Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Lézards (suite)

Les Squamates, ou Saurophidiens, s’isolent des autres Reptiles par un certain nombre de caractères ostéologiques souvent complexes et d’identification difficile, ainsi que par deux caractères morphologiques externes très faciles à constater : la fente cloacale est transversale (alors qu’elle est longitudinale chez les Crocodiliens) et l’appareil copulateur des mâles est fait de deux hémipénis symétriques, alors qu’il existe un seul pénis impair et médian chez les Tortues et les Crocodiles et pas de pénis chez Hatteria. Les Squamates représentent 5 700 espèces environ, à peu près également réparties entre Lézards (3 000 espèces) et Serpents (2 700). La distinction entre Lézards et Serpents n’est pas toujours simple, car il existe des Lézards apodes (Scinques, Orvets, Amphisbènes). D’autres caractères sont l’absence d’oreille moyenne chez les Serpents, et l’absence de poumon trachéen chez les Lézards.


Les Geckos

Les Geckota comprennent trois familles principales : Geckonidés, Pygopodidés et Xantusidés. Les Geckonidés sont les Lézards de régions chaudes, en général de petite taille, au corps et à la tête souvent aplatis dorso-ventralement, à la queue courte. Une lunette (écaille transparente) recouvre l’œil comme chez les Serpents. Ce sont des animaux souvent nocturnes, aux couleurs ternes. Beaucoup possèdent sous les doigts des organes adhésifs qui leur permettent de grimper aux arbres ou sur les rochers. Les Geckos du sud de la France sont la Tarente (Tarentola mauritanica), qui vit dans les maisons et chasse les Insectes accrochés au plafond, le petit Hemidactylus turcicus, qui vit sous les pierres, et Phyllodactylus europœus, localisé aux îles de la Côte d’Azur. Les Geckos sont plus abondants dans les zone » subdésertiques et les savanes sèches d’Afrique et d’Amérique, mais leur habitat le plus favorable est constitué par les grandes forêts tropicales et équatoriales du monde entier, où l’on trouve beaucoup d’espèces arboricoles, notamment en Asie et en Australie. La queue est parfois aplatie, comme chez Uroplatus de Madagascar. Quelques espèces émettent des sons, notamment le Tokay, Gecko gecko, qui est le géant de la famille, avec ses 30 cm, ou le Gecko babillard, Ptenopus garrulus, qui vit dans des terriers en colonies nombreuses. Les Geckos sont tous insectivores.

Les Pygopodidés comprennent quelques espèces d’Australie et de Nouvelle-Zélande au corps allongé comme celui des Orvets, auxquels elles ressemblent par leur mode de vie. Les Xantusidés sont localisés au sud de l’Amérique du Nord ; ils ressemblent beaucoup à nos Lézards, mais ils sont vivipares, nocturnes et vivent sous les souches.


Les Iguanes

Les Iguania comprennent trois familles : Iguanidés, Agamidés et Chamæléonidés (v. Caméléon). Les Iguanidés sont surtout répandus en Amérique ; en dehors de ce continent, on n’en connaît que deux genres à Madagascar et un aux îles Fidji. Tous ont des membres bien développés et une queue souvent longue. Les arboricoles ont le corps aplati latéralement comme les Caméléons ; les terrestres ont le corps déprimé dorso-ventralement, comme le Crapaud cornu (Phrynosoma cornutum). Les espèces de petite taille sont insectivores, alors que les herbivores correspondent aux géants de la famille, comme Iguana iguana, qui peut atteindre 1,80 m. L’Iguane des Galápagos (Amblyrhynchus cristatus) s’est adapté au milieu marin et se nourrit d’Algues, qu’il va chercher sur les récifs. Les Liolœmus d’Amérique du Sud vivent en altitude jusqu’à 4 000 m et sont vivipares, seule reproduction possible sous un tel climat. Près de 200 des 700 espèces de la famille appartiennent au genre Anolis, remarquable par son mimétisme, qui l’a fait surnommer le « Caméléon américain ».

Les Agamidés, qui comprennent plus de 300 espèces, abondent surtout dans la région australienne, en Asie du Sud-Est et en Afrique. La plupart sont diurnes, et beaucoup possèdent des excroissances tégumentaires ou des écailles épineuses. L’espèce type de la famille est le Margouillat (Agama agama) d’Afrique tropicale, capable de changer de couleurs et dont la place est tenue en Asie par les nombreuses espèces du genre Calotes, souvent appelées faux Caméléons. Le Dragon volant (genre Draco) renferme des espèces arboricoles capables de vol plané, grâce à un repli cutané latéral que soutiennent des côtes fortement allongées. À côté de ces espèces, omnivores mais surtout insectivores, existent des formes plus grandes à régime herbivore, comme les Fouette-Queues (Uromastix acanthinurus), à la large queue massive recouverte d’écaillés épineuses et qui habitent le Sahara et les déserts d’Arabie.


Les Lézards et les Scinques

Les Scincomorphia comprennent quatre familles importantes : les Lézards de l’Ancien Monde (Lacertidés) et leurs correspondants américains (Téjidés), les Cordylidés africains et malgaches et les Scincidés, aux membres souvent réduits ou absents.

Les Lacertidés sont surtout des Lézards des zones tempérées chaudes et des déserts. Il existe en France plusieurs espèces du genre Lacerta : le Lézard ocellé (L. lepida), le géant de la famille, qui peut atteindre 80 cm ; le Lézard vert (L. viridis), qui recherche les zones humides ; le Lézard des murailles (L. muralis), la « rapiette » de nos campagnes, hôte des chemins creux et des voies de chemin de fer ; enfin, le Lézard vivipare (L. vivipara), qui peuple toute l’Eurasie jusqu’au-delà du cercle polaire arctique. Deux espèces du genre Psammodromus sont également présentes dans le sud de la France. Tous les Lacertidés sont insectivores et creusent des terriers où ils se réfugient la nuit. Les Téjidés occupent en Amérique des niches écologiques comparables. Les principaux genres sont Cnemidophorus, Ameiva et Tupinambis. Les Cordylidés sont recouverts d’écaillés épineuses, et leur corps tout entier ressemble à la queue des Uromastix. Les espèces du genre Chamæsaura offrent tous les stades de réduction des membres et annoncent les Scinques.