Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Loire (la) (suite)

L’aménagement

La Loire est le moins utilisé des fleuves français. À l’exception d’un petit trafic entre Angers et Nantes et d’un réseau désuet de canaux au gabarit de 300 t dans le Centre (canal latéral à la Loire, canal du Centre, canal du Nivernais, canal de Briare), la navigation l’a désertée : servie par son tracé (entrepôt d’Orléans), mais desservie par ses étiages, elle succombait au xixe s. devant la concurrence du chemin de fer. Des aménagements énergétiques ont été réalisés : barrages hydro-électriques de Montpezat, sur une dérivation vers l’Ardèche, Grangent sur la Loire, Monistrol sur l’Allier, Eguzon sur la Creuse ; microcentrales de la Vienne et de la Mayenne ; centrales nucléaires de Saint-Laurent-des-Eaux et Avoine-Chinon (plus de 2 000 MW de puissance installée, un potentiel de production supérieur à 10 TWh) ; mais ils restent dispersés. Plus suivi a été, depuis le xiie s., l’endiguement du fleuve, qui, pour prémunir le Val de l’inondation, le corsète aujourd’hui de Decize à Nantes (520 km) ; mais, édifiées au moyen de matériaux sableux friables, et trop resserrées (260 m devant Gien et Blois, 250 m devant Jargeau), les digues ou « levées » de la Loire ne sont pas en état de résister à la poussée des grandes crues (+ 5,50 m) ; des déversoirs font, à cette cote, la part de l’eau.

Les menaces que font peser sur le Val les excès de l’eau, ses risques de pénurie, sa pollution ont cependant engagé les riverains (ANECLA, Somival), puis les pouvoirs publics (Agence financière du bassin Loire-Bretagne) dans une politique d’aménagement concerté de la Loire et de ses affluents. La construction de barrages est envisagée sur le haut bassin : Serre-de-la-Fare, Cublaise, Chizeneuve, Villerest (Loire), Naussac (Allier), Chambonchard (Cher), un milliard de mètres cubes au total ; celle de Villerest et de Naussac a été arrêtée en 1970. Les périmètres irrigables du Val seront étendus. Un projet de plus grande ampleur ouvrirait de Nantes à la Suisse une voie d’eau à gabarit européen (1 350 t). Une autre centrale nucléaire est construite à Dampierre-en-Burly (Loiret). Trois plans d’eau sur la Loire (Decize, Blois) et l’Allier (Vichy) ont été créés pour le tourisme. La Loire est entrée dans une phase peut-être décisive de sa mise en valeur.

Y. B.

 R. Dion, le Val de Loire (Arrault, Tours, 1934) ; Histoire des levées de la Loire (l’auteur, 1961). / Y. Babonaux, Villes et régions de la Loire moyenne (Touraine, Blésois, Orléanais). Fondements et perspectives géographiques (S.A. B. R. I., 1966) ; le Lit de la Loire, étude d’hydrodynamique fluviale (Comité des travaux historiques et scientifiques, 1970).

Loire. 42

Départ. de la Région Rhône-Alpes ; 4 774 km2 ; 742 396 hab. Ch.-l. Saint-Étienne*. S.-préf. Montbrison et Roanne*.


L’unité géographique du département n’est pas sous-tendue par une unité physique : le horst des monts du Forez (1 640 m), les Bois Noirs et les monts de la Madeleine, à l’ouest, et les monts du Lyonnais, à l’est, sont réunis par le massif du Pilat (1 434 m) et encadrent deux dépressions centrales, la plaine du Forez (moyenne 350 m) et le bassin de Roanne, drainés par la Loire. Cette disposition correspond à l’interférence de deux grandes séries d’accidents : un fossé d’effondrement méridien (bassins du Forez et de Roanne) et une série de plissements et d’effondrements hercyniens (monts du Lyonnais, massif du Pilat, vallée du Gier). L’ensemble des massifs est fait d’un socle de granit primaire nivelé jusqu’au début du Tertiaire, qui donne des sols pauvres et minces, et les plaines, de sols sédimentaires plus riches et plus épais. Les vallées (Gier, Ondaine, Furan) sont des bassins primaires remplis de sédiments au Carbonifère. Les reliefs actuels, en général, sont dus à des mouvements tertiaires qui ont provoqué une reprise de l’érosion et l’individualisation des bassins, avec l’organisation du système hydrographique actuel.

Celui-ci est abondant, grâce aux roches imperméables de montagne. Par contre, la rupture de pente de la Loire à son entrée dans les bassins est responsable d’un médiocre drainage, qui, conjugué avec les orages estivaux, provoquait jusqu’à la construction du barrage de Grangent des crues brutales dans la plaine du Forez. Il subsiste dans cette contrée de nombreux marécages, utilisés pour la chasse et la pêche. Le climat, continental, se diversifie selon l’altitude : frais et enneigé sur les hauteurs, assez doux dans les dépressions abritées du gel.

L’agriculture compte 84 000 ha de terres labourables, dont la moitié en céréales, et 181 000 ha d’herbages. On retrouve dans sa répartition le contraste plaine-montagne. L’importance du domaine forestier montagnard (23 800 ha de résineux) n’assure pas l’équilibre d’une agriculture sylvo-pastorale ; élevage et culture sont ici très médiocres (céréales, pommes de terre), et les activités complémentaires artisanales et industrielles n’empêchent pas l’exode vers Saint-Étienne ou même Lyon. L’exploitation moyenne ne dépasse pas 10 ha, alors qu’elle atteint 15,6 pour l’ensemble du département. Cet exode permet cependant de lents progrès de l’élevage et la progression du reboisement. Dans les plaines, une association élevage-culture exploite les terres riches de type chambons et moins riches de type varennes. L’élevage est laitier fermier et d’embouche (au nord). On cultive le blé, la betterave, la pomme de terre ; les fourrages artificiels et le maïs pour le bétail et l’aviculture (à importants débouchés urbains) sont en rapides progrès. Sur le plan agricole, la Loire est le département le plus dynamique de la région Rhône-Alpes grâce à ses deux plaines.

Dans le domaine industriel, on doit s’écarter du cliché « charbon-métallurgie-textile ». L’activité houillère se replie dans la vallée de l’Ondaine et cessera bientôt. Le gaz et le fuel remplacent le charbon comme source d’énergie. L’activité sidérurgique et métallurgique s’est orientée vers les aciers spéciaux et surtout vers les constructions mécaniques sous toutes leurs formes, y compris les plus modernes, cependant que l’industrie du cycle connaît un nouvel essor. Une restructuration par quelques grandes sociétés (Creusot-Loire) et l’impulsion lyonnaise ont permis la réussite de cette reconversion. Douze usines de plus de 1 000 salariés dans l’agglomération stéphanoise et à Roanne ainsi qu’une multitude de petits établissements dispersés, selon un schéma complexe de sous-traitance, dans le Forez regroupent ces activités. Des faiblesses subsistent dans les industries textiles, qu’une modernisation tardive et une orientation vers les textiles modernes ne sauvent pas encore, alors qu’un intéressant développement est sensible dans le bâtiment et les constructions électriques et électroniques.