Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Loiret. 45 (suite)

C’est la même formation qu’on retrouve, au sud, en Sologne. Longtemps stérile et marécageuse, mais assainie, amendée, plantée sous le second Empire, la Sologne possède de beaux élevages (bovins, agneaux), exploite ses bois, pratique la pisciculture d’étang. Elle a surtout trouvé sa vocation dans la chasse, sur de grands domaines de rapport conquis par Paris. Sur la route du Centre, La Ferté-Saint-Aubin (4 284 hab.) est un centre de fabrication d’armements.

Le cœur du Loiret est le Val de Loire. Ouvert dans les tendres formations argilo-sableuses de Sologne sur une largeur de 3 à 8 km, il développe ses plantureux terroirs de sables fins limoneux où prospèrent céréales, colza, tournesol, cultures maraîchères et de plein champ, pépinières, horticulture florale (le quart de la production française de roses), élevage laitier (Val d’Orléans, « Val d’or » de Saint-Benoît). Ses versants portent de beaux vergers (poirier, pommier, cerisier d’Olivet). La vie urbaine est partout, étapes ou croisées de routes : Briare (5 682 hab.), Gien (15 348 hab.), Sully-sur-Loire (4 278 hab.), Châteauneuf-sur-Loire (5 658 hab.), Jargeau (5 976 hab. pour l’agglomération), Meung-sur-Loire (4 630 hab.), Beaugency (6 814 hab.). Sur l’axe parisien, Orléans, ancien entrepôt fluvial, capitale de la région Centre, siège d’académie, centre industriel, commande les relations routières et ferroviaires (Les Aubrais) du département avec le Centre et le Sud-Ouest (214 675 hab. pour l’agglomération). L’art s’est brillamment manifesté (église carolingienne de Germigny-des-Prés, basiliques, romane de Saint-Benoît-sur-Loire, gothique de Cléry-Saint-André).

Grand département agricole par ses productions végétales comme animales, le Loiret s’est aussi industrialisé. À ses activités anciennes (meunerie en Beauce, travail de la laine en Sologne, produits céramiques en Gâtinais et à Gien, vinaigrerie et conserverie à Orléans, laiteries, tanneries) se sont substitués ou joints des apports du dehors. Proche de Paris, longtemps excédentaire en main-d’œuvre, il a intéressé depuis 1914 replis de guerre et décentralisation : matériel automobile (Orléans, Beaugency, Sully-sur-Loire, Nogent-sur-Vernisson), électrique et électronique (Orléans, Montargis), ascenseurs (Gien), accumulateurs (Outarville), produits pharmaceutiques (Orléans). Orléans a une grosse usine de pneumatiques. Du pétrole est exploité en Gâtinais (Châteaurenard), une centrale nucléaire projetée à Dampierre-en-Burly. Transports de demain, on expérimente un monorail à Château-neuf-sur-Loire, l’Aérotrain en Beauce. Tandis que le secteur primaire tombait entre 1954 et 1975 de 34 à 10 p. 100 des actifs, le secteur secondaire s’élevait de 32 à 40 p. 100 (de 51 000 à 73 000), derrière le tertiaire (50 p. 100).

Le département du Loiret, touché par un long exode rural, a perdu en un siècle (1851-1954) 30 000 migrants. Ses exploitations agricoles, victimes de la concentration foncière, ont reculé en quinze ans (1955-1970) de 25 p. 100 (de 18 400 à 13 900).

La conformation du département nuit par ailleurs à son harmonie. Écartelé entre les bassins de la Seine, par le Loing, et de la Loire, il présente une bipolarité accusée : Montargis, attiré par Paris, n’entretient que peu de rapports avec son chef-lieu. Gâtinais et forêt d’Orléans ont toujours constitué entre eux un noman’s land. Mais, soutenu par une saine démographie (excédent naturel de 0,7 p. 100 par an) et un retournement heureux de sa balance migratoire, il enregistre depuis vingt-cinq ans des gains de population rapides (11 p. 100 entre 1962 et 1968 ; 14 p. 100 entre 1968 et 1975). Avec le développement des villes (65 p. 100 de citadins en 1975 contre 49 p. 100 en 1954), l’attrait de la région pour les retraités parisiens et la fortune de la résidence secondaire à moins de deux heures de Paris, c’est tout un équilibre nouveau vers lequel tend aujourd’hui le département du Loiret.

Y. B.

➙ Centre / Orléanais / Orléans.

 Y. Babonaux, Villes et régions de la Loire moyenne (Touraine, Blésois, Orléanais). Fondements et perspectives géographiques (S. A. B. R. I., 1966).

Loir-et-Cher. 41

Départ. de la Région Centre ; 6 314 km2 ; 283 686 hab. Ch.-l. Blois*. S.-préf. Romorantin-Lanthenay et Vendôme.


Découpé dans l’ancienne province de l’Orléanais, empiétant à l’ouest et au sud sur celles de la Touraine et du Berry, le Loir-et-Cher assemble des régions très diverses. Au nord-ouest le Perche vendômois développe dans un paysage bocager de lourdes collines de craie à silex, humides, propices aux bois (forêts de Fréteval, de Vendôme) et aux herbages (vaches laitières, veaux de boucherie). Au nord, la Beauce blésoise, ou Petite Beauce, est un plateau nu de calcaire et de meulière lacustres, céréalier comme la Grande Beauce voisine, dont ne la sépare que la forêt de Marchenoir, mais resté plus fidèle, sur des sols moins riches en limon, à la polyculture (colza, tournesol, lentilles). À l’ouest, aux confins de l’Indre-et-Loire, les horizons de la Gâtine tourangelle se ponctuent de bois.

Au sud de la Loire, sur près de la moitié du département (2 600 km2), la Sologne étale des nappes de cailloutis et d’argiles tertiaires infertiles, longtemps marécageuses, assainies et amendées sous le second Empire. Ses aptitudes naturelles, ses plantations de pin, sa conquête par Paris (propriétés de plus de 100 ha) partagent son économie entre l’élevage bovin, la pisciculture d’étang, l’exploitation des bois, la chasse surtout : la Grande Sologne de Lamotte-Beuvron (4 534 hab.), de Salbris (6 204), de Romorantin-Lanthenay (17 041) est devenue pour la chasse un domaine réservé de rapport (faisan, garenne, gros gibier). Autour de Contres (2 811 hab.), la Petite Sologne blésoise, calcaire et sableuse, s’adonne à la culture de la vigne, de l’asperge, de la fraise.