Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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machinisme agricole (suite)

• Façons superficielles. Elles sont faites avant ou après le travail profond et intéressent surtout les 10 à 12 premiers centimètres. Elles vont essentiellement servir pour préparer le lit de semence. (Il est évident que la limite entre le travail profond, le labour, les façons superficielles est assez arbitraire et que certains matériels peuvent effectuer différents types de travaux selon leurs réglages.)
1. Le déchaumage. Cette façon superficielle particulière est effectuée avant le labour, juste après la moisson. Elle consiste à briser la croûte qui se constitue lorsque la récolte est enlevée et à faire un mélange partiel des chaumes (et de la paille broyée s’il y a lieu) avec la partie superficielle du sol. Cette action a pour but d’amorcer la décomposition des pailles avant le retournement dû au labour, et de provoquer la levée de mauvaises herbes, détruites ultérieurement par le labour. La plupart des instruments pour façons superficielles permettent le déchaumage.
2. La préparation du lit de semence. Elle s’effectue après le labour, juste après pour les cultures d’automne, quelques mois après pour les cultures de printemps. Elle est délicate et dépend du sol, de l’humidité, du climat et de la culture envisagée. Pour un blé d’hiver, par exemple, sur une couche de terre motteuse, on constituera une zone un peu tassée constituée d’agrégats de la dimension de la graine et surmontée d’une zone plus meuble constituée des petites mottes. Le but recherché est évidemment de placer la graine dans de bonnes conditions d’humidité, d’aération, de température, pour faciliter d’abord sa germination, puis sa levée et son enracinement. Il est très difficile d’arriver à ce résultat sans un grand nombre de passages d’outils différents.
3. Les instruments. Ils sont très nombreux et il n’est pas question de les décrire tous. On peut les classer en grandes catégories selon la nature et le mouvement de leurs pièces travaillantes :
— appareils non commandés (instrument à dents, à disques, rouleaux) ;
— appareils commandés (rotatifs, alternatifs).

Instruments à dents. Les cultivateurs comportent, sur un bâti à poutres transversales, un grand nombre de socs de formes très diversifiées montés sur des supports rigides ou, plus fréquemment, vibrants. La forme, le mode de fixation du support déterminent l’amplitude et la fréquence des vibrations.

Le cultivateur à dents rigides sera souvent muni de socs étroits travaillant à une profondeur relativement grande. Le cultivateur à dents flexibles travaille souvent plus superficiellement. Sur ces appareils, la profondeur est réglée par des roues de terrage.

Les herses, par contre, n’ont pas de roues, et comportent de simples dents rigides terminées par une pointe. Elles travaillent superficiellement, tassent légèrement à quelques centimètres et ont tendance à ramener les plus grosses mottes en surface (effet de triage).

Les cultivateurs-herses, très utilisés ces dernières années, comportent de nombreuses dents vibrantes rapprochées, suivies d’une sorte de peigne à dents fines ou d’une herse roulante munie de tringles.

Instruments à disques. Comme sur la charrue à disques, les pièces travaillantes sont des calottes sphériques appelées disques. Mais, sur ces instruments pour façons superficielles, les plans des disques sont tous verticaux, obliques par rapport à la direction d’avancement. Les disques sont mobiles en rotation autour d’axes diversement disposés. Sur un même axe, les disques constituent un train de disques.

La déchaumeuse possède un seul train de disques, oblique par rapport à l’avancement. Le pulvériseur simple comprend deux trains en V dont la pointe est à l’arrière. Le pulvériseur double comprend quatre trains de disques formant un X. Le cover-crop comporte deux trains de disques disposés en V dont la pointe est sur le côté.

Le plus employé de ces outils est le cover-crop ; il sert à la fois au déchaumage et à la reprise d’un labour.

Rouleaux. Très variés dans leurs formes, ils ont pour but d’écraser les mottes, de tasser la terre (en surface ou eu profondeur), de niveler le sol avant le semis.

On rencontre des rouleaux lisses, simples cylindres, lourds (500 à 800 kg par mètre de largeur), ou des rouleaux en éléments séparés montés sur un même arbre. La seconde catégorie a un effet émotteur plus intense que la première.

Le croskill (du nom de l’inventeur) est constitué par des éléments séparés, jointifs, mais alternativement de petit et de grand diamètre, avec des moyeux de dimension telle que tous les éléments reposent sur une même ligne.

La croskillette comporte des éléments séparés analogues, mais tous de même diamètre.

Le cultipacker comprend des disques lourds, jointifs, avec une arête vive, et disposés en deux trains successifs : le premier train est surtout émotteur, le deuxième train surtout tasseur.

Les appareils commandés. Les Rotavator décrits plus haut peuvent être utilisés pour la reprise des labours (et pour le déchaumage). Ils sont très efficaces, mais risquent de donner une terre trop fine et trop soufflée s’ils sont employés inconsidérément.

Il existe aussi quelques appareils commandés dont les pièces travaillantes en forme de lames recourbées sont entraînées en rotation autour d’axes verticaux.

Enfin, un appareil récent rencontre une certaine faveur auprès des utilisateurs : il s’agit de la herse-vibrante, ou herse à mouvement alternatif. Les dents sont montées sur deux ou quatre peignes transversaux animés d’un mouvement de translation alternatif obtenu par un système bielle-manivelle ou par un excentrique à partir du mouvement de rotation de la prise de force.

• Conclusion. Le travail du sol est un domaine complexe encore imparfaitement exploré. L’augmentation des puissances des tracteurs pousse les utilisateurs à travailler vite sur de grandes largeurs. La tendance la plus récente consiste à grouper sur un même bâti plusieurs types d’outils de façon à préparer le lit de semence en un minimum de passages. Il serait aussi très séduisant de supprimer le labour, opération lente et délicate.

Enfin, dernier perfectionnement, on cherchera à implanter la culture en même temps que le travail du sol, en réduisant ce travail au minimum. Nous évoquerons ultérieurement ces techniques sous le titre général de « associations d’outils et culture minimale ».

Sur le plan pratique, il n’en reste pas moins que la majorité des cultures en France en 1972 sont implantées selon les techniques traditionnelles faisant appel à de nombreux passages d’outils. La chaîne courante comportera souvent : un cover-crop, une charrue, un cultivateur, une herse, un rouleau.

• La fertilisation
L’apport d’éléments fertilisants est un des facteurs essentiels de l’obtention de forts rendements. Cette fertilisation peut se faire à partir d’éléments très divers : fertilisation organique par fumier solide ou semi-liquide, fertilisation chimique par produits solides, liquides ou gazeux.

Dans tous les cas, la mécanisation de ces opérations nécessite des machines à fort rendement distribuant très régulièrement des doses précises de produit par unité de surface.

La multiplicité des produits à épandre explique les très nombreux types de matériels existants. Par ailleurs, ces produits étant toujours désagréables à manipuler manuellement, voire toxiques, il n’est pas question de les épandre autrement qu’à la machine.

L’épandage de produits peut se faire avant la préparation du lit de semence ou après la levée de la plante.

• Engrais chimiques.
La forme la plus courante pour la fertilisation chimique est la forme solide (engrais pulvérulents ou granulés). Elle a été longtemps la seule forme utilisée. Actuellement, une part importante de la fertilisation chimique se fait sous forme liquide ou gazeuse.