Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anthropologie physique (suite)

D’une façon générale, les Blancs ont un nez étroit (Nordiques, Méditerranéens) ou de largeur moyenne (Alpins), les Jaunes sont mésorhiniens ou faiblement platyrhiniens, les Noirs franchement platyrhiniens. Parmi ces derniers, notamment les Guinéens, les Congolais et les Négrilles, on signale des nez si élargis ou si raccourcis que leur indice dépasse 100, atteignant ce que l’on appelle l’hyperplatyrhinie. Par ailleurs, la répartition de l’indice nasal dans le monde suggère l’existence d’une certaine concordance entre les facteurs climatiques et les dimensions du nez, les platyrhiniens appartenant aux zones chaudes et humides, les leptorhiniens aux régions froides et sèches.


Proportions de la bouche et forme des lèvres

L’indice buccal (comparaison de la hauteur des lèvres à la largeur de la bouche) objective l’épaisseur relative des lèvres. Faible chez la plupart des Blancs et certains Indiens d’Amérique qui ont des lèvres fines, il augmente chez les Jaunes d’Asie et les Mélano-Indiens aux lèvres moyennement charnues, pour devenir maximal chez les Mélano-Africains, les Négrilles, les Australiens et les Mélanésiens, qui possèdent des lèvres épaisses. Cet épaississement labial, caractéristique du vrai Noir, s’accompagne souvent d’une sorte de bourrelet qui proémine en avant de chaque lèvre, en s’incurvant vers le haut et vers le bas : lèvres dites « éversées ».


Stature et proportions du corps

La stature, une des mesures le plus couramment utilisées en somatométrie, partage les hommes en petits (1,25 à 1,59 m), moyens (1,60 à 1,69 m) et grands (1,70 à 1,99 m). Les statures au-dessous de 1,25 m et au-dessus de 1,99 m concernent des cas pathologiques, nanisme et gigantisme, qui n’entrent pas dans le cadre des études raciales, strictement limitées aux individus normaux. Entre 1,25 et 1,50 m, il s’agit de sujets très petits, qualifiés de pygmées, que l’on rencontre dans quelques populations d’Afrique ou d’Océanie.

Dans tous les continents, il y a des peuples de grande et de petite taille. En Europe, les statures élevées se localisent sur le littoral septentrional et au sud-ouest des Balkans, les basses statures autour de la Méditerranée occidentale et dans les massifs montagneux de l’Europe centrale. L’Asie est dans l’ensemble le domaine des tailles moyennes, sauf en Chine du Nord, où se manifeste une augmentation sensible, et dans l’Indochine, où l’abaissement statural atteint son maximum chez les Veddas. En Amérique, les petits dominent, les grands ne se rencontrant qu’exceptionnellement au nord, parmi les Indiens des plaines, au sud, chez les Patagons. En Océanie, les Polynésiens et les Australiens ont une taille assez haute, les Mélanésiens et les Micronésiens sont moyens, les Indonésiens petits, et quelques populations des Philippines et de la Nouvelle-Guinée très petits (Pygmées océaniens). L’Afrique enfin présente une gamme très variée de statures : zones de haute stature le long d’une bande qui va du Sénégal au Kenya ; début de réduction chez les Noirs de la forêt, puis chez les Bochimans, avec des minimums atteints par les Négrilles, ou Pygmées africains.

Ce caractère ne fournit donc pas de différenciation à l’échelle des groupes primordiaux, mais plutôt à l’intérieur de ceux-ci. De plus, en dehors des variations liées au type racial, on sait maintenant mieux qu’autrefois que de nombreux autres facteurs sont susceptibles de produire de profondes modifications de la stature : au cours de la vie individuelle (allongement durant le repos nocturne, diminution avec l’âge) ; sous la dépendance des conditions géographiques ou sociales (citadins plus grands que paysans, ouvriers plus petits qu’intellectuels) ; dans le temps (par exemple augmentation de la stature moyenne en Europe depuis la fin du siècle dernier). Ces changements, malheureusement fort difficiles à interpréter, montrent que la stature n’a peut-être pas une valeur aussi grande qu’on le pensait naguère ; elle demeure néanmoins un test différentiel important, à la condition de se montrer très prudent dans l’évaluation des divergences raciales.

Les proportions relatives du buste et des membres présentent aussi des différences, mais, sauf exception, celles-ci paraissent de moindre envergure que celles de la taille. Disons donc simplement que les Noirs d’Afrique, Pygmées exceptés, ont un tronc court et des membres longs, que les Blancs possèdent un buste et un membre inférieur moyens avec un membre supérieur court, que les Jaunes se distinguent par un tronc long et des membres courts.


Dermatoglyphes

Le revêtement cutané de la face interne de la main, sur les doigts et les paumes, présente des dessins curvilignes appelés « dermatoglyphes ». Ces dessins varient avec le sexe, avec la main et aussi avec le type racial. C’est pourquoi les dermatoglyphes, caractères morphologiques qui ne sont pas étudiés depuis longtemps, ont pris ces dernières années une assez grande importance en anthropologie.

On groupe les dessins digitaux en arcs, boucles et tourbillons, pour ne citer que les principaux. Leur répartition dans les grands groupes se schématise comme suit :

Les Blancs se distinguent donc des Noirs seulement par une légère différence du nombre des tourbillons, tandis que les Jaunes se séparent franchement des deux autres groupes par une diminution des arcs et des boucles, jointe à une augmentation des tourbillons.

Les dermatoglyphes palmaires sont moins connus que les dessins digitaux, quoiqu’on sache cependant que les principales lignes de la paume ont des trajets variables suivant les individus et suivant les types raciaux. Il semble légitime de penser que les conclusions des diverses études en cours mettront en évidence des variations plus ou moins importantes de ces caractères.

Telles sont, parmi quelques autres de moindre intérêt ou d’application plus restreinte, les principales données qui ont servi de base à la connaissance de la variabilité morphologique des groupes humains. Pourquoi veut-on aujourd’hui minimiser leur rôle au profit de celui de l’anthropologie physiologique ? D’une part, parce que bon nombre de caractères morphologiques sont, comme nous l’avons vu, susceptibles de se modifier sous l’action de multiples facteurs d’ordre mésologique ou culturel, et que de ce fait les variations paraissent délicates à interpréter. D’autre part, parce que, du point de vue génétique, les caractères morphologiques sont soumis à une hérédité complexe, dirigée par l’influence simultanée de plusieurs gènes indépendants, sur laquelle nous manquons encore actuellement d’hypothèses valables.