Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lorentz (Hendrik Antoon) (suite)

Renouvelant la théorie de Maxwell en y introduisant la discontinuité des charges électriques, Lorentz est le principal auteur de la théorie électronique de la matière. Il explique en 1895 que l’émission de la lumière est produite par l’accélération du mouvement d’un électron. Il réédifie la même année toutes les théories de l’électricité, en utilisant comme bases de ses explications la présence d’électrons dans la matière et la structure corpusculaire de l’électricité. Il prévoit en 1896 la décomposition des raies spectrales sous l’action d’un champ magnétique, effet que son compatriote et ami Pieter Zeeman vérifie expérimentalement la même année ; il en déduit la valeur du quotient de la charge par la masse de l’électron. Ce double succès vaut à Lorentz et Zeeman de partager le prix Nobel de physique pour 1902.

Précurseur, d’autre part, des théories relativistes, Lorentz, pour interpréter le résultat négatif de l’expérience de Michelson, montre, en 1895, qu’aucun déplacement par rapport à l’éther ne peut être mis en évidence à l’aide de phénomènes optiques ou électromagnétiques par un observateur participant au mouvement de la Terre. Il introduit la notion de temps local ; il met au point l’hypothèse de l’Irlandais George Francis Fitzgerald (1851-1901) et admet que tout corps en mouvement se contracte dans la direction de sa vitesse ; il établit la formule donnant la valeur de cette contraction : ce sont les « équations de Lorentz » (1905) qui vont permettre à Einstein* d’élaborer la théorie de la relativité.

On mentionnera encore qu’à la fin de sa vie Lorentz est chargé par le gouvernement hollandais de présider le comité chargé de préparer l’assèchement du Zuiderzee. Cette tâche nationale, qu’il accepte par dévouement patriotique, l’oblige à résoudre de difficiles problèmes, et la solution qu’il en donne sera en parfait accord avec les résultats.

Pieter Zeeman

Physicien néerlandais (Zonnemaire, Zélande, 1865 - Amsterdam 1943). Élève de Lorentz, il devint professeur à l’université d’Amsterdam. Sa renommée est liée à la découverte, en 1896, de l’« effet Zeeman », décomposition des raies spectrales sous l’effet d’un champ magnétique, prévue par Lorentz. Il a aussi étudié la propagation de la lumière dans les milieux en mouvement, confirmant par ses résultats les théories relativistes.

R. T.

 G. L. de Haas-Lorentz (sous la dir. de), H. A. Lorentz, Impressions of his Life and Work (Amsterdam, 1957).

Lorenzetti (les)

Peintres italiens de la première moitié du xive s.


C’est une inscription sur les fresques de la façade de Santa Maria della Scala de Sienne (1335) qui nous indique que les deux peintres sont frères. Pietro, inscrit le premier, semble être l’aîné d’Ambrogio. Souvent mis en concurrence et travaillant parfois ensemble, leur style est assez différent, lié à leur individualité propre.


Pietro Lorenzetti

(Sienne v. 1280 - id. 1348?). Sa formation se fait à l’école de Duccio* à Sienne, puis à Assise, où l’influence de Giotto* est déterminante. Six œuvres documentées principales servent de base à l’étude de son œuvre.

La Vierge à l’Enfant entre saint Jean et saint François, peinte à fresque dans la chapelle Orsini de la basilique d’Assise (v. 1310-1315?), montre une recherche de force et d’intensité psychologique que l’on retrouvera dans les autres Vierges de Pietro. Le polyptyque de la Pieve d’Arezzo (1320), au style déjà très abouti, montre un artiste original qui, renonçant à l’élégance gothique de Simone Martini*, sait rester fidèle à l’exemple de Duccio tout en accueillant la leçon de Giotto. Le sens du drame, d’une humanité ardente et inquiète rappelle la sculpture de Giovanni Pisano. Après un cycle de fresques exécuté à Assise, d’une intensité pathétique (Crucifixion), des recherches sur l’espace vont faire évoluer ce style.

Dans le retable des Carmes, regroupé par Enzo Carli (1329, pinacothèque de Sienne), la plastique concise et âpre héritée de Giotto et de Giovanni Pisano s’adoucit. Le lyrisme de la conception spatiale, une fantaisie poétique, le rythme délicat du dessin et de la couleur témoignent de cette détente. Après 1335, le goût du calme l’emporte définitivement dans l’œuvre de Pietro. Avec la Vierge aux anges des Offices à Florence (1340), le peintre atteint un classicisme presque fastidieux, tandis que le retable de la Bienheureuse Humilité (1340-41, Offices) montre son goût de la prouesse spatiale par un jeu de cubes en perspective, d’ombres et de lumières très marquées qui rappellent Maso di Banco (v. Giotto) ; il y ajoute un ton anecdotique dont l’humour n’est pas absent.

Le retable de la Nativité de la Vierge (1342, musée de l’Œuvre de la cathédrale) marque la dernière étape du style de Pietro, d’esprit fortement classique. Traités comme des masses géométriques à partir d’un point focal unique, à la manière giottesque, les personnages imposent une idée de force tranquille.

L’artiste se renouvelle pour décrire la réalité physique des objets et revient à cette densité dans les regards qui, associée à la tendresse, constitue une véritable trouvaille psychologique ; après 1344, on ne trouve plus aucun document le concernant ; la tradition veut qu’il ait disparu durant la peste de 1348.


Ambrogio Lorenzetti

(connu de 1319 à 1347). Chez lui dominent calme et lyrisme. Il possède une imagination narrative et une vigueur intellectuelle qu’il applique à tous les domaines de la connaissance, ce qui le fera considérer comme un humaniste par Vasari*. Ce côté rationnel transparaîtra dans toute son œuvre.

Dans sa première œuvre documentée, la Vierge à l’Enfant de Vico l’Abate, près de Florence (1319), on ne trouve nulle trace de l’influence de Duccio : c’est une œuvre giottesque, mais interprétée à la siennoise. De la Vierge se dégage une monumentalité qui rappelle la sculpture d’Arnolfo* di Cambio ; c’est non seulement le clair-obscur qui définit le volume, mais aussi un dessin pur, une qualité de la couleur qui transforme en lyrisme les recherches du peintre sur la profondeur. On retrouve les mêmes données dans le Saint Michel Archange de Badia a Rofeno (province de Sienne).