Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Liberia (suite)

 R. L. Buell, Liberia, a Century of Survival, 1847-1947 (New York, 1947 ; nouv. éd., 1969). / G. Schwab, Tribes of the Liberian Hinterland (Cambridge, Mass., 1947). / P. J. Staudenraus, The African Colonization Movement, 1816-1865 (New York, 1961). / M. Fraenkel, Tribe and Class in Monrovia (Londres, 1964). / R. W. Clower et coll., Growth without Development, an Economic Survey of Liberia (Evanston, Illinois, 1966). / J. G. Liebenow, Liberia, the Evolution of Privilege (New York et Londres, 1969). / G. Tixier, la République du Libéria (Berger-Levrault, 1970).

libertés publiques

Ensemble des possibilités ouvertes aux membres d’une communauté organisée d’agir en fonction de leurs propres choix en ce qui concerne leur vie personnelle ainsi que de participer aux délibérations relatives au fonctionnement de cette communauté.



L’évolution de la notion de liberté

« Les Anciens n’ont aucune idée de la liberté individuelle au sens absolu et anarchique des Modernes. La liberté, pour eux, c’est la jouissance des droits politiques. Le citoyen se doit tout entier, corps et âme, à l’État. Il lui est redevable de son temps, de sa fortune, de sa vie même. » (Ferdinand Lot.) En contrepartie, le citoyen jouit d’un privilège : il est jugé par ses pairs, c’est-à-dire soit par l’assemblée du peuple elle-même, soit par les magistrats qu’elle a désignés à cet effet. Mais la cité antique ne compte pas que des citoyens ; y vivent, également, des étrangers (immigrés ou habitants de territoires conquis) et des esclaves. Les premiers revendiquent afin de ne pas être victimes de l’arbitraire ; les seconds aspirent à un minimum de liberté physique.

La société féodale est caractérisée par une superposition de liens juridiques complexes entre les hommes ainsi qu’entre les territoires. Elle peut être considérée comme une pyramide. Au sommet, un roi (élu par les « grands » ou associé au trône par son père). À la base, des hommes liés pour toujours à la terre sur laquelle ils vivent et au métier qu’ils exercent, soit parce qu’ils se sont volontairement placés sous la protection d’un propriétaire foncier disposant d’une force armée, en échange d’une promesse d’accomplir les corvées exigées et de payer les taxes imposées, soit parce qu’ils descendent d’un homme qui s’est ainsi lié auparavant. Au milieu, toute une hiérarchie de propriétaires fonciers qui, simultanément, doivent protection à de moins forts et service à de plus puissants. Lorsque des hommes ont pu individuellement rester libres, ils sont, néanmoins, dépendants de leur « commune », laquelle se trouve généralement sous la protection d’un seigneur. En principe, chacun reste soumis au jugement de ses pairs ou — pour de nombreux serfs — au jugement de « collèges composés de sujets du même maître » (Marc Bloch) ; toutefois, dans de très nombreux lieux, « les non-libres et, par une assimilation naturelle, les plus humbles dépendants » ne connurent « d’autre juge que leur maître » (ibid.). Par ailleurs, dans un système où chacun est l’homme d’un autre, le plus fort tend à multiplier les violences et les abus, alors que le plus faible tend à s’évader d’un état de dépendance qui va fort loin (le non-libre ne peut se marier qu’avec une personne de même condition dépendant du même maître ; la femme noble, lorsqu’elle est veuve, doit épouser le seigneur choisi par son suzerain, etc.). [V. féodalité.]

En Angleterre*, l’aristocratie obtient très tôt des garanties sérieuses de la liberté individuelle ; dans une « charte des libertés » publiée en 1100, Henri Ier (1068-1135) s’engage solennellement à renoncer aux abus des règnes précédents ; en 1215, Jean* sans Terre appose son sceau à la Pétition des barons, puis scelle la « Grande Charte ». Non seulement cette dernière apporte au pouvoir royal certaines limitations (aucun impôt nouveau ne pourra être exigé sans l’accord des prélats, des barons et de la ville de Londres ; le roi ne forcera plus les veuves à se remarier ; les anciennes libertés et coutumes des villes libres seront respectées ; etc.), mais le pouvoir des barons « sur leurs propres hommes » est également limité, et surtout « aucun homme libre ne sera pris, ni emprisonné, ni dessaisi de ses biens, ni exilé, ni lésé d’aucune façon [...] sauf par loyal jugement de ses pairs conformément aux lois du pays ». Dans la « Petition of Right », imposée en 1628 à Charles Ier*, il est précisé qu’aucun homme libre ne peut être arrêté, ni détenu sans formalité judiciaire. L’« Habeas* Corpus Act » de 1679 constituera le rempart fondamental des libertés publiques anglaises.

En France, en Italie et en Espagne, on assiste dès le xiie s. à « l’élimination progressive de ce qui, dans le système des charges, demeurait frappé d’un caractère incertain et fortuit [...]. D’autre part, la forme de dépendance en qui la subordination d’homme à homme avait trouvé son expression la plus pure tantôt disparaissait, tantôt s’altérait » (Marc Bloch). Au xiiie s., les affranchissements de serfs se multiplient moyennant finances, car le roi et les grands seigneurs ont besoin d’argent, mais, dans les villes, commerçants et gens de métiers constituent des corporations qui, sous prétexte de protéger le consommateur, créent de nouveaux liens de dépendance et favorisent la stratification en classes sociales. De même que la noblesse revendique son droit de participer à la gestion du royaume (elle y parvient en Angleterre, mais échoue finalement en France), de même les « bourgeois pauvres et ceux de condition moyenne » revendiquent, mais vainement, de prendre part « à l’administration de la ville, qui est tout entière dans la main des hommes riches, parce que la commune les redoute en raison de leur fortune ou de leur parenté », écrit Philippe de Beaumanoir (v. 1250-1296) à la fin du xiiie s. La féodalité disparue, ces revendications subsistent néanmoins, mais s’y ajoutent en outre celles des paysans, qui, devenus libres, cultivent pour la plupart des terres ne leur appartenant pas et dépendant de grands domaines, dont beaucoup sont biens d’Église. Alors qu’en Angleterre les institutions parlementaires, lentement façonnées au bénéfice des nobles, puis des riches bourgeois, vont évoluer progressivement sans heurts trop violents, deux siècles de monarchie absolue font des États généraux de 1789 une assemblée révolutionnaire à laquelle la monarchie survivra mal et pour peu de temps.