Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lyautey (Louis Hubert Gonzalve) (suite)

Maréchal de France en 1921, il sera pourtant écarté du Maroc en pleine guerre du Rif, alors qu’il vient de sauver Taza et de briser l’assaut des forces d’Abd el-Krim (été 1925). En lui retirant ses fonctions de commandant en chef, confiées au maréchal Pétain*, le gouvernement Painlevé provoque la démission de Lyautey, qui quitte le Maroc le 10 octobre 1925.

Retiré à Thorey, Lyautey ne continuera pas moins à travailler sans relâche ; il engage son prestige en organisant des réunions où l’on retrouve de jeunes Marocains, des étudiants de Nancy, des scouts, des cultivateurs... Il reçoit de nombreuses personnalités et les accueillera également à Paris, où il fait de fréquents séjours. En 1928, il inaugure en présence du président Poincaré le monument élevé sur la « colline inspirée » à la mémoire de Barrès. Il sera chargé, comme commissaire général, d’organiser l’Exposition internationale coloniale qui s’ouvrira à Vincennes en 1931 et où il réalisera une évocation grandiose et vivante de l’œuvre de la France dans le monde. Le musée permanent de la France d’outre-mer devait survivre à cette manifestation, assortie de congrès scientifiques, culturels et médicaux portant sur les problèmes du développement des peuples.

Lyautey a marqué profondément son temps. Il est l’exemple d’un chef militaire ayant possédé au plus haut degré, outre sa valeur technique, des qualités, des mérites et des dons universels. Il avait l’âme du penseur, le sens social du chrétien, le génie de l’organisation, l’esprit du moraliste, le talent de l’écrivain. Il a créé une sorte d’humanisme militaire et une doctrine exemplaire de compréhension et de fraternisation entre les mondes différents : « J’ai compris la Chine, l’Orient, l’islam, écrivait-il, ces civilisations différentes et non inférieures. » Fondant son action sur le respect des croyances et des coutumes comme sur la primauté des valeurs spirituelles, il a su élever au rang de l’apostolat, par la modération, l’équité, le rayonnement et la perception de l’avenir, les plus hautes vertus des bâtisseurs et administrateurs des pays d’outre-mer. Enfin, avec la stature d’un homme d’État, il n’a cessé d’être un homme d’ordre, se refusant à toute aventure ou ambition politique : aussi bien pendant l’affaire Dreyfus* que lors des événements du 6 février 1934, il s’est interdit de céder à de pressantes sollicitations. Il reste l’un des rares militaires de cette taille dont la gloire et l’exemple sont demeurés purs dans l’armée comme dans la nation. On lui doit : le Rôle social de l’officier (1891), Du rôle colonial de l’armée (1900), Dans le sud de Madagascar, pénétration militaire, situation politique et économique (1903), Paroles d’action (1927), Lettres du Tonkin et de Madagascar (1894-1899) [1931], Lettres du sud de Madagascar (1900-1902) [1935] et une série d’études, de documents, de lettres et de rapports qui contribuent à éclairer sa personnalité. Son corps, qui avait été d’abord inhumé à Rabat, repose depuis 1961 sous la coupole des Invalides.

J. G.

➙ Maroc.

 A. Maurois, Lyautey (Hachette, 1939 ; nouv. éd., 1953). / P. Heidsieck, Rayonnement de Lyautey (Gallimard, 1941 ; nouv. éd., 1949). / G. Catroux, Lyautey le Marocain (Hachette, 1952). / P. Lyautey, Lyautey l’Africain (Plon, 1953-1957 ; 4 vol.). / Comte de Saint-Aulaire, Au Maroc, avant et avec Lyautey (Flammarion, 1954). / M. Durosoy, Lyautey, mon général (Julliard, 1956). / G. de Tarde, Lyautey, le chef en action (Gallimard, 1959).

Lycopodinées

Classe de plantes vasculaires actuelles et fossiles, sans graines, du groupe des Ptéridophytes, comprenant quatre ordres : les Lycopodiales, les Sélaginelles, les Isoétales et les Lépidodendrales.



Lycopodiales

Les Lycopodiales, apparues au Silurien, subsistent encore à l’heure actuelle avec un seul genre, comprenant 200 espèces, dont 6 en France. Ce sont des plantes le plus souvent rampantes, avec de nombreuses petites feuilles les faisant ressembler aux mousses. Les racines adventives ont une coiffe comme chez les Angiospermes, et les tiges, à structure anatomique très primitive, possèdent des vaisseaux ligneux et des tubes criblés, mais pas de formations secondaires. Les sporanges, groupés en épis et portés sur des feuilles très petites, s’ouvrent par une fente transversale et produisent des spores jaunes toutes semblables, qui peuvent attendre plusieurs années avant de germer et de donner alors le gamétophyte (prothalle). Les prothalles, ordinairement souterrains et massifs, possèdent à leur partie supérieure les organes reproducteurs : anthéridies et archégones ; un seul œuf se développe, extrêmement lentement, et donne la nouvelle plante feuillée ; on est donc en présence de plantes isosporées ayant un seul type de prothalle bisexué.

Les Lycopodes sont surtout présentes dans les régions tropicales ; les espèces françaises sont localisées dans les landes et les tourbières de plaine et de montagne. La « poudre de Lycopode » (les spores) avait autrefois divers usages en pharmacie, et son extrême inflammabilité la faisait rechercher en pyrotechnie sous le nom de soufre végétal.


Sélaginellales

Cet ordre, dont les premiers fossiles datent du Carbonifère inférieur, est maintenant représenté par un seul genre, comprenant environ 600 espèces. Les tiges, souvent rampantes comme chez les Lycopodiales, sont ramifiées par dichotomie. Les feuilles, opposées, nettement plus larges que chez les Lycopodes, sont disposées sur quatre rangs. Les sporanges, qui possèdent la même disposition que dans l’ordre précédent, sont de deux types : les macrosporanges, qui donnent chacun quatre grosses spores (macrospores), et les microsporanges, qui produisent un grand nombre de petites spores (microspores), environ vingt fois plus petites que les précédentes ; il y a donc ici hétérosporie, ce qui marque une étape importante dans l’évolution. Les microspores sont à l’origine de prothalles mâles très réduits ; une seule cellule végétative, avec une anthéridie composée de treize cellules : les quatre cellules internes, par six bipartitions, fournissent 28 (256) anthérozoïdes binucléés. Les macrospores germent ordinairement sur le sporange, et les prothalles femelles ont de nombreux archégones, dont un seul est fécondé. L’œuf se divise, et l’embryon, avec une file de cellules, ou suspenseur, s’enfonce dans la zone nourricière du prothalle, puis la nouvelle plante feuillée se développe.

Les Sélaginelles vivent dans les régions tropicales, mais trois se trouvent en France. Quelques espèces sont employées comme plantes d’appartement et comme gazon dans les serres chaudes ; elles sont parfois nommées à tort lycopodes.