Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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machinisme agricole (suite)

• Conditions de travail des ouvriers. L’ouvrier agricole est encore préservé de l’excès de spécialisation du travail qui apparaît dans certaines chaînes industrielles. Les machines sont encore relativement polyvalentes, et peu d’entre elles soumettent la main-d’œuvre aux cadences industrielles et aux dangers de l’uniformisation des gestes. Il y a néanmoins quelques exceptions, surtout sur les machines qui réalisent une mécanisation partielle. Par exemple, certaines opérations de triage effectuées sur la machine de récolte, certaines opérations d’approvisionnement de machines repiqueuses de plants n’ont rien à envier au travail à la chaîne.

Le conducteur de tracteur, comme le conducteur d’engins de travaux publics ou de camions, se trouve soumis à des vibrations ou à des niveaux sonores qui engendrent à la longue des troubles divers (maladies de la colonne vertébrale, troubles nerveux et auditifs, etc.) qui ne sont malheureusement pas considérés juridiquement comme des maladies professionnelles.

Enfin, la dispersion des efforts dans une exploitation agricole et la méconnaissance de règles élémentaires de sécurité sont une source de dangers spécifique de l’activité agricole (manipulation de produits chimiques, protection insuffisante des organes en mouvement, locaux mal conditionnés, présence d’animaux aux réactions imprévisibles, etc.).

• Puissance accrue. Nuisances directes de la machine. L’augmentation des puissances disponibles est généralement une source d’amélioration de la qualité du travail effectué. Néanmoins, assez curieusement, l’excès de puissance peut créer des inconvénients agronomiques importants, dans la mesure où elle permet des interventions des machines dans des conditions climatiques anormales. Prenons quelques exemples dans le travail du sol :
— le tracteur a permis d’approfondir les labours ; cette technique, un moment préconisée par les agronomes, s’est révélée dans bien des cas non seulement coûteuse en énergie, mais nocive sur le plan agronomique (remontée de terre infertile, dilution des engrais, etc.) ;
— dans certaines régions des États-Unis, le travail du sol avec des moyens puissants a accéléré les phénomènes d’érosion éolienne et provoqué de véritables catastrophes pédologiques ;
— les sols fragiles, en particulier les sols à forte teneur en éléments limoneux, risquent de se dégrader par des travaux du sol effectués en conditions trop humides : la puissance limitée des attelages permettait autrefois d’éviter de telles erreurs.

L’action directe des pneumatiques des tracteurs et des machines peut avoir une action de dégradation de certains sols par compaction, principalement en fonction de la pression au sol. Avec certains types de chantiers de récolte à plusieurs machines, compte tenu du débardage, la totalité du terrain se trouve compactée, parfois à plusieurs reprises. Dans ce domaine, il faut bien se persuader que c’est essentiellement la pression au sol qui joue un rôle et non pas seulement le poids de l’engin ; une remorque de 5 tonnes appuie beaucoup plus fortement au sol avec ses pneumatiques qu’un bulldozer de 15 tonnes avec ses chenilles.

Quant à la pollution directe de l’atmosphère par les gaz d’échappement, il faut bien admettre qu’elle paraît négligeable en face des autres sources de pollution, d’autant plus que la plupart des moteurs agricoles sont des moteurs Diesel, moins nocifs que les moteurs à essence.

Les inconvénients de la mécanisation sont indéniables, mais, en face des avantages qu’elle procure, il est normal de constater que le processus est irréversible. Par ailleurs, il faut remarquer que ces inconvénients proviennent souvent d’erreurs d’utilisation ou de choix des machines. En France, la machine est devenue indispensable à l’agriculture, et elle le sera de plus en plus à mesure que la proportion de population active agricole deviendra plus faible dans le pays.

Le problème essentiel est celui de l’adaptation des agriculteurs à ce nouveau moyen de production, d’où l’importance primordiale de la vulgarisation, de l’enseignement, de la presse agricole, des instituts techniques et de leurs conseillers régionaux, des groupements d’étude créés par les agriculteurs, etc.

• Niveau de mécanisation dans quelques pays
Il est difficile de faire des comparaisons entre les pays sur le plan de la mécanisation. En effet, outre l’hétérogénéité ou l’absence totale de statistiques sûres, on bute sur des différences de structures qui rendent ces comparaisons bien hasardeuses.

À titre d’information, le tableau IV donne néanmoins le rapport entre le nombre de tracteurs en service dans un pays et la surface agricole utile, ainsi que le rapport entre le nombre de moissonneuses-batteuses et la surface céréalière. Les données de surface sont connues avec une précision assez bonne, mais les parcs de matériels sont très théoriques, même pour les deux matériels principaux choisis. Pour les autres matériels agricoles, les statistiques sont encore plus imprécises. On estime néanmoins que les tracteurs et les moissonneuses-batteuses représentent environ la moitié de la valeur totale du matériel agricole d’un pays.

Ces quelques chiffres montrent que la France emploie relativement moins de tracteurs par unité de surface agricole que les autres pays de la Communauté européenne, à l’exception de l’Italie. Par contre, les tracteurs français sont probablement plus puissants en moyenne.

Les différences d’équipement en moissonneuses-batteuses sont difficiles à interpréter, car les jours disponibles pour la moisson sont très variables selon les climats.


Les machines agricoles

L’ensemble des équipements et des matériels utilisés dans une exploitation constitue le cheptel mort. Il serait logique d’examiner quel cheptel mort est indispensable à tel type d’exploitation, mais, pour des raisons didactiques, il sera plus aisé de passer en revue les principales opérations culturales et d’examiner comment on a résolu mécaniquement le problème dans les cas les plus courants.

Les machines agricoles sont généralement mobiles et animées par un tracteur. Certaines sont automotrices.

En production végétale, on peut distinguer quatre grands groupes d’opérations :
— la mise en place de la culture (préparation du sol, fertilisation, semis, etc.) ;
— l’entretien de la culture (protection phytosanitaire, fertilisation, élimination des adventices, etc.) ;
— la récolte du produit et son transport ;
— le conditionnement et le stockage.

En production animale, la mécanisation concerne trois postes principaux :
— le conditionnement des locaux d’élevage ;
— la distribution des aliments ;
— la collecte de la production ;
— le nettoyage des locaux.