Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Limbourg

En néerl. Limburg, province du nord de la Belgique ; 2 421 km2 ; 679 000 hab. Capit. Hasselt.


C’est une province néerlandophone dont l’accroissement naturel annuel est élevé (1,5 p. 100), grâce à un taux de natalité supérieur à 20 p. 1 000. Le peuplement est récent, surtout au nord.

Au nord du Demer, qui coule vers l’ouest et partage la province en deux, s’étend la partie orientale de la Campine. La topographie y est monotone, les altitudes comprises entre 50 et 100 m. Les cailloutis de Meuse et des « sables de couverture » récents surmontent un sous-sol sableux, cependant que les argiles ou les grès ferrugineux d’un sol podzolique retiennent les eaux. Les sols étaient à l’origine peu fertiles. Le paysage originel de dunes, de marais, de tourbières ou de landes de bruyères subsiste encore par endroits.

Au sud du Demer, c’est la Hesbaye humide. Les sables de couverture (qui reposent sur une couche argileuse) deviennent de plus en plus limoneux vers le sud. Les affluents du Demer ou le Geer y entaillent leurs vallées. À l’extrême sud, la craie apparaît, avec des dépôts superficiels limoneux : c’est l’amorce de la Hesbaye sèche.

En Campine, la pauvreté générale de sols et l’isolement étaient des conditions peu favorables au développement de l’agriculture. On commence à boiser des landes à la fin du xviiie s. et à étendre les cultures dans la première moitié du xixe s. Les bois, formés surtout de pins sylvestres, et les landes occupent encore une large place, notamment avec des zones protégées (comme le parc de Bokrijk) constituant des sites touristiques. Les maisons se groupent ici en petits villages avec champs allongés et non enclos, vestiges de l’habitat primitif, ou se disposent en hameaux, ou s’isolent avec des champs massifs, clos de fossés, de fils de fer ou de rideaux d’arbres, témoins du peuplement plus récent. On cultive le seigle, la pomme de terre, mais surtout des plantes fourragères et les herbages sont nombreux. L’élevage est la principale ressource. Les exploitations sont petites, en faire-valoir direct.

La Hesbaye humide est une région d’herbages et, surtout, de vergers. Ce sont les arbres fruitiers qui donnent au paysage son originalité : cerisiers, pruniers et pêchers autour de Saint-Trond (Sint Truiden), pommiers autour de Tongres (Tongeren).

La Campine a aussi connu un bouleversement profond en devenant, au xxe s., une grande région industrielle grâce initialement à la découverte du bassin houiller, mis en exploitation en 1917. Le bassin s’allonge d’ouest en est de Beringen à Eisden en passant par Genk. Les structures d’exploitation sont concentrées (cinq puits et une seule compagnie, les Charbonnages campinois), les réserves sont abondantes ; les couches, assez épaisses et peu plissées ; on y extrait des charbons gras, cokéfiables, qui manquent au bassin wallon, d’exploitation d’ailleurs plus difficile. Le rendement par mineur de fond approche 3 t par jour, ce qui explique la part de plus en plus importante prise par ce gisement, malgré une régression de la production en valeur absolue (9,7 Mt en 1965, 6 Mt en 1975, 80 p. 100 alors de la production belge).

Une deuxième cause de bouleversement fut l’ouverture d’axes de circulation transformant cette région isolée en une grande voie de passage entre Anvers et Liège, entre la mer et la Ruhr. Aux canaux de Campine qui contournent la province par le nord-est vint s’ajouter, après la Seconde Guerre mondiale, le canal Albert (Anvers-Liège), construit de 1930 à 1939. Saturé par un trafic de 40 Mt en 1970, il est aujourd’hui accessible aux convois poussés de 9 000 à 10 000 t. Il est suivi par l’autoroute Baudouin (Anvers-Liège-Ruhr), tandis que l’autoroute E 39 prend en écharpe le bassin houiller.

À ces deux causes de développement industriel, il faut ajouter l’abondance de la main-d’œuvre et de terrains à bon marché.

Le bassin houiller constitue une première région industrielle, mais, en dehors de centrales électriques, il n’y a guère d’industries dérivées du charbon. Le charbon est facilement transporté vers Liège, Anvers, Bruxelles. Genk (56 000 hab. [3 400 seulement en 1900]) est devenue la ville la plus peuplée. Une deuxième région industrielle s’est développée au nord le long du canal de Campine, à Lommel-Neerpelt-Overpelt-Bree (industrie des métaux non ferreux, surtout du zinc, approvisionnée en minerai par Anvers ; construction métallique et mécanique).

Le bassin a amorcé sa reconversion : montage d’automobiles Ford (8 000 emplois) et laminoir d’acier inoxydable à Genk. En bordure du bassin, dans la zone industrielle de Tessenderlo, s’est installé, notamment, Philips.

Le sud, au contraire, est une région de villes anciennes, dont Saint-Trond et Tongres, sur la voie romaine de la mer à Cologne, au contact des deux Hesbayes. D’une grande richesse monumentale, marchés agricoles, possédant quelques industries, ce sont toujours des villes moyennes. Hasselt, entre la Campine et la Hesbaye, était bien situé pour devenir la capitale provinciale, souffrant toutefois de l’essor de Genk. Liège souhaiterait étendre une influence métropolitaine dans cette région qui lui fournit charbon et main-d’œuvre. Mais la frontière linguistique est un obstacle et, sauf dans l’extrême sud de la province, c’est l’influence de Bruxelles ou d’Anvers qui prédomine.

A. G.

 F. Dussart, la Campine. Étude de géographie régionale (Liège, 1934).

Limbourg

En néerl. Limburg, province du sud des Pays-Bas ; 2 172 km2 ; 1 044 000 hab. Capit. Maastricht.


La Meuse constitue le principal élément d’unité de cette province à la forme très allongée qui s’insère entre les territoires belge et allemand et dont l’existence dans ses limites actuelles ne remonte qu’à 1839. Elle comprend en fait deux parties fort différentes. Le Limbourg moyen et septentrional est proche par ses caractères physiques et humains du Brabant-Septentrional* voisin. Le Limbourg méridional s’individualise au sein des Pays-Bas avec ses étés plus chauds, son relief varié (dont l’altitude dépasse parfois 200 m), son sous-sol en partie calcaire et la présence du seul gisement houiller national.