Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

lubrifiant (suite)

• Les moteurs d’avion à pistons utilisent des huiles minérales semblables aux huiles auto, avec un point de congélation très bas, assurant le démarrage à froid en toute région du globe, et avec un indice de viscosité (V. I.) très élevé, permettant des températures de marche plus considérables. L’essence aviation ayant une forte teneur en plomb tétraéthyle, le lubrifiant qui lui est associé contient des additifs de dispersion destinés à éviter la formation de dépôts plombeux. Le graissage des turbopropulseurs (turbines à gaz) et des turboréacteurs (jets) de l’aviation moderne ne peut plus être assuré avec des huiles minérales pures, extraites du pétrole, mais exige des lubrifiants dits « de synthèse » : il s’agit notamment d’esters, comme ceux qui sont obtenus par réaction d’un alcool avec un acide carboxylique, seuls corps à la fois fluides à froid et ne s’évaporant ni ne s’acidifiant à chaud, tout en restant compatibles avec les divers métaux ou élastomères utilisés dans le réacteur.


Les lubrifiants industriels

• Les huiles pour mouvements, utilisées au graissage des paliers, des butées, des glissières et autres organes comportant un frottement de métal sur métal, couvrent une gamme complète, des plus fluides aux plus visqueuses.

• Les huiles EP (extrême pression), contenant des additifs spéciaux obtenus par synthèse chimique, sont utilisées pour la lubrification des engrenages sous carter.

• Les huiles de coupe, employées pour l’usinage des métaux, sont généralement « compoundées », c’est-à-dire additionnées d’un corps gras, ou « émulsionnables », pour être mélangées à de l’eau.

• Les huiles pour machines textiles doivent être « adhésives », pour éviter la projection de lubrifiant sur les produits en cours de fabrication, ou « détachables », afin que le tissu souillé puisse être facilement nettoyé par un simple lessivage.

• Les graisses sont des lubrifiants semi-solides obtenus en mélangeant une huile minérale et un savon métallique au lithium, au sodium, au calcium ou à l’aluminium. Leur point de congélation varie de 100 à 150 °C, et leur pénétration à 25 °C s’étage entre 100 et 300 mm. On les utilise pour les roulements à billes ou à rouleaux, pour les applications dans lesquelles l’étanchéité doit être assurée en même temps que la lubrification ou bien lorsque le renouvellement du lubrifiant est mal commode et enfin pour assurer le graissage d’un palier dès l’origine pour toute sa vie utile, comme dans la construction de voitures et de réfrigérateurs. Pour le graissage des câbles et des engrenages nus situés à l’extérieur, il faut se servir de produits noirs adhésifs à base de bitume.


Autres usages industriels

On rattache à l’industrie des lubrifiants diverses huiles et corps gras d’origine pétrolière dont la fabrication est commune.

• C’est ainsi que la métallurgie et la transformation des métaux utilisent des huiles minérales pour la trempe et les autres traitements thermiques, pour le laminage et l’étirage à froid, et, bien entendu, pour la protection des pièces contre la corrosion.

• L’industrie électrique se sert d’huiles isolantes pour les transformateurs et les disjoncteurs ainsi que pour l’imprégnation des câbles.

• Les transmissions hydrauliques, dont l’emploi est si généralisé, exigent des huiles de la plus haute qualité, à indice de viscosité élevé, à faible compressibilité et à grande résistance à la pression (EP) ; les fluides hydrauliques résistant au feu peuvent être soit des émulsions d’huile rendue ininflammable par incorporation d’eau, soit des produits synthétiques ininflammables par eux-mêmes.

• Enfin, les industries alimentaire, pharmaceutique et cosmétique utilisent des huiles médicinales blanches et des vaselines d’origine pétrolière.

A.-H. S.

➙ Additif / Bitume / Lubrification / Pétrole / Raffinage.

 J. L. Groff, ABC du graissage (Technip, 1956 ; 2 fasc). / A. Schilling, les Huiles pour moteurs et le graissage des moteurs (Technip, 1962-63 ; 2 vol.).

lubrification

Interposition d’un film de lubrifiant (liquide, gazeux ou pâteux) entre les surfaces en contact de deux éléments mécaniques en mouvement l’un par rapport à l’autre, dans le dessein de diminuer les forces de frottement, l’usure et l’échauffement.


L’importance de la lubrification ou, comme on dit vulgairement, du graissage a été reconnue de tout temps, et l’Antiquité utilisait déjà des corps gras comme le lard, le suif ou le suint pour graisser les essieux de roues. L’ère de la machine à vapeur, puis des mécaniques modernes a été rendue possible par la mise au point de lubrifiants liquides : huiles végétales provenant du ricin ou du colza et huiles minérales extraites du pétrole.


Frottement immédiat

En l’absence de toute lubrification, le frottement de deux pièces mécaniques en mouvement relatif est appelé frottement sec ou encore frottement immédiat ; dans ce cas, les forces de frottement, encore appelées résistances passives, sont dues :
1o aux forces intermoléculaires ;
2o aux aspérités des surfaces en contact, lesquelles, avec le temps, s’égalisent progressivement et se polissent (c’est le rodage) ;
3o à la rupture des microsoudures qui peuvent se produire entre les extrémités des aspérités des deux corps ;
4o au bourrelet frontal qui se forme sur le plus grand des corps juste à l’avant du plus petit ;
5o aux contraintes rythmées, qui produisent un phénomène thermique d’échauffement et d’écrouissage du matériau ;
6o aux déformations permanentes.


Frottement médiat

Le frottement lubrifié, encore appelé frottement médiat, résulte de l’interposition d’un lubrifiant entre les surfaces des corps en contact. Lorsque cette lubrification est obtenue par de l’huile, on distingue essentiellement trois phénomènes différents suivant l’épaisseur du film de lubrifiant.