Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

loch (suite)

Types de loch


Loch à bateau

À l’origine, une pièce de bois (en angl. log) était jetée à la mer de l’étrave du navire et le passage de ce log au couronnement arrière du bâtiment était noté. Le temps écoulé entre ces deux instants permettait de déduire la vitesse du navire. Ce procédé très primitif s’est amélioré et l’on est parvenu au loch à bateau. Cet appareil se compose d’un flotteur en forme de triangle sphérique équilatéral, lesté à deux de ses sommets et muni de trois cordes en patte d’oie réunies à la ligne de loch, qui est tressée. Filée sans retenue de l’arrière du navire, celle-ci se tend sous l’effet de la vitesse et de la résistance à la traction du flotteur, qui se maintient droit sur l’eau. Enroulée sur un touret, la ligne de loch porte différentes marques. La première, appelée houache, est un morceau de cuir ou d’étamine fixé à une longueur de ligne égale à la longueur du navire. À son passage, un sablier de 30 secondes est retourné. Quand celui-ci est vide, on arrête brusquement la corde et l’on décompte le nombre de nœuds de cuir ou de toile fixés sur la ligne qui ont passé. Ces nœuds de la ligne de loch sont espacés entre eux de 15,43 m, longueur qui est exactement la cent vingtième partie du mille marin de 1 852 m ; donc, autant de nœuds en 30 secondes (cent vingtième partie d’une heure), autant de milles marins à l’heure. Le nombre de nœuds de la ligne comptés en 30 secondes du sablier est égal à la vitesse horaire du navire, vitesse exprimée en « milles marins ». Par assimilation, le terme nœud (en angl. knot) fut universellement adopté pour désigner l’unité de vitesse d’un navire.


Loch à hélice, ou sillomètre

La ligne tressée doit avoir une longueur double de celle du navire. À son extrémité immergée est amarré un petit cylindre métallique à tête conique. Celui-ci porte 3 ou 4 pales imprimant à la ligne un mouvement hélicoïdal qui est transmis à un compteur de tours fixé sur la lisse du couronnement arrière du navire. Un volant régulateur est intercalé entre la ligne de loch et le compteur. Le loch doit être relevé de temps à autre lorsque la ligne s’enfonce accidentellement par accrochage d’algues. L’enregistreur totalise les milles parcourus depuis la mise à l’eau du loch ; la vitesse moyenne du navire s’obtient par la division du nombre total des milles par le temps écoulé.


Loch de Pitot

Ce loch, qui dérive de l’appareil inventé par Henri Pitot (1695-1771) pour mesurer la vitesse d’écoulement d’un fluide, sous tube ou canalisation, comporte un tube métallique vertical, appelé capteur ou transmetteur, dont l’extrémité inférieure traverse la coque du navire en un point proche de la quille, mais assez éloigné des remous provoqués par l’étrave. Une pointe du tube sort de la coque de quelques centimètres. La face avant de cette pointe extérieure présente une petite ouverture recevant la pression dynamique résultant de la marche en avant du navire. Face à l’arrière du navire, une autre ouverture reçoit la dépression statique pendant la marche du navire. Ces pressions d’eau et dépressions agissent sur un manomètre différentiel à mercure, dont les indications sont transmises à un répétiteur de passerelle donnant la vitesse du navire.


Loch électrique

Cet appareil est fondé sur le principe du « tube de Pitot ». Il en existe deux types principaux qui se distinguent l’un de l’autre par la nature de leur capteur.

• Capteur à hélice. Celui-ci est constitué par un petit générateur électrique dont le rotor, équipé d’une hélice, permet d’obtenir une tension électrique proportionnelle à la vitesse du navire. Transmise à un galvanomètre après filtrage, cette tension fournit les indications de vitesse et de distance parcourue.

• Capteur à électrodes. Le capteur fixé en saillie sur la coque crée un champ magnétique dans l’eau. Deux électrodes recueillent la tension résultant du déplacement de l’eau dans le champ magnétique. Amplifiée et modifiée par un système électronique, cette tension agit sur les indicateurs de vitesse et de parcours.

J. R.

➙ Navigation.

 P. Barjot et J. Savant, Histoire mondiale de la marine (Hachette, 1965).

Locke (John)

Philosophe anglais (Wrington, Somersetshire, 1632 - Oates, Essex, 1704).


John Locke, auteur de l’Essai sur l’entendement humain, fut avec Leibniz* (son contradicteur des Nouveaux Essais sur l’entendement humain) le philosophe qui, au xviiie s., connut la plus large popularité ; son nom était lié au combat pour la tolérance religieuse, pour la libéralisation du pouvoir monarchique et pour le développement de l’expérience, source de l’essentiel des connaissances humaines. Si le xviie s. a été le siècle du cartésianisme, le xviiie est incontestablement, contre Descartes, celui de Newton* et de Locke.

John Locke fait ses études à partir de 1647 à Westminster school, puis, après 1652, à Christ Church (Oxford), où il enseignera après 1660. Il y prend contact avec de nombreuses disciplines, dont tout particulièrement la médecine. Il est élu à la Royal Society en 1668, et son sort est déjà lié à l’amitié de lord Ashley (1621-1683), futur comte de Shaftesbury, c’est-à-dire à la lutte politique et religieuse contre l’absolutisme de la dynastie catholique des Stuarts. Inquiété après la chute, puis l’exil, puis la mort de Shaftesbury, Locke gagne la Hollande en 1683 et s’y met en rapport avec ceux qui voudraient voir Guillaume d’Orange monter sur le trône d’Angleterre. Aussi, après la révolution de 1688 et la fuite de Jacques II, regagne-t-il l’Angleterre avec la suite de Guillaume III (févr. 1689), quelques semaines avant la publication à Gouda de l’Epistola de tolerantia, dans laquelle il dénie à l’État tout droit d’intervenir dans les questions religieuses. En 1690 paraissent deux traités : Du gouvernement civil, où, sans nommer Hobbes*, il réfute les thèses absolutistes du Léviathan ; la monarchie n’est pas de droit divin, car tout pouvoir politique repose sur un contrat ; surtout, en mars, l’Essai sur l’entendement humain, pour lequel il amassait des notes depuis 1671. Avant sa mort, outre des rééditions augmentées (1694, 1695. 1700) et des défenses de l’Essai (Lettre au Right Reverend Edward..., 1697), il publiera plusieurs ouvrages parmi lesquels il faut noter Quelques considérations sur les conséquences de la baisse de l’intérêt... (1692), Pensées sur l’éducation (1693) et le Christianisme raisonnable (The Reasonableness of Christianity, 1695).