Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lombardie (suite)

L’industrie dépasse toutefois, et de loin, l’agriculture. Plus de 30 p. 100 des emplois industriels italiens sont concentrés en Lombardie. Toutes les branches sont bien représentées : 35 p. 100 des emplois des industries textiles et de l’habillement, 40 p. 100 de ceux de la métallurgie, 37 p. 100 de ceux de la mécanique, 40 p. 100 de ceux de la chimie... Dans la montagne, l’industrie est rare. Elle se limite à la production d’hydro-électricité, à l’extraction de quelques produits (le talc dans la province de Sondrio par exemple) et à des usines isolées, le plus souvent textiles (travail du coton) ou mécaniques. Dans la basse plaine apparaissent des foyers industriels isolés. Ainsi, d’ouest en est, se succèdent Vigevano (68 000 hab., capitale italienne de la chaussure), Pavie (où, entre autres entreprises, se détache la firme Necchi [machines à coudre]), Crema (mécanique et chimie), Crémone (industrie alimentaire et raffinerie), Mantoue (papeterie Burgo et un complexe chimique Montedison). Un processus d’industrialisation à partir de Milan s’amorce dans la plaine, venant relayer les petites exploitations alimentaires ou textiles traditionnelles. La concentration industrielle est le fait de la haute plaine et des collines. Ici, l’industrie est partout. Il y a d’abord l’énorme conurbation milanaise (v. Milan). Les villes au contact des Alpes organisent aussi un espace industriel, en partie sous la domination milanaise. La multiplicité des fabrications est de règle, mais quelques regroupements sont possibles. Autour de Varese, il y a de notables industries de matières plastiques, de constructions aéronautiques, des produits électroménagers (Ignis). La région de Côme, outre la mécanique, perpétue le travail textile (soierie) et l’artisanat du meuble, tandis que Lecco est spécialisée dans la tréfilerie. Le secteur de Bergame est une antenne industrielle de Milan avec la métallurgie de Dalmine, des entreprises textiles cotonnières qui s’insinuent dans les vallées ou s’égrènent le long de l’Adda. Bergame est encore le siège de l’importante société Italcementi, dont les cimenteries se dispersent dans tout le pays. Plus éloignée de Milan, Brescia constitue un foyer industriel plus indépendant. Si la mécanique et le textile dominent, il existe aussi des spécialités (fabrication d’armes à feu, brasseries, robinetterie, armature métallique pour ciment armé).

Une telle puissance industrielle est complétée par un équipement tertiaire dépassant celui de toutes les autres régions italiennes. Un réseau serré de communications parcourt la région. Le tourisme est actif dans la montagne et sur les lacs. Les services se rassemblent dans les villes, notamment dans les chefs-lieux de provinces. Si Sondrio (23 000 hab.) est une petite cité, Varese (89 000 hab.), Côme (98 000 hab.), Bergame (129 000 hab.), Brescia (216 000 hab.) sont des cités actives, très commerçantes, conservant une certaine autonomie face à Milan. Dans la basse plaine, les villes sont plus paisibles. Crémone (83 000 hab.), Mantoue (66 000 hab.) sont encore de gros marchés agricoles. Pavie (88 000 hab.) est une cité particulière en raison de son ancienne fonction universitaire. Mais c’est évidemment Milan, capitale économique de l’Italie, qui regroupe le plus de fonctions.

E. D.


L’histoire

Resté attaché à la seule partie de la plaine du Pô située au nord de ce fleuve entre le Tessin à l’ouest et le lac de Garde à l’est, le nom de Lombardie rappelle aujourd’hui encore que cette province italienne a été fortement colonisée par les Lombards* entre le vie et le viie s.

Le titre de roi des Lombards, porté par Charlemagne à partir du 5 juin 774, est assumé fictivement par son fils Pépin de 781 à 810, puis par son petit-fils Bernard de 813 à 818. En fait, il se confond de plus en plus avec celui de roi d’Italie, dont la capitale reste Pavie. Dès le ixe s., la Lombardie n’est plus qu’une province du royaume d’Italie, au cœur de laquelle s’édifie entre le xiie et le xive s. la puissance milanaise, qui participe à la Ligue lombarde formée en mars 1167 par le pape Alexandre III* pour permettre aux villes guelfes d’Italie du Nord (Bergame, Brescia, Mantoue, Parme, Lodi, Plaisance, puis Milan) de combattre l’empereur Frédéric Ier* Barberousse. Contre lui, elles fondent la forteresse d’Alexandrie en 1168, battent ses troupes à Legnano en 1176 et font reconnaître leur ligue par leur adversaire au traité de Constance de 1183. Fondée en 1226 contre Frédéric II, une seconde Ligue lombarde ne survit pas à la défaite que lui inflige cet empereur à Cortenuova en 1237.

Constituée en duché de Milan, au profit de Jean Galéas Visconti*, la Lombardie est érigée en 1397 en duché par l’empereur Venceslas IV (1361-1419) au profit de ce même prince. Mais en fait, jusqu’à son occupation par les Français en 1796, elle n’est plus pour l’histoire que le Milanais.

Noyau de la république Cisalpine, créée en 1797, ce dernier est joint à la Vénétie en avril 1815 pour constituer le royaume lombard-vénitien, au profit de l’empereur d’Autriche François Ier. Ce royaume, peuplé presque uniquement d’Italiens, supporte impatiemment l’occupation autrichienne, qui doit combattre sans cesse les conspirations des sociétés secrètes (carbonari) et des patriotes italiens (Silvio Pellico [1789-1854]). À l’annonce de la révolution de Vienne, ceux-ci expulsent les troupes autrichiennes de Milan du 18 au 22 mars 1848. Vaincus en juillet, ils doivent subir la dure répression du gouverneur général Joseph Radetzky (1766-1858) jusqu’en 1857, date à laquelle l’intervention de Napoléon III, victorieux à Solférino, entraîne la disparition du royaume, dont les deux provinces sont incorporées tour à tour au royaume de Piémont-Sardaigne, puis à l’Italie, la première en 1859 par le traité de Zurich, la seconde en 1866 par la paix de Prague.

P. T.

➙ Italie / Milan / .

 R. Pracchi, Lombardia (Turin, 1960). / E. Dalmasso, Milan, capitale économique de l’Italie (Ophrys, Gap, 1971).