Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lou Yeou (suite)

En Chine, et particulièrement à l’époque Song, les lettrés participent activement à la vie politique. Lu You ne fait pas exception, et ses poèmes reflètent ses convictions profondes. Son idée maîtresse est qu’il faut reconquérir les provinces du Nord occupées par les Jin (Kin). Cette ferme volonté lui vaut d’être classé aujourd’hui dans la catégorie des « poètes patriotes ». À mesure que les empereurs Song s’installent dans la facilité, sa déception s’exprime avec plus d’amertume. Pourtant, l’espoir demeure dans son dernier poème, intitulé À mon fils :
Quand je serai parti, je sais que toute chose sera finie,
Mon seul regret est de n’avoir pas vu les Neuf Provinces réunies.
Le jour où les armées impériales auront réglé le sort de la Grande Plaine,
Au sacrifice ancestral, n’oublie pas d’en avertir ton aïeul.

D. B.-W.

Lozère. 48

Départ. de la Région Languedoc-Roussillon ; 5 168 km2 ; 74 825 hab. (Lozériens). Ch.-l. Mende. S.-préf. Florac.


Essentiellement montagnard, l’ancien comté du Gévaudan ne révèle que peu d’affinités avec les autres départements de la Région et s’inscrit parmi les zones les plus dépeuplées et les moins dynamiques. La « montagne » présente deux grands ensembles : au nord, les massifs granitiques de la Margeride et les plateaux qui passent vers l’ouest aux épanchements volcaniques de l’Aubrac, vers le sud aux sommets cévenols (mont Lozère, 1 702 m ; Bougès, 1 426 m) ; au sud, les grandes tables calcaires des Causses (Sauveterre, Méjean) avec leurs merveilles naturelles (gorges du Tarn, aven Armand) dues au relief karstique.

L’altitude moyenne s’abaissant rarement au-dessous de 1 000 m, le climat est froid, les hivers sont longs et enneigés, sans apporter pour autant toutes les conditions nécessaires à l’implantation de stations de ski. Les apports pluviométriques importants font de la Lozère un château d’eau, les eaux se dispersant vers le Rhône (Cèze, les Gardons, Chassezac), la Loire (Allier) et la Garonne (Tarn et Lot).

Les hommes ont fui cette région peu hospitalière, alimentant les courants migratoires vers le bas pays tout spécialement, Nîmes et Montpellier. Le maximum de population est atteint au milieu du xixe s. (145 000 hab. en 1851, soit près du double du chiffre actuel), et, depuis 1881, la baisse est régulière (129 000 hab. au début du siècle, à peine plus de 100 000 dans l’entre-deux-guerres). Ce chiffre ne sera jamais plus atteint, et, entre les deux derniers recensements (1968 et 1975), la baisse enregistrée a été de l’ordre de 5 p. 100. Seuls quatre cantons ont enregistré des taux positifs : Mende, Marvejols, Florac et La Camargue. À l’opposé, les cantons de Villefort, du Massegros, de Meyrueis, du Pont-de-Montvert, du Bleymard, etc., se dépeuplent à une cadence accélérée. Les villes révèlent les mêmes insuffisances : Mende compte seulement 11 977 habitants ; Saint-Chély-d’Apcher et Marvejols dépassent à peine les 5 000 habitants, chiffre que Langogne n’atteint pas. Au total, 157 communes sur 185 comptent moins de 500 habitants et regroupent 40 p. 100 de la population ; les deux tiers de la population se répartissent dans des villages de moins de 2 000 habitants.

La situation démographique actuelle est tout aussi préoccupante, puisque, au niveau des moyennes départementales, les naissances arrivent à peine à équilibrer les décès, l’arrondissement de Mende compensant les carences de celui de Florac, où tous les cantons, à l’exception du Massegros, enregistrent des taux négatifs. Cela découle en partie du vieillissement d’une population comptant 15 p. 100 de plus de soixante-cinq ans.

L’économie est essentiellement pastorale. À la faiblesse des établissements industriels (plus d’un millier au total, mais 90 p. 100 emploient moins de 5 salariés) répond l’importance du secteur primaire. Les agriculteurs et les salariés agricoles représentent plus de 40 p. 100 de la population active. Les deux tiers du troupeau bovin régional se situent en Lozère, près de 90 000 têtes de bétail (le double d’il y a un siècle) donnant près de 800 000 hl de lait, destiné à l’élevage des veaux et à la consommation. Seul l’Aubrac d’allure « cantalienne » produit des fromages et joue le rôle d’alpage pour les zones plus basses. La race d’Aubrac, rustique, utilisée pour les travaux des champs, mais mauvaise laitière, est peu à peu supplantée par la brune des Alpes et la pie noire. La Margeride, où bovins et ovins se côtoient, est spécialisée dans la production des veaux (dont Langogne est le principal marché), qui approvisionnait autrefois la région parisienne et qui alimente de nos jours la façade méditerranéenne. Le domaine propre au mouton s’affirme avec les Causses, qui regroupent plus du tiers du troupeau régional, soit plus de 200 000 têtes (mais près de 350 000 à la fin du xixe s. et un demi-million au xviiie s.). À l’élevage pour la production lainière s’est substituée la spécialisation laitière dans l’orbite des fromageries de Roquefort et la fourniture d’agneaux de boucherie.

L’utilisation du sol révèle quatre grands types : les maigres pâturages caussenards réservés aux moutons et les pays herbagers des confins septentrionaux dans le massif basaltique de l’Aubrac ; les pays céréaliers, à des altitudes plus basses sur les plateaux de la Margeride, où les conditions climatiques sont plus favorables ; les cultures plus spécialisées des fonds de vallées bien abritées, notamment les vergers ; les pays de polyculture extensive où abondent landes et terres incultes sur les granites des monts de la Margeride et les assises calcaires des Causses : terres froides et isolées vouées traditionnellement à une agriculture de subsistance médiocre à base céréalière.

Cependant, le mouvement touristique vers ces hautes terres, proches du littoral languedocien, prend une certaine ampleur en été, non seulement en raison de l’existence de sites renommés, mais également en fonction de la multiplication des résidences secondaires (Langogne, Pont-de-Montvert, Saint-Germain-de-Calberte) et des bienfaits du séjour en altitude.

R. D. et R. F.