Louvre (musée du) (suite)
Le palais du Louvre
Les actes latins nomment lupara le lieu où Philippe Auguste, au début du xiiie s., fit construire un château fort sis en partie sur l’emplacement d’un ancien chenil occupé par des bêtes dressées à la chasse au loup. On a également pensé que Louvre viendrait de lower, synonyme, en vieux saxon, de forteresse. Il n’existe plus de ce château, dans l’actuelle cour Carrée, que le tracé des murailles. Au xive s., Charles V, le premier, fait de ce château fort une résidence royale ; il y installe sa bibliothèque ainsi que des œuvres d’art. Durant le xve s., la Cour s’étant transportée sur les bords de la Loire, le vieux Louvre, abandonné, tombe en ruine. François Ier, y revenant, commence par effectuer des restaurations, puis fait abattre la grande tour (1527) ; en 1546, il approuve le plan d’un château neuf et en confie l’exécution à Pierre Lescot*, qui poursuit les travaux sous Henri II ; il en résulte le corps de logis formant la partie sud-ouest de l’actuelle cour Carrée, décoré notamment par Jean Goujon*.
La construction, commencée en 1564 par Philibert Delorme*, du palais des Tuileries fait modifier profondément le projet de 1546 ; les deux palais seraient reliés par une Grande Galerie « du bord de l’eau » ; une Petite Galerie établirait la jonction entre les constructions achevées et les nouvelles. Bientôt se précisera le « grand dessein » : quadrupler la superficie du Louvre et le raccorder aux Tuileries.
Terminé seulement sous le règne de Napoléon III, cet ensemble subit en 1871 une amputation grave, par l’incendie puis la démolition du château des Tuileries.
La Grande Galerie date du règne d’Henri IV ; Louis XIII fait disparaître les derniers vestiges du Moyen Âge et construire le pavillon de l’Horloge (sur plans de Jacques Lemercier) ainsi que la seconde moitié de l’aile ouest et le début de l’aile nord de la cour Carrée. Celle-ci est poursuivie par Le Vau* sous Louis XIV, tandis que Colbert confie à Claude Perrault* (succédant au Bernin* et à Le Vau) l’édification de la grande façade de la Colonnade, tournée vers Saint-Germain-l’Auxerrois, la paroisse des rois.
Suspendus en raison du transfert de la Cour à Versailles, les travaux ne reprennent que sous le premier Empire : achèvement de la cour Carrée ; construction, par Percier et Fontaine*, des corps de bâtiment destinés au raccordement, par le nord, du Louvre et des Tuileries. Ces deux architectes prennent le parti d’harmoniser leur style avec ceux de leurs devanciers, et ils sont imités, sous Napoléon III, entre 1852 et 1857, par Louis T. J. Visconti et Hector Lefuel. Du fait de cet éclectisme, le Louvre résume quatre siècles d’architecture française dans la continuité. (V. Paris.)
M. G.
L. Hautecœur, le Louvre et les Tuileries (A. Morancé, 1924) ; Histoire du Louvre (S. N. E. P., 1953). / C. Aulanier, Histoire du palais et du musée du Louvre (Éd. des Musées nationaux, 1947-1971 ; 10 vol. et index). / G. Bazin, le Louvre (Flammarion, 1960). / M. Gauthier, le Louvre (Larousse, 1962 ; 2 vol.). / Les Merveilles du Louvre (Hachette, 1970). / M. Brion, le Louvre, musée des maîtres (Cercle d’art, 1971).