Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

machinisme agricole (suite)

Pour l’utilisateur, la forme importe relativement peu. Il souhaite surtout faire un épandage efficace au moindre coût. Ses objectifs sont donc les suivants :
— apporter les quantités nécessaires, sans excès ;
— fertiliser au bon moment ;
— répartir très régulièrement le produit sur le sol ;
— ne pas abîmer le sol par des passages excessifs d’engins ;
— diminuer la main-d’œuvre et la peine ;
— avoir des machines à plusieurs fins (polyvalence) ;
— trouver le plus bas prix pour l’unité fertilisante.

Dans la pratique, dans une même exploitation, on choisit une forme d’engrais chimique et on s’équipe d’une chaîne de matériels adaptés à cette forme.

Chaînes de matériels pour engrais solides. Toute la fertilisation chimique est faite aux engrais solides, granulés, si possible, simples ou complexes.

C’est le cas le plus fréquent. Les machines utilisables sont très simples et se distinguent par leur système de distribution. Elles comportent toutes, en effet, une caisse (ou trémie) à engrais, montée sur un bâti à roues, et un système d’extraction approvisionnant le système de distribution qui a pour rôle de répartir l’engrais le plus régulièrement possible sur une largeur de travail égale (distributeurs en nappe) ou supérieure (distributeurs centrifuges ou pneumatiques) à la largeur de la caisse.

Les distributeurs en nappe sont de trois types principaux :
— les distributeurs à vis ou à hélice (une vis sans fin tournant au fond de la trémie alimente des orifices de dimension réglable) ;
— les distributeurs à assiettes (le fond de la trémie est partiellement constitué par des disques horizontaux animés d’un mouvement de rotation assez lent ; l’engrais est ainsi extrait hors de la caisse et il est projeté au sol grâce à des déflecteurs et un hérisson rotatif) ;
— les distributeurs à tapis (le système d’extraction est constitué par un fond mouvant composé de lattes jointives recouvertes d’un tapis caoutchouté ; un hérisson rotatif projette ensuite l’engrais sur le sol).

Tous les organes sont entraînés proportionnellement à la vitesse d’avancement par les roues porteuses. Le réglage de la dose épandue consiste à modifier le coefficient de proportionnalité (changements de pignons) et à ouvrir ou fermer la trappe de passage de l’engrais.

Les distributeurs centrifuges sont encore plus simples : à la base de la trémie (200 à 400 litres), généralement tronconique, on trouve une trappe réglable et un dispositif de dispersion constitué le plus souvent par un disque horizontal tournant à 500 tr/mn environ et dispersant l’engrais sur une largeur de 6 à 10 m. On trouve aussi des épandeurs centrifuges à deux disques, ou à tube oscillant. Ces appareils, généralement portés, sont très commodes et permettent un travail rapide (10 km/h env.), par exemple pour les apports d’azote au printemps sur les céréales. Leur régularité de répartition n’est pas toujours parfaite, le fonctionnement correct implique l’emploi d’engrais granulés. Il existe aussi quelques gros appareils d’entreprise, traînés ou semi-portés, dont les trémies contiennent 2 à 4 t d’engrais et qui épandent sur 15 à 20 m de largeur.

Dans les cas très courants de fertilisation aux engrais solides, on trouve généralement dans l’exploitation deux types de distributeurs (un épandeur en nappe, un épandeur centrifuge). Le stockage et la manutention doivent être rationnellement conçus. Le stockage en sacs convient bien à la petite et à la moyenne exploitation, mais le stockage en vrac est le plus économique pour les grosses fermes. Des dispositifs de transfert (vis sans fin spéciale, containers mobiles) sont nécessaires dans un chantier bien organisé.

Chaînes pour engrais liquides. Toute la fertilisation peut se faire sous forme liquide. Le stockage (en citerne) et la manutention (par pompage) sont beaucoup plus simples. Les ouvriers ne sont plus du tout en contact avec les engrais corrosifs.

L’épandage s’effectue avec un pulvérisateur à pression à jet projeté dont le principe de fonctionnement sera évoqué plus loin, à propos de l’épandage des produits de traitement. Les largeurs de travail sont importantes (8 à 12 m et plus), et la régularité d’épandage est excellente. Il faut faire fonctionner l’appareil à faible pression (quelques bar) et avec des buses adaptées à l’engrais liquide. Ce type de pulvérisation a fait évoluer énormément les pulvérisateurs depuis dix ou douze ans : emploi des matières synthétiques et de l’acier inoxydable.

Ce type d’épandage convient bien aux solutions ou aux suspensions à base d’azote et d’acide phosphorique, mais des difficultés (formation de microcristaux) apparaissent si l’on dépasse une certaine concentration en potasse (10 p. 100 env.). Des concentrations potassiques plus élevées obligent à passer à un autre type de produit, dit « engrais pâteux », qui demande des appareils spéciaux encore peu répandus.

Les engrais liquides peuvent aisément être apportés en profondeur grâce à des appareils appelés pulvérisateurs (enfouisseurs qui distribuent le liquide sous pression en arrière d’un coutre travaillant à profondeur réglable).

Engrais gazeux. L’azote peut être injecté dans le sol sous forme de gaz ammoniac (ammoniac anhydre). L’injecteur, ou fertiliseur, comprend : un réservoir hermétique contenant l’ammoniac liquéfié maintenu sous pression (10 bar), un système de réglage de débit (pointeau et détendeur, ou pompe volumétrique à piston), un outil d’injection du type cultivateur à dents souples. L’ammoniac anhydre — liquide dans la cuve à la température ambiante et sous pression — est évacué sous forme gazeuse à l’arrière de la dent d’injection. Il n’y a pas de pertes, car l’ammoniac est fixé presque immédiatement par le complexe humique du sol. L’avantage essentiel réside dans la teneur très élevée en azote de l’ammoniac liquéfié (82 p. 100 d’azote). Mais cette forme de fertilisation exige un équipement spécialisé, uniquement utilisé pour l’azote, et surtout une infrastructure régionale bien implantée (ravitailleur, stockage, compresseurs, etc.). Dans certains cas, des épandages d’azote sous cette forme effectués par des entreprises sont économiques.