Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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machinisme agricole (suite)

Sur le plan technique, les traitements sont effectués à l’aide d’hélicoptères ou, plus rarement en France, d’avions agricoles. L’hélicoptère, plus maniable (par un pilote très expérimenté), est mieux adapté à certaines conditions régionales. Le rendement est de l’ordre de 50 ha à l’heure, et les traitements peuvent s’effectuer à faible volume à l’hectare. L’hélicoptère est muni de rampes fonctionnant sous pression ; certains avions emploient des pulvérisateurs faisant appel à la force centrifuge. Un handicap de l’hélicoptère est dû au fait que la charge utile est faible par rapport au poids total et qu’il faut souvent réduire le stock de carburant pour pouvoir transporter un volume notable de pesticide, ce qui réduit évidemment le rayon d’action. Malgré ces difficultés, il semble que les traitements aériens doivent se développer dans les années à venir, compte tenu de l’avantage énorme qu’ils ont de se libérer de la contrainte du déplacement tout terrain au milieu de la végétation.


Les récoltes

• Généralités
L’opération culturale de récolte est très importante, car son coût représente 20 à 50 p. 100 de la valeur du produit récolté, selon le produit et selon la proportion de capital et de travail utilisée. La cause principale de la mécanisation des récoltes est l’augmentation du coût relatif de la main-d’œuvre et la raréfaction de cette main-d’œuvre.

Il s’agit toujours en agriculture de recueillir un produit situé hors du sol ou dans le sol avec un matériel condamné à se déplacer sur le sol. Et ce produit doit être soigneusement conservé du point de vue du rendement (quantité et qualité), sans compromettre la qualité du support, le sol, et cela dans une période limitée de durée aléatoire.

• Conditions de réussite de la mécanisation. Pour que la récolte mécanique soit possible et qu’elle ait des chances de réussite, un certain nombre de conditions paraissent indispensables, tant en amont qu’en aval de l’opération elle-même. Ces conditions correspondent à un effort d’adaptation global dépassant souvent le cadre de l’exploitation :
— surface minimale justiciable de la machine ;
— densité, alignement, adaptation à la récolte mécanique, qui implique un maximum d’homogénéité (taille, forme, maturité) : cette nécessité détermine une double adaptation, celle de la machine à la plante, mais aussi celle de la plante à la machine (sélection de variétés à fort rendement adaptées à la récolte mécanique et modifications dans la conduite de la culture, au niveau du palissage, par exemple) ;
— adaptation de nouvelles techniques de récolte aux nouvelles techniques culturales ;
— organisation rationnelle du chantier, en particulier évacuation au rythme de la machine de récolte ;
— nettoyage et préconditionnement sur place ; transport rapide vers l’usine ou le lieu de préstockage ;
— adaptation des capacités de stockage aux volumes de récolte disponibles, dans l’exploitation et chez les organismes stockeurs ou conservateurs.

• Conséquences techniques de la mécanisation des récoltes. La récolte n’est qu’un maillon d’une chaîne beaucoup plus vaste qui commence à la mise en place, à la fertilisation, à la protection phytosanitaire et qui se poursuit jusqu’au conditionnement, à la conservation et à la commercialisation. Cette chaîne doit être cohérente en qualité et en quantité : il ne sert à rien de ramasser à un certain moment le fort rendement d’un produit de haute qualité si la machine de conditionnement (qui suit nécessairement la machine de récolte absorbe le même produit avec un rendement beaucoup plus faible et en introduisant une baisse de la qualité.

La qualité du produit récolté mécaniquement ne doit pas être très inférieure à celle qui est obtenue en récolte manuelle. Or, les causes de pertes qualitatives et quantitatives sont multiples avec les machines : traumatismes, égrenages, fêlures, transformations nocives au stockage, etc.

Les machines de plus en plus importantes, accompagnées de leur cortège de moyens d’évacuation (remorques, camions, etc.), ont un effet de tassement sur le sol qui peut être nocif.

Enfin, les apports massifs d’un produit en un temps extrêmement court entraînent une réorganisation de la collecte ou un investissement nouveau en installations de préstockage.

• Conséquences économiques et sociales de la mécanisation des récoltes. L’augmentation des tailles et des prix des appareils de récolte tend à modifier les structures anciennes sur le plan de la gestion et de la commercialisation.

Le coût élevé des grosses machines et les nécessités d’une organisation rationnelle des chantiers poussent les exploitants vers des formules de coopération entre agriculteurs ou d’associations entre les agriculteurs et les entrepreneurs ou les industriels (contrats).

Il s’ensuit parfois une concentration des cultures dans les régions les mieux adaptées. La mécanisation de la récolte est à la fois la cause et la conséquence de l’extension d’une culture dans les régions où les exploitations sont de grandes dimensions ou dans les régions où les exploitants sont capables de se grouper pour s’adapter au gigantisme mécanique. Les deux exemples les plus frappants concernent le maïs et la betterave ; seule la localisation de ces productions dans les régions de grande culture ont permis l’adaptation réciproque machine-plante indispensable.

• Une technique bien au point : la récolte des céréales
Toutes les moissonneuses-batteuses se ressemblent : les organes principaux, les transmissions, les principes de fonctionnement sont identiques. Cette identité de méthode et de construction prouve que la solution au problème de la récolte des céréales est temporairement trouvée.

Cette stabilisation technique résulte de l’acceptation de quelques principes qui se sont affirmés peu à peu depuis que l’on a eu l’idée d’associer sur une même machine mobile (premières machines : début du xxe s.) un engin de coupe (invention : début du xixe s.) et un engin de battage (invention : fin du xviiie s.). Rappelons les principes de base :
— la moissonneuse-batteuse doit récolter rapidement un grain à peu près sec ; la rapidité prime la qualité ; nettoyage et séchage seront améliorés ultérieurement ;
— la paille est un sous-produit dont la récolte éventuelle ne doit en aucun cas ralentir le chantier de moissonnage-battage ;
— la récolte « en vrac » est indispensable à la manutention aisée du grain ;
— l’organisation rationnelle du chantier est primordiale ; la récolte proprement dite ne doit pas être dissociée de la réception à la ferme, de la conservation et du préstockage ;
— la culture des plantes à graines doit être pensée — y compris les assolements — en fonction de l’emploi de la moissonneuse-batteuse.

La machine moderne est automotrice (98 p. 100 des ventes). Elle ne récolte que le grain. Elle a une barre de coupe frontale de 2 à 6 m de largeur. Elle pèse 1 000 à 1 500 kg par mètre de coupe. Son débit instantané atteint 25 q/h par mètre de coupe.