Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lutosławski (Witold)

Compositeur polonais (Varsovie 1913).


Sa personnalité domine l’école polonaise d’aujourd’hui, dont il est le maître spirituel. On sait la prodigieuse floraison de la création musicale d’avant-garde en Pologne à la suite de la libéralisation idéologique inaugurée par l’« octobre polonais » de 1956. Mais la Pologne a eu le privilège, unique dans les pays de l’Est, de posséder un créateur déjà mûr, apte à assurer le lien avec la génération de l’avant-guerre et àpermettre ainsi une continuité dans la tradition créatrice du pays.

Élève de Witold Maliszewski (1873-1939) pour la composition, Lutosławski s’affirma dès 1938 avec ses Variations symphoniques, mais les années de guerre, passées dans la clandestinité et la misère, retardèrent la véritable éclosion de son talent jusqu’en 1947, date de l’achèvement de la Première Symphonie, partition vigoureuse et riche, d’un néo-classicisme d’obédience encore un peu roussélienne, révélant les affinités profondes du compositeur pour la musique française, et qui eut le triste privilège d’être la première œuvre interdite par le régime d’alors. Jusqu’en 1956, Lutosławski, comme tous ses compatriotes, dut se plier aux directives officielles, écrire des musiques utilitaires, des arrangements de folklore, et garder par devers lui de rares œuvres de recherche personnelle comme l’Ouverture pour cordes de 1949. Le monumental Concerto pour orchestre, qui situe son auteur dans la lignée d’un Bartók*, constitue le bilan de cette époque, tout en révélant les riches possibilités encore latentes de développements futurs. La Musique funèbre pour cordes de 1958, « tombeau » de Bartók, inaugure les recherches dodécaphoniques qui jamais n’atteindront à la rigueur de l’école viennoise, dont Lutosławski se sent fort éloigné. Il se situe plutôt dans la lignée Debussy*-Stravinski*-Bartók-Varese*. Depuis quinze ans, ses œuvres nouvelles, peu nombreuses, mais longuement élaborées et toutes très importantes, ont fait une place grandissante à l’élément aléatoire (très contrôlé), qui apparaît pour la première fois dans les Jeux vénitiens. Les Trois Poèmes d’Henri Michaux, d’une extraordinaire puissance expressive, le Quatuor, la Seconde Symphonie, le Livre pour orchestre, le Concerto pour violoncelle, autant de jalons essentiels de cette démarche vers une liberté et une maîtrise sans cesse affirmées, vers un raffinement croissant de la facture, reflet d’un esprit dont l’attirance vers la concision et la lucidité françaises est balancée par la fantaisie impulsive et libertaire propre au tempérament polonais.

Les œuvres principales de Lutosławski

Orchestre : Variations symphoniques (1938) ; Première Symphonie (1947) ; Petite Suite (1950) ; Concerto pour orchestre (1954) ; 3 Postludes (1958-1960) ; Jeux vénitiens (1961) ; Seconde Symphonie (1967) ; Livre pour orchestre (1968) ; Concerto pour violoncelle (1970).

Orchestre à cordes : Ouverture (1949) ; Musique funèbre (1958) ; Préludes et fugue pour treize instruments à cordes (1972).

Musique vocale : Triptyque silésien, pour soprano et orchestre (1951) ; 5 Mélodies, pour mezzo et orchestre (1958) ; Trois Poèmes d’Henri Michaux, pour chœurs et orchestre (1963) ; Paroles tissées, pour ténor et orchestre (1965).

Musique de chambre : Variations sur un thème de Paganini pour 2 pianos (1941) ; Quatuor à cordes (1964).

H. H.

 O. Nordwall, Lutosławski (Stockholm, 1968).

lutte

Type de sport de combat dans lequel deux adversaires s’affrontent à mains nues.



L’historique

Il n’existe aucun peuple qui n’ait pratiqué cet exercice, sous une forme ou sous une autre. Les hommes, suivant leur tempérament et leurs coutumes, ont apporté des règles plus ou moins compliquées à ce « jeu ». Pindare a vanté les mérites des lutteurs de son époque. Dans l’Antiquité, la lutte figurait aux jeux Olympiques, derrière la course de chars et le pentathlon.

La légende nous apprend qu’Héraclès, créateur des jeux Olympiques antiques, fut vainqueur à la lutte et au pancrace. Parmi les autres vainqueurs dont les noms sont parvenus figure Milon de Crotone, cependant qu’Ajax et Ulysse se seraient affrontés devant l’armée grecque aux jeux donnés en l’honneur de Patrocle.

Au Moyen Âge, les seigneurs possédaient des équipes de lutteurs. À la Renaissance, le prestige de la lutte française fut rehaussé par la victoire, en 1520, de François Ier sur Henri VIII, roi d’Angleterre, lors de l’entrevue du Camp du Drap d’or.

De nombreux « styles » de lutte se sont répandus à travers le monde, luttes appartenant en majorité au folklore des nations, telles que le glima en Islande, la lutte « au caleçon » en Suisse, le sambo en U. R. S. S., les luttes africaines, luttes « à l’huile » en Turquie et en Iran, le sumō et le judo* au Japon, le kusti en Inde, le catch as catch can aux États-Unis, sans oublier la très ancienne lutte bretonne.

Presque partout, la discipline physique qu’est la lutte a été préconisée comme un moyen éducatif formateur du corps : chez les Perses, les Égyptiens et les Grecs. Plus près de nous, Rabelais fait lutter Gargantua. Juan Luis Vives préconise la lutte dès l’âge de quinze ans. Montaigne parle de ce sport, que Jean-Jacques Rousseau préférait à d’autres activités physiques. Bien d’autres éducateurs ont utilisé la lutte comme moyen de formation corporelle, tels G. Mercuriale (1530-1606), et surtout Georges Hébert (1875-1957), dont la méthode d’éducation physique fit autorité.

Il y eut le règne des professionnels, puis, peu avant 1850, à Aix-en-Provence, le style de lutte gréco-romaine prit naissance grâce à Exbrayat, ancien grognard de l’Empire, qui occupait ses loisirs à lutter et qui fonda la première arène ambulante de lutte qui ait circulé en France.

C’est en 1896 que la lutte (gréco-romaine) reprit sa place aux premiers jeux Olympiques modernes, où elle ne comportait qu’une catégorie, dominée par l’Allemand Schumann. Quant à la lutte libre, elle ne fut inscrite qu’en 1904 avec sept catégories, des poids mouche aux poids lourds.

En 1924, Henri Deglane devait donner à la France son premier titre olympique, en gréco-romaine, dans la catégorie des lourds. Ce succès allait véritablement lancer la lutte amateurs en France. Deux autres Français devaient ensuite devenir champions olympiques, mais en lutte libre : Charles Pacôme (en 1932, chez les légers) et Émile Poilvé (en 1936, chez les moyens).