Lyon (suite)
Les problèmes d’urbanisme sont débattus à la fin du siècle : deux grands projets prévoient l’extension de la ville, sur la rive gauche du Rhône et au sud de la presqu’île. Dans les deux cas, des quartiers au tracé régulier devaient être desservis par des canaux de dérivation et agrémentés de jardins. Mais ces entreprises dépassaient les possibilités financières de la ville, et l’extension anarchique les remplaça. Un projet peu connu de palais impérial, dans le quartier Perrache, eut le même sort que celui de Chaillot à Paris.
La « fabrique » occupait de nombreux peintres-dessinateurs en soierie ; l’éducation artistique, d’ailleurs, étaient souvent conçue à Lyon dans une optique utilitaire. Mais la réussite esthétique de Philippe de La Salle, rénovateur du tissage des soies brochées (1723-1804), et surtout celle du peintre Jean Pillement (1728-1808) marquèrent le xviiie s. lyonnais.
Destructeurs de maisons et de couvents, les Révolutionnaires eurent le mérite de créer dans l’ancien monastère de Saint-Pierre le musée des Beaux-Arts, qui s’y trouve encore. Cette fondation put influencer les peintres lyonnais du xixe s. En tout cas, c’est à la tradition davidienne que se rattache le double courant préraphaélite (Victor Orsel [1795-1850], Jean-Louis Janmot [1814-1892]) et ingriste (les frères Auguste [1804-1842], Hyppolyte [1809-1864] et Jean-Paul [1811-1902] Flandrin). Si l’on y ajoute le symbolisme de Puvis de Chavannes* ainsi que les œuvres d’Auguste Ravier (1814-1895) et de Louis Carrand (1821-1899), qui décrivent la lumière extérieure à l’écart de l’impressionnisme et sans aucun esprit d’école, on perçoit l’existence d’un milieu riche, encore peu connu.
En architecture, la richesse de la ville et sa piété firent se multiplier les pastiches religieux, dont le plus notoire est la basilique de Fourvière. Au début du xxe s., Tony Garnier (1869-1948), guidé par une réflexion sociale, créa des édifices fonctionnels (hôpital Édouard-Herriot, stade, abattoirs...). Après la tentative urbanistique de la Duchère, le Centre directionnel de la Part-Dieu rachètera-t-il la médiocrité de certaines réalisations municipales contemporaines ? L’hôpital cardiologique est une œuvre qui retient l’attention.
La centralisation parisienne dans le domaine des arts plastiques joue au détriment de Lyon comme d’autres villes de province, qu’elle maintient à l’écart du circuit des grandes expositions. Cependant, elle n’a pu empêcher la création de remarquables musées spécialisés : après celui des Tissus (seconde moitié du xixe s.), ceux des Arts décoratifs, de la Marionnette et surtout de l’Imprimerie. Plus encore, et surtout depuis le second après-guerre, se multiplient les galeries exposant de nombreux peintres et sculpteurs, lyonnais ou non. Des tendances très variées sont représentées, avec la persistance d’un caractère commun : le goût du beau métier. Et certains de ces artistes prêtent leur concours au renouveau théâtral qui se manifeste au même moment dans la région lyonnaise.
E. P.
Visages du Lyonnais (Horizons de France, 1953). / R. Jullian, Lyon (Laurens, 1960). / V.-H. Debidour et M. Laferrère, Lyon et ses environs (Arthaud, 1969). / H. Hours, Présence de la Renaissance (Éd. Réalisation, Lyon, 1971).