Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Louis XI (suite)

La mort

Surmené par le travail et la bonne chère, victime sans doute d’hypertension et d’artériosclérose cérébrale depuis 1467, Louis XI se retire définitivement, en 1481, à Plessis-lez-Tours. Vivant désormais dans la hantise du poison et la crainte de la mort, il mobilise à son service les médecins et les saints, auprès desquels il espère trouver un efficace intercesseur en la personne d’un pieux ermite de Calabre : François de Paule. En vain. Victime d’une ultime congestion cérébrale le 25 août 1483, il meurt le 30, précédant de peu dans la tombe la reine Charlotte, qui décède le 1er décembre et est enterrée comme lui à Notre-Dame de Cléry.

Ainsi s’achève prématurément un règne qui a contribué à renforcer l’autorité monarchique dans un royaume agrandi.

P. T.

➙ Bourgogne / Charles VII / Charles VIII / Charles le Téméraire / Dauphiné / Foire / Lyon / Valois.

 Sources. Lettres de Louis XI, éd. par E. Charavay, J. Vaesen et B. de Mandrot (Laurens, 1883-1909 ; 11 vol.). / H. Sée, Louis XI et les villes (Hachette, 1891). / T. Basin, Histoire de Louis XI (Les Belles Lettres, 1963-1972 ; 3 vol.).
J. Combet, Louis XI et le Saint-Siège, 1461-1483 (Hachette, 1903). / P. Champion, Louis XI (Champion, 1928 ; 2 vol.) ; le Roi Louis XI (Flammarion, 1944). / J. Calmette et G. Périnelle, Louis XI et l’Angleterre, 1461-1483 (A. Picard, 1931). / G. Dodu, les Valois. Histoire d’une maison royale, 1328-1589 (Hachette, 1934). / J. Calmette, le Grand Règne de Louis XI (Hachette, 1938) ; Autour de Louis XI (Éd. de Fontenelle, 1947). / J. Calmette et E. Déprez, les Premières Grandes Puissances, dans Histoire générale, sous la dir. de G. Glotz (P. U. F., 1939). / L. A. Haloppeau, Louis XI, le drame entre France et Bourgogne, 1464-1482 (P. U. F., 1940). / R. Gandilhon, la Politique économique de Louis XI (P. U. F., 1941). / A. Bailly, Louis XI (Club des libraires, 1960). / K. Bittmann, Ludwig XI und Karl der Kühne ; die Memoiren des Philippe de Commynes als historische Quelle (Göttingen, 1964 ; 2 vol.). / P. R. Gaussin, Louis XI, roi méconnu (Nizet, 1976).

Louis XII

(Blois 1462 - Paris 1515), roi de France de 1498 à 1515.


Louis XII était le fils du duc Charles* d’Orléans, le poète, et de Marie de Clèves, et arrière-petit-fils du roi Charles V. En 1476, Louis XI l’oblige à épouser sa fille Jeanne de Valois, qui était contrefaite, avec l’arrière-pensée que la maison d’Orléans pourrait ainsi s’éteindre. À la mort du roi, Louis devient premier prince du sang et, à ce titre, il essaie de disputer la régence à Pierre et Anne de Beaujeu.

Il conclut des alliances avec le fils de l’empereur, Maximilien, et avec Richard III d’Angleterre, puis, en 1485, il déclenche les hostilités. Cette « guerre folle », comme on l’appela, se termine par la déconfiture de Louis d’Orléans, vaincu en Bretagne à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488. Le duc est alors emprisonné pendant trois ans ; à la prière de sa femme, le roi Charles VIII* le libère en 1491 et le nomme gouverneur de Normandie. Il contribue au mariage de son cousin avec la duchesse Anne de Bretagne et il est au côté du roi lors de la première campagne d’Italie (1494-95).

En 1498, à la mort de Charles VIII, il devient roi. Il s’empresse alors de faire annuler son mariage par Rome et d’épouser la veuve du roi, Anne, prolongeant ainsi l’union du duché de Bretagne à la France.

Louis XII, grâce à son ministre Georges Ier, cardinal d’Amboise (1460-1510), a bénéficié dans l’affaire de son mariage de la bienveillance du pape Alexandre VI* Borgia. Une alliance se noue entre le pape et le roi, qui bientôt songe à reprendre le chemin de l’Italie. Il se considère en effet comme le continuateur de la politique italienne de Charles VIII et, en tant que petit-fils de Valentine Visconti, comme l’héritier du duché de Milan, « usurpé » par les Sforza.

L’Italie est à cette époque morcelée en États rivaux sans cesse en conflit les uns contre les autres. Le royaume de Naples est revendiqué par les Valois successeurs de la maison d’Anjou. L’État pontifical doit lutter contre ses vassaux et désire imposer son hégémonie à la péninsule. Venise voudrait agrandir son territoire. Ainsi, l’Italie, convoitée pour ses richesses économiques et culturelles, incapable de constituer un État cohérent, est la proie des guerres (v. Italie [guerres d’]).

En juillet 1499, le roi de France à la tête de ses armées passe facilement les Alpes grâce à un traité conclu avec les cantons suisses quelques mois auparavant. De nombreux mercenaires suisses se sont joints aux Français, et un condottiere milanais, Giangiacomo Trivulce (1448-1518), commande les troupes.

Milan est conquise, puis elle est reperdue au début de 1500 à la suite de maladresses de Louis XII qui mécontentent les Suisses. Une seconde descente en Italie est nécessaire pour reprendre la ville et faire prisonnier son duc, Ludovic le More, à la bataille de Novare (10 avr. 1500). La conquête semble définitive ; des administrateurs français gouvernent le pays, et toute l’Italie du Nord se tourne vers l’alliance française, tandis que les troupes de Louis XII aident César Borgia, le fils du pape, à se tailler une principauté en Romagne.

Le roi, à la même époque, signe un traité à Grenade avec Ferdinand d’Aragon, qui lui redonne le royaume de Naples, à l’exclusion des Pouilles et de la Calabre. Mais l’Espagnol n’est pas sans arrière-pensée ; il parvient ainsi à éliminer la branche aragonaise cadette souveraine à Naples, puis, quand c’est chose faite, il peut de sa base de Sicile et grâce à la maîtrise maritime qu’il possède en Méditerranée reconquérir Naples, où les exploits de La Palice et de Bayard sur le Garigliano ne peuvent que retarder la défaite française, effective avec la chute de Gaète, le 1er janvier 1504. Le royaume de Naples est désormais perdu pour la France et il renforce considérablement les positions espagnoles en Méditerranée.