Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Luther (Martin) (suite)

Quelques dates essentielles

1483

Naissance de Luther (le millésime et la date, 10 nov., sont incertains).

1484

Naissance de Zwingli*.

1492

Découverte de l’Amérique.

1498

Exécution de Savonarole* (31 mai).

1501

Luther à l’université d’Erfurt.

1502

Fondation de l’université de Wittenberg par Frédéric III le Sage, duc-électeur de Saxe.

1505

Luther entre au couvent (18 juill.).

1508

Luther est chargé de cours à Wittenberg.

1509

Naissance de Calvin* (10 juill.).

1510

Luther à Rome.

1512

Luther docteur en théologie et professeur d’Écriture sainte (19 oct.).

1512-13 (ou 1518-19)

Expérience spirituelle décisive de Luther.

1513-1518

Les grands cours bibliques de Luther à Wittenberg.

1516-1515

Première édition du Nouveau Testament grec par Érasme.

1517

La querelle des Indulgences.

1517

Les quatre-vingt-quinze thèses (31 oct.).

1518

La dispute de Heidelberg. Luther déclaré hérétique. Débuts de Zwingli.

1519

Mort de l’empereur Maximilien Ier. Élection de Charles* Quint (28 juin).

Dispute de Leipzig (juill.).

1520

« Les trois écrits réformateurs. »

La bulle Exsurge Domine (15 juin), brûlée par Luther (10 déc.).

1521

Luther à Worms (comparution devant le Reichstag, 16-18 avr.) ; mis au ban de l’empire (26 mai).

Mort du pape Léon X.

1521-1522

Luther au château de la Wartburg ; traduction du Nouveau Testament.

1522

Luther de retour à Wittenberg (9 mars).

1523

Lefèvre d’Étaples à Meaux.

1524

La guerre des Paysans.

Œcolampade à Bâle, Bucer* à Strasbourg, Calvin au collège Montaigu.

1525

Écrits de Luther contre les anabaptistes et les paysans.

Mariage avec Katharina von Bora (13 juin).

De servo arbitrio.

1526-1527

Première diète (ou Reichstag) de Spire.

1528

Écrits de Luther contre Zwingli.

1528

Calvin à Orléans.

1529

Deuxième diète et « protestation » de Spire.

Le Petit et le Grand Catéchisme de Luther.

Colloque de Marburg avec les Zwingliens.

1530

Diète et « Confession » d’Augsbourg.

1531

Mort de Zwingli.

1532

Commentaire (humaniste) de Calvin sur le De clementia de Sénèque.

1533

Le roi d’Angleterre Henri VIII* rompt avec Rome. Conversion de Calvin.

1535

Calvin à Bâle (lettre à François Ier).

1536

Première édition de l’Institution de la religion chrétienne et premier séjour de Calvin à Genève.

1537

Articles de Smalkalde.

1538

Calvin à Strasbourg.

1540

Mariage de Calvin.

Fondation de la Compagnie de Jésus*.

1541

Calvin, installé définitivement à Genève, publie la deuxième édition (française) de l’Institution.

1545

Ouverture du concile de Trente* (13 déc.).

Luther : Contre la papauté romaine...

1546

Mort de Luther (18 déc.).

lutherie

« Art de faire et droit de vendre toutes sortes d’instruments de musique soit à cordes soit à vent », écrit l’Almanach Dauphin en 1777. Cette définition, donnée à une époque où le métier commençait à s’organiser, constitue une première approche, qu’un rapide aperçu historique va nous permettre de préciser.


Au Moyen Âge, le terme luthier n’existe pas. On ne trouve que celui de feseur d’instrumens, dont la mention la plus ancienne remonte à une ordonnance du prévôt de Paris de 1297. La profession est d’ailleurs trop embryonnaire pour posséder son autonomie. Aussi est-elle annexée à celle des « joueurs d’instruments et maîtres de danse ». Quant aux faiseurs d’instruments à vent, en raison de la matière qu’ils travaillent, ils iront tout bonnement rejoindre les chaudronniers. Il revient à Henri IV de promulguer en 1599 les « lettres de création du métier [...] en maîtrise de ses privilèges et statuts ». Ce document, officiellement confirmé par Louis XIV, sera enregistré au parlement le 6 septembre 1681. Le terme luthier n’apparaîtra qu’à la fin de ce siècle, sa racine « luth » rappelant le principal objet de son travail. À cette époque, les compétences sont réparties à l’intérieur de la profession. Ainsi, on trouve des luthiers facteurs de clavecins, d’orgues, de harpes ou d’instruments à vent. La spécialisation deviendra définitive à la fin du xviiie s., laissant au luthier le monopole de la fabrication des seuls instruments à cordes frottées et pincées.

L’histoire de la lutherie est en général connue de manière très fragmentaire. Elle se résume sommairement pour le profane aux noms de trois personnalités : Amati, Stradivarius (Stradivari), Vuillaume, et de trois villes : Crémone, Mirecourt, Paris.

C’est en Allemagne qu’apparaissent les premiers luthiers célèbres à la fin du xve s. Cependant, la dynastie des Tieffenbrucker, en émigrant soit en Italie, soit en France, contribue à déplacer les centres d’activité vers ces deux pays. Dès la fin du xvie s. et pendant un siècle et demi environ s’instaure le règne de la lutherie italienne. Il se concentrera surtout dans la petite ville de Crémone, qui incarnera à tout jamais le haut lieu de la lutherie.

Les centres allemands ou français sont bien d’égaler la petite cité lombarde. L’excellence des Italiens semble cependant diminuer à la fin du xviiie s., laissant pour la période suivante l’initiative à la France. La personnalité la plus marquante est sans conteste celle de Jean-Baptiste Vuillaume, qui exerça sur la profession un ascendant un peu comparable à celui d’Antonius Stradivarius. Après lui, les familles des Gand et des Bernardel prolongent la prééminence de la facture française.

La lutherie comporte trois activités essentielles : la construction des instruments, suivie de leur réglage, la restauration, enfin l’expertise.

Les différentes phases de la première opération sont fort complexes si l’on songe qu’un violon comporte de 83 à 85 pièces. La construction ne saurait se séparer du réglage, qui peut améliorer considérablement la sonorité. L’examen porte sur trois points : la barre d’harmonie, dont le forçage doit s’équilibrer avec celui de l’âme, la pose de cette dernière et le chevalet. Les vibrations de la table forment une sorte de 8. Théoriquement, l’âme devrait se trouver au centre de cette spirale. Cependant, sa place peut varier selon l’objectif à atteindre. Située très près du chevalet, elle donnera un son très timbré, mais une émission difficile. Plus loin, la sonorité aura moins d’éclat, mais l’émission dans le grave sera aisée. Les mêmes qualités, les mêmes inconvénients se produisent suivant que la tête du chevalet sera respectivement mince ou forte, inclinée vers l’avant ou vers l’arrière. Le choix du calibre des cordes parachève ce travail, qui varie en définitive avec le tempérament de chaque interprète.