Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Liverpool (suite)

Merseyside (et plus particulièrement Liverpool) garde un aspect peu attrayant de grande agglomération portuaire et industrielle, aux bâtiments noircis par les fumées, à l’habitat de qualité médiocre (sauf dans les deux villes nouvelles et les ensembles résidentiels récents). La jeunesse et la turbulence de la population, le niveau de vie inférieur à la moyenne nationale, le taux de chômage élevé, la rareté des emplois supérieurs en font une « conurbation problème » qui ne peut se passer de l’assistance de l’État.

C. M.

Livingstone (David)

Explorateur écossais (Blantyre, Lanarkshire, 1813 - Chitambo, Zambie, 1873).


De lui lord Curzon dira : « Son œuvre se dresse avec une grandeur monumentale parmi les réalisations de l’esprit humain. » Mais Livingstone n’est pas seulement un découvreur de premier plan, le cartographe de vastes régions encore inconnues au milieu du xixe s. : le sens d’une « mission » à accomplir, son action constante contre l’esclavage le placent un peu à part des autres explorateurs.

D’une famille pauvre, David Livingstone doit travailler dans une filature pour payer ses études de médecine ; mais, menées parallèlement, celles de théologie lui permettent d’espérer une mission d’évangélisation en Chine. La guerre de l’Opium met fin à ses projets. Livingstone doit se contenter de l’Afrique australe, débarque au Cap en 1840 et gagne Kuruman, le chef-lieu des missions protestantes du Bechuanaland (auj. Botswana). Il se familiarise longuement avec le monde africain et épouse la fille de son supérieur. Ses activités sont bientôt tournées vers la recherche de nouveaux centres d’implantation pour les missions. Livingstone est ainsi amené, en 1849, à traverser le désert du Kalahari et à découvrir le lac Ngami (dans le nord-ouest de l’actuel Botswana). En 1851, il atteint un affluent du Zambèze, la rivière Cuando. Après avoir ramené sa femme et ses trois enfants au Cap (1852), il repart vers le nord, jusqu’à la zone de transfluence entourant le lac Dilolo, en Angola (1854). Il est ainsi en contact avec le bassin du Congo. Mais les fièvres le contraignent à rejoindre au plus vite les possessions portugaises du littoral atlantique : les missionnaires catholiques l’accueillent fraternellement. Son retour, à partir de septembre 1854, aboutira à la première traversée de l’Afrique australe. Revenu lentement au Zambèze, Livingstone descend le grand fleuve, ce qui lui vaut la célèbre découverte (17 nov. 1855) de l’un des plus saisissants paysages du monde : à plusieurs kilomètres de distance, d’immenses colonnes de fumées « feraient croire à l’un de ces incendies d’une vaste étendue de pâturages, que l’on voit souvent en Afrique », écrivait-il ; ce sont les vapeurs engendrées par les prodigieuses cataractes auxquelles il donne le nom de sa reine, les chutes Victoria.

La descente du fleuve le ramène à la mer le 20 mai 1856. Une tournée de conférences en Angleterre lui permet de présenter le bilan de cette grande exploration. En 1858, Livingstone revient en Afrique avec le titre de consul pour la région du Zambèze et explore de nouveau le cours inférieur du fleuve. En remontant un affluent, le Shire, il parvient au lac Nyassa (16 sept. 1859), dont il dresse la carte.

Mais des épreuves attendent bientôt l’explorateur. Sa femme, qui l’a suivi, meurt en 1862. Puis Londres décharge Livingstone de sa mission officielle l’année suivante, et celui-ci doit rejoindre l’Europe.

Sa ténacité lui vaut de reprendre ses recherches grâce à des souscriptions de particuliers (1866) : il lui faut tenter, cette fois, de résoudre le problème complexe posé par les affluents du Nil supérieur. Livingstone se heurte d’abord aux trafiquants d’esclaves, dont il combat le commerce : une partie de ses bagages et sa précieuse pharmacie lui seront dérobées. Il n’en continue pas moins la plus minutieuse de ses explorations, étudiant les régions comprises entre les lacs Nyassa et Tanganyika, découvre le lac Moero en novembre 1867 et le lac Bangweulu en juillet 1868. En 1869, il parvient au Lualaba (Congo supérieur), dont il pense que c’est peut-être l’une des branches mères du Nil. Mais les fièvres l’empêchent de pousser plus loin ses investigations : il lui faut revenir sur les rives du lac Tanganyika.

Cependant, l’opinion anglaise s’est inquiétée d’être sans nouvelles du grand explorateur. L’éditeur de New York Herald a chargé l’un de ses reporters de le retrouver. Et, le 10 novembre 1871, c’est à Ujiji la célèbre rencontre entre Stanley* et Livingstone ; elle donne l’occasion au premier de faire montre de son humour (« Mister Livingston, I presume ? »). Mais le journaliste ne réussit pas à persuader Livingstone d’abandonner les voyages, qui l’ont épuisé. Reparti pour le lac Bangweulu, Livingstone meurt, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1873, à Chitambo (au sud-est du lac). Ses porteurs embaumeront son corps avec de l’eau-de-vie et le porteront à Zanzibar : l’honneur de Westminster sera ainsi accordé à celui qui fit le plus pour connaître l’intérieur de l’Afrique.

S. L.

➙ Afrique.

livre (sociologie du)

La sociologie du livre, ou sociologie bibliologique, se distingue de la sociologie de la littérature. Objets, méthodes, recherches, résultats et surtout finalités culturelles et sociales ne sont pas les mêmes, bien que les frontières entre ces deux disciplines soient souvent difficiles à tracer.



Introduction

Fondée dès les premières années du xxe s. par le Belge Paul Otlet (1868-1944), la sociologie bibliologique, confondue par erreur depuis la Seconde Guerre mondiale avec la sociologie de la littérature, est en voie, aujourd’hui, de retrouver son autonomie. Littérature et livre sont tous deux mis en perspective sociologique. Mais l’objet se veut différent à partir de la composition du livre lui-même ; les uns, dans une perspective à dominante économique, qu’il s’agisse des éditeurs, des imprimeurs ou des libraires, considèrent le livre comme un objet, un bien, composé d’une manière originale d’un support de papier sur lequel se trouvent imprimés des signes d’écriture ; les autres, dans une perspective à dominante intellectuelle, culturelle, insistent sur les idées, la psychologie individuelle ou collective, la langue même qui s’y trouvent incorporées. Objet ou intelligence ? Le livre est les deux à la fois. C’est dire que la limite est malaisée à définir. La perspective économique ne peut ignorer l’esprit enfermé dans le livre sans se condamner soi-même, puisque l’objet doit être produit pour être acheté par un lecteur dont il faut connaître les goûts, c’est-à-dire l’esprit.

Inversement, la perspective qualifiée d’idéaliste, qui trouvait dans le livre un esprit désincarné, s’interdit de comprendre l’intelligence et la psychologie des auteurs incorporés au circuit économique de la consommation intellectuelle.