuelles de printemps. La solution de ce problème n’a pas été de nature mécanique, mais génétique : on a mis au point, peu à peu, des graines à fort taux de monogermie et à bonne faculté germinative donnant des rendements élevés. Mais les chantiers obtenus avec un minimum d’interventions de printemps sont moins propres (malgré les progrès constants des désherbants) et plus irréguliers (hauteur des betteraves successives, importance des bouquets foliaires) ; d’où le fonctionnement inacceptable des anciennes décolleteuses très simples à tâteurs plans ou rotatifs et le passage à l’effeuilleuse, qui « égalise le chantier » avant le décolletage.

L’effeuilleuse a conquis le marché en trois ans : les milieux betteraviers sont très perméables au progrès technique.

L’effeuilleuse-scalpeuse comporte normalement deux rotors successifs, le premier est muni de fléaux métalliques en cuillères, le second de battes en caoutchouc synthétique tournant plus près du sol que les fléaux pour éliminer les feuilles insérées sur le côté du collet et nettoyer complètement le chantier.

La machine est traînée ; elle effeuille 6 rangs et comporte à l’arrière 6 scalpeurs de décolletage très simples (tâteurs rotatifs ou plans et couteaux obliques).

Sur certains modèles, les scalpeurs sont intercalés entre le rotor à fléaux métalliques et le rotor à battes, mais il s’agit toujours de machines traînées à deux rotors.

Si l’on veut dégager l’arrière du tracteur, on est obligé de ne conserver qu’un seul rotor à fléaux sur la machine portée ou semi-portée à l’avant du tracteur ; d’où une qualité de travail un peu moins bonne que l’on essaie d’améliorer en alternant sur le rotor unique des fléaux métalliques et des battes plastiques. Dans tous les cas, la résistance mécanique des battes est un problème difficile, en particulier dans les terres usantes.

Les décolleteuses de type ancien que l’on voit encore en service chez des petits planteurs ne sont plus guère vendues, sauf dans les exploitations où la récupération des verts non hachés est un problème primordial ; pour récupérer des verts hachés, il est tout à fait possible d’aménager les effeuilleuses.