Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lille (suite)

Art et architecture à Lille

Les déprédations causées par le climat, l’incurie, les guerres, la vente des biens nationaux avaient fini par jeter sur Lille un voile de tristesse et fait oublier son passé artistique. Depuis quelques années, les efforts de la municipalité (ravalement et rénovation des monuments, création de secteurs sauvegardés), les initiatives des propriétaires et l’activité de l’organisation Renaissance du Lille ancien (recensement général des richesses artistiques, surveillance des démolitions, liaison constante avec les autorités responsables du Plan de sauvegarde, cours-conférences, promenades et visites...) ont remodelé le visage de la ville et fait réapparaître les nombreux éléments de sa beauté.

Lille n’a gardé que peu de monuments antérieurs au xviie s. La Noble Tour est le seul vestige de l’enceinte du xve s. ; les églises Sainte-Catherine et Saint-Maurice, dont les éléments les plus anciens datent des xive et xve s., ont été agrandies durant les périodes suivantes ; de l’hospice Comtesse — admirablement restauré —, seule la splendide Salle des malades appartient à l’époque gothique et au xve s. : le reste, qui est très beau, date de l’époque classique. Quelques vestiges semblables se trouvent à l’hospice Ganthois, dont l’essentiel a été construit de 1662 à 1674. Du palais Rihour — résidence des ducs de Bourgogne édifiée de 1453 à 1467 —, seule la chapelle, ou conclave, garde une allure médiévale.

Par contre, l’architecture — civile surtout — est exceptionnellement riche et originale à Lille en ce qui concerne les xviie et xviiie s. Au cours des dernières années de la domination espagnole (1600-1667) s’imposa un « style lillois » qui conjugue, avec une exubérance discrète, les heureux effets de la pierre et de la brique : la maison des Vieux-Hommes, le « Lombard » et de multiples façades de la « Cité » (rues de Paris, des Chats-Bossus, Basse...) en témoignent encore. Le sommet de cet art flamand-lillois est atteint avec Julien Destrez, dont le nom est lié au plus beau monument de la ville : la (vieille) Bourse (1652-53), « rectangle auquel lignes et proportions confèrent stabilité et rigoureuse harmonie » (M. Marcia), et qui se distingue par un véritable « délire ornemental ». Le « style Destrez » se répandit dans la ville (Grande et Petite Place, rues du centre, quai de la Basse-Deûle...).

La conquête française (1667-68) contribua puissamment à embellir la ville. D’une part, grâce à Vauban et à des architectes lillois comme Simon Vollant (1622-1694 ?) et Antoine Gombert, la ville est dotée d’une citadelle (1668-1670) qui est tout de suite considérée comme « la place la plus belle et la plus achevée du royaume » : le style français s’y harmonise avec des caractères architecturaux ou ornementaux d’origine locale. Outre les portes de Gand et de Roubaix (qui datent de 1620-1625), Lille a conservé de cette époque le réduit Saint-Sauveur et la porte de Paris, arc de triomphe d’ordre dorique (1682-1695).

À partir de 1670, Vauban fait englober dans l’enceinte le faubourg Saint-Pierre, où sont tracées sept rues qui forment le quartier de la rue Royale, où, aux xviie et xviiie s., apparaissent de beaux hôtels, dont les plus remarquables (l’Intendance, l’hôtel d’Avelin) sont dus à l’architecte lillois Michel Lequeux (1753-1786). L’effort de rénovation s’étend à toute la ville, où abondent les façades et les ensembles classiques. Les églises Sainte-Madeleine (à coupole) et Saint-André, la façade de l’église des Jésuites (aujourd’hui Saint-Étienne), les beaux vestiges de l’hôpital Saint-Sauveur participent aussi à cette floraison. Sous Louis XV, Lille est dotée (1739) d’un hôpital général dont la façade, de 140 m, est harmonieuse et racée. En même temps se développe à Lille une industrie originale de faïencerie.

Le xixe s., administratif et manufacturier, rompt avec cette vigoureuse tradition architecturale. L’hôtel de la Préfecture (1869) s’inspire du froid néo-classicisme parisien, tout comme le monumental palais des Beaux-Arts (1885-1892), qui abrite, il est vrai, l’un des plus riches musées de France (écoles flamande, espagnole, hollandaise ; collection Wicar de 3 000 dessins inestimables, dus aux plus grands maîtres). Au début du xxe s., à côté d’un nouveau théâtre (1907-1914), s’élève le palais de la (nouvelle) Bourse, qui s’inspire de la tradition flamande (1902). C’est dans la même tradition (beffroi de 105 m) qu’est édifié, à partir de 1927, le vaste hôtel de ville.

Depuis, en mettant en valeur les richesses architecturales de son passé classique et en effaçant la lèpre laissée par son passé industriel, Lille s’efforce (nouveau palais de justice, forum, nouveau quartier Saint-Sauveur) de promouvoir un art qui accorde les techniques modernes au génie local.

P. P.

Lima

Capit. du Pérou.



La situation

L’agglomération de Lima, qui dépasse aujourd’hui 2 millions d’habitants, est située dans une oasis de la côte désertique du Pérou, à 14 km de l’océan Pacifique et en liaison directe avec le port d’El Callao, à l’ouest de la ville. Fondée dès le début de la colonisation espagnole, en 1535, Lima fut, durant toute la période coloniale, le siège de la vice-royauté de Nouvelle-Castille (ou Pérou), dont le rôle était de contrôler les communautés indigènes et d’assurer le fonctionnement de l’économie minière pour l’ensemble des colonies espagnoles de l’Amérique andine (avant le partage en trois de cette vice-royauté au xviiie s.). Lima devint la capitale de l’État péruvien, dès l’indépendance (1821). Ses fonctions actuelles reposent avant tout sur le rôle centralisateur de capitale politique. Comme dans le cas de presque toutes les grandes villes de l’Amérique du Sud, sa croissance démographique accélérée dépasse celle de l’ensemble du Pérou en vertu de son pouvoir d’attraction sur la population, ce qui provoque l’extension rapide des quartiers pauvres dans son tissu urbain.


La capitale nationale