Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

MacArthur (Douglas)

Général américain (Fort Little Rock, Arkansas, 1880 - Washington 1964).


Fils du général Arthur MacArthur, premier gouverneur américain des Philippines, le futur vainqueur du Pacifique, Douglas, sort major de sa promotion de West Point dans le génie en 1903. Attiré par l’Extrême-Orient, il sert, dès sa sortie de l’école, aux Philippines et au Japon. Sa personnalité affirmée et sa connaissance du caractère japonais — il avait assisté en Mandchourie, en qualité d’observateur, aux côtés de son père, à l’affrontement russo-nippon — le font remarquer par Theodore Roosevelt, dont il devient l’aide de camp de 1906 à 1908. Il est envoyé comme colonel sur le front français dès 1917 ; deux fois blessé, promu général à trente-huit ans, il termine la Première Guerre mondiale à la tête de la 84e brigade de la brillante Rainbow Division, qui se signale notamment sur le plateau de Flirey pendant la bataille de Saint-Mihiel en septembre 1918. De retour aux États-Unis, il commande West Point, puis sert de nouveau aux Philippines, avant de prendre, en 1930, les fonctions de chef d’état-major de l’armée américaine. En 1935, la brillante carrière militaire de MacArthur semble terminée : c’est le prix d’une ascension trop rapide aux plus hautes fonctions.

Retraité comme major général de l’armée des États-Unis, MacArthur est appelé en 1940 par le président Manuel Quezón comme conseiller militaire pour constituer l’armée des Philippines, qui sont en voie d’émancipation. Nommé à Manille commandant en chef des forces alliées de l’archipel en juillet 1941, il fera face, avec une opiniâtreté peu commune, à l’agression japonaise du 8 décembre. Dès le 10, les Japonais débarquent à Luçon, bombardent Manille et entament la conquête des Philippines. Retiré dans l’île de Corregidor, MacArthur dirige la résistance dans la presqu’île de Bataan (qui tiendra jusqu’au 9 avril 1942) et ne quitte les Philippines, sur ordre de Roosevelt, que le 11 mars 1942, en disant « je reviendrai », alors que la partie semblait définitivement perdue. Mis à la tête des forces du Pacifique Sud-Ouest, puis de l’ensemble de celles du Pacifique, il reprend l’offensive en juin 1943 sur la Nouvelle-Guinée, alors qu’à Washington on ne songeait encore qu’à la défense de l’Australie, où des renforts avaient été dirigés en toute hâte. Prudent, économe de ses troupes face à un adversaire décidé à lutter jusqu’à la mort, il préfère la souplesse et l’encerclement par les ailes à l’attaque frontale. Progressant par « sauts de grenouille », il mène avec dix divisions (4 américaines et 6 australiennes) l’offensive par le sud en direction des Philippines, tandis que l’amiral Nimitz* attaque au nord avec de puissantes forces aéronavales. En octobre 1944, après la victoire décisive de Leyte, MacArthur reprend pied à Corregidor. Le 2 septembre 1945, il signe l’acte de capitulation du Japon, après avoir dirigé « la plus extraordinaire guerre triphibie de tous les temps » (Churchill).

Pendant cinq ans, il exerce comme commandant des troupes d’occupation un pouvoir quasi absolu au Japon. Visionnaire d’un univers plus lointain « qui aurait pour axe le grand Océan autour duquel vivent un milliard d’hommes », il a conscience du rôle essentiel que pourra y jouer le Japon. C’est pourquoi, adoucissant la rigueur des accords de Potsdam (juill.-août 1945), il maintient les structures traditionnelles de l’empire vaincu, évitant ainsi le vide spirituel qui pourrait faire courir au Japon le risque de nouvelles aventures.

Au moment où, en juin 1950, éclate la guerre de Corée*, MacArthur, malgré ses soixante-dix ans, est aussitôt mis à la tête des forces des Nations unies engagées dans ce pays. « L’effondrement complet de la Corée du Sud est imminent », télégraphie-t-il à Washington en juillet, après la prise de Séoul par les Nord-Coréens. Une fois de plus, grâce à sa détermination, il va dominer une situation désespérée et parviendra à reconduire les Nord-Coréens à la frontière sino-coréenne que sillonne le fleuve Ya-lu. Mais l’intervention massive, en novembre 1950, des troupes chinoises de Lin* Piao compromet de nouveau la situation des forces de l’O. N. U. Au début de 1951, alors qu’un nouveau front vient d’être péniblement stabilisé, MacArthur, partisan convaincu d’une victoire décisive, prône la reprise de l’offensive avec un emploi éventuel de l’arme atomique. C’est alors que, refusant le risque d’un conflit ouvert avec les Chinois, le président Truman le relève le 11 avril de son commandement et le remplace par le général Ridgway.

De retour aux États-Unis, MacArthur reçoit à San Francisco un accueil délirant, et sa dramatique apparition devant le Congrès bouleverse des millions d’Américains et peut laisser croire qu’une carrière politique s’ouvre devant lui. Mais quand, étourdi d’acclamations, il se retire dans les tours du Waldorf-Astoria, il sait que son rôle vient de prendre fin. Considéré par les uns comme un mégalomane factieux, adulé par d’autres, il décide de s’enfoncer dans sa retraite et se borne à apporter son soutien à la candidature d’Eisenhower* à la présidence (1953). La discrétion dont il fait preuve désormais est à la mesure de l’esprit de discipline dont il a témoigné tout au long de son étonnante carrière.

P.-A. V.

➙ Corée / Guerre mondiale (Seconde) / Japon / Philippines.

 J. W. Spanier, The Truman-MacArthur Controversy and the Korean War (Cambridge, Mass., 1959).

McCullers (Carson Smith)

Écrivain américain (Columbus, Géorgie, 1917 - Nyack, New York, 1967).


Cette romancière d’origine irlandaise, née dans le Sud, symboliquement à Columbus, et morte dans le Nord prématurément, a écrit quelques-uns des plus beaux textes jamais publiés sur l’amour et le problème de la communication. Le titre de son premier roman, Le cœur est un chasseur solitaire (The Heart is a Lonely Hunter, 1940), est caractéristique de son inspiration : il débusque le paradoxe de l’amour.