Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire (suite)
Ce geste, destiné à renforcer l’union étroite entre l’Empire et l’Église, affaiblit en fait le prestige de la personne impériale à l’heure même où de nombreuses forces de dissociation travaillent à la perte de l’Empire : mécontentement de la paysannerie opprimée par l’aristocratie, que favorisent des concessions de terres en toute propriété ; raids normands incessants contre les côtes de la Manche et de la mer du Nord ; incursions bulgares en Pannonie en 827 et en 829 ; révolte de la Marche d’Espagne, envahie par les musulmans en 826-27 ; enfin, lutte d’influence entre les partisans de Lothaire, défenseurs de l’Ordinatio Imperii de 817, et ceux de Judith de Bavière, seconde femme de Louis le Pieux, épousée en 819 et fort désireuse d’en obtenir la révision en faveur de son fils, le futur Charles le Chauve, né en 823. En accordant à ce dernier en 829 un apanage composé de l’Alamannie, de la Rhétie, de l’Alsace et d’une partie de la Bourgogne, Louis le Pieux déclenche une crise fatale à l’unité de l’Empire et dont les répercussions seront graves.
La fin du règne (829-840)
Révoltés dès 830 aux côtés de Lothaire, Pépin et Louis obtiennent en 831 un accroissement de leur part, accroissement jugé insuffisant dès 832. Louis le Pieux contraint Louis le Germanique à se soumettre, destitue Pépin et attribue l’Aquitaine à Charles ; mais, trahi par ses troupes, il doit se rendre à ses trois fils révoltés le 30 juin 833 au Rotfeld, au sud de Colmar. Déchu au profit de Lothaire proclamé seul empereur, condamné à faire pénitence publique, en octobre 833, à l’église Saint-Médard de Soissons, où il est enfermé. Louis le Pieux est pourtant rétabli dans la plénitude de ses pouvoirs en février 835. Il favorise dès lors son seul fils cadet et lui attribue, à Aix-la-Chapelle en octobre 837, la Neustrie et la Bourgogne du Nord, en 838 l’Aquitaine à la suite de la mort de Pépin et enfin, en 839, tous les pays situés à l’ouest de la Meuse, de la Saône et du Rhône, augmentés des comtés de Toul, de Lyon, de Genève et de la Provence. Le reste de l’Empire y compris l’Italie étant réservé à Lothaire, Louis le Pieux doit combattre une ultime révolte de Louis le Germanique, qu’il a en fait déshérité. Mais il meurt le 20 juin 840 sans avoir pu rétablir l’unité de l’Empire.
P. T.
➙ Carolingiens / Charlemagne / Charles II le Chauve.
J. Calmette, l’Effondrement d’un Empire et la naissance d’une Europe (Aubier, 1942). / L. Halphen, Charlemagne et l’Empire carolingien (A. Michel, coll. « Évolution de l’humanité », 1947 ; 2e éd., 1968). / G. Fournier, l’Occident de la fin du ve siècle à la fin du ixe siècle (A. Colin, coll. « U », 1971). / R. Folz, A. Guillou, L. Musset et D. Sourdel, De l’Antiquité au monde médiéval (P. U. F., 1972).