libéral britannique (parti) (suite)
À partir de 1867, le parti libéral entre dans un processus de structuration poussée. L’initiative en revient aux libéraux de Birmingham, chez qui prédominent les radicaux. Des comités de base sont constitués au niveau de la circonscription et des quartiers : ils choisissent les candidats aux élections législatives et municipales. Grâce à une organisation systématique, ces comités, ou caucus, contrôlent la politique locale. On assiste alors à Birmingham à l’ascension fulgurante d’un nouveau politicien, Joseph Chamberlain*, un ultra-radical intransigeant et un habile tacticien. Peu à peu, la méthode d’organisation mise au point à Birmingham gagne toute la Grande-Bretagne. Ainsi, le parti se transforme en une grande machine disciplinée aux rouages bien huilés.
Au moment même où, au début du xxe s., les chances de relèvement des libéraux semblaient au plus bas, les conservateurs leur offrent un moyen inespéré de revenir au pouvoir : en proposant une réforme douanière qui abolirait le libre-échange, ils sèment le désarroi dans leurs propres rangs et inquiètent de larges couches de l’opinion. Ainsi, les élections de 1906 constituent-elles un raz de marée libéral. Avec environ 400 sièges aux Communes, le parti libéral dispose d’une majorité massive et est en mesure d’appliquer un ambitieux programme de réformes.
S’il continue de tirer sa force des classes moyennes urbaines, soucieuses de démocratisation, il a glissé vers la gauche par suite de la disparition à peu près totale des whigs et du poids croissant de la petite bourgeoisie radicale. Moins attaché que par le passé au laisser-faire, il prône l’intervention de l’État pour remédier à certains abus et injustices. Néanmoins, il demeure avec prudence et modération attaché à une conception de démocratie individuelle, colorée par quelques réformes sociales hardies.
L’équipe arrivée au pouvoir en 1905 comporte nombre de personnalités brillantes : dirigée par Henry Campbell-Bannerman (1836-1908), puis, à la mort de celui-ci, en 1908, par Herbert Asquith (1852-1928), elle inclut Edward Grey (1862-1933), Richard Haldane (1856-1928), Lloyd George*, Winston Churchill*. Parmi les mesures prises figure une série de réformes sociales conformes aux promesses faites d’améliorer le sort des masses. Surtout, le budget présenté par Lloyd George en 1909 déchaîne un double conflit, social et constitutionnel, avec la Chambre des lords, dont une loi rétrécit sérieusement les pouvoirs (Parliament Act, 1911).
Une fois ces réformes réalisées, les libéraux décident de réaliser la vieille promesse d’autonomie faite aux Irlandais : le Home Rule est voté en 1912, mais, quand il s’agit de l’appliquer, il se heurte à une intraitable résistance en Ulster. Les menaces de guerre civile irlandaise ajoutées aux tensions sociales (grèves révolutionnaires) plongent les libéraux dans de graves difficultés à la veille de la Première Guerre mondiale.
Le parti résiste mal à l’épreuve de la guerre. Dès 1915, les libéraux cessent de gouverner seuls. Asquith forme un gouvernement de coalition avec les conservateurs, puis il est évincé en 1916 par ceux-ci, alliés à Lloyd George. La dissension s’est introduite dans le camp libéral. C’est le début d’une longue décadence, précipitée par la Seconde Guerre mondiale.
Aux élections de 1945, les libéraux n’ont que 12 élus, et le chiffre tombe à 9 en 1950. Cependant, dans l’opinion, en particulier dans les milieux intellectuels et dans la presse, l’influence libérale continue de se faire sentir. En particulier, elle s’exerce dans le sens du rapprochement de la Grande-Bretagne avec l’Europe.
Après 1960 s’esquisse une renaissance libérale. Cette remontée est due à la désaffection à l’égard des deux principaux partis, au dynamisme des prises de positions libérales, à l’ouverture à certaines aspirations de la jeunesse. Des élections partielles encouragent les espoirs et, aux élections du 28 février 1974, les libéraux obtiennent 19,3 p. 100 des voix et 14 élus. Cependant le libéralisme joue moins le rôle d’une force politique que celui d’un simple courant d’opinion.
F. B.
➙ Chamberlain / Conservateur (parti) / Gladstone / Grande-Bretagne / Palmerston.
S. Maccoby, English Radicalism (Londres, 1935-1961 ; 6 vol.) ; The English Radical Tradition, 1763-1914 (Londres, 1952 ; 2e éd., 1966). / A. Mabileau, le Parti libéral dans le système constitutionnel britannique (A. Colin, 1953). / T. Wilson, The Downfall of the Liberal Party, 1914-1935 (Londres, 1966). / R. Douglas, The History of the Liberal Party, 1895-1970 (Londres, 1971).