Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

leucémie (suite)

• La splénomégalie myéloïde ou myélosclérose. C’est un autre syndrome myéloprolifératif marqué par les mêmes anomalies cliniques et hématologiques que la leucémie myéloïde chronique avec quelques particularités cliniques : la rate est souvent plus volumineuse ; au myélogramme, l’os est très dur à la ponction ; à la biopsie de moelle, il existe une myélosclérose, en fait souvent limitée au stade de début ; il n’y a pas de chromosome Philadelphie, ce qui permet de la différencier de la leucémie myéloïde chronique. L’évolution en est extrêmement longue, le pronostic est le même que celui de la leucémie myéloïde chronique, mais avec des durées de vie plus longues, de 10 à 15 ou 20 ans, qui ne sont pas exceptionnelles.

• Les syndromes myéloprolifératifs des jeunes enfants. Ce sont des affections très rares, marquées par une grosse rate, avec anémie et hyperleucocytose. Le diagnostic en est parfois difficile avec les syndromes carentiels en vitamine D et en fer par exemple. L’évolution est longue avec parfois une transformation aiguë. La nature réelle de tous ces syndromes est inconnue.

C. J.

 G. D. Amromin, Pathology of Leukemia (New York, 1968). / Traitements médicaux des cancers et des leucémies : chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie (Masson, 1969).

leucocyte

Globule blanc du sang.


Les leucocytes ont une dimension généralement supérieure à celle des globules rouges (ou hématies*). Leur nom vient de leur forte réfraction, qui les fait apparaître en blanc brillant au microscope, en l’absence de coloration, alors que les hématies sont rose pâle.


Origines et dénominations des leucocytes

Les leucocytes ont trois origines différentes :
1o la moelle osseuse (lignée myéloïde), qui forme les leucocytes granuleux, dits aussi « polynucléaires » (ils n’ont qu’un seul noyau, mais celui-ci, étranglé par places, fait penser à plusieurs éléments) ; les polynucléaires se divisent en neutrophiles, éosinophiles et basophiles selon les affinités tinctoriales de leurs granulations ;
2o le tissu « lymphoïde » des ganglions lymphatiques (lignée lymphoïde), qui forme les lymphocytes, éléments hyalins (non granuleux) ;
3o le tissu réticulo-endothélial (la trame des ganglions lymphatiques, de la rate, etc.), qui fournit les monocytes (lignée réticulo-endothéliale ou monocytaire), hyalins comme les lymphocytes.

Les lymphocytes et les monocytes sont aussi appelés mononucléaires, par opposition aux polynucléaires.


Description et rôle des différents leucocytes

La détermination exacte des cellules sanguines normales se fait par l’analyse cytologique (au microscope) des éléments rencontrés.


Polynucléaires

Le polynucléaire neutrophile se caractérise par un noyau segmenté en plusieurs lobes et par la présence dans le cytoplasme de granulations dont la couleur varie du rose au lilas.

Le polynucléaire éosinophile est caractérisé par la présence dans son cytoplasme de granulations réfringentes, se colorant en jaune orangé, et par un aspect du noyau dit « en bissac ».

Le polynucléaire basophile s’individualise par la présence de granulations très grosses se colorant en violet foncé. Ces éléments de la série granulocytaire, que l’on retrouve dans le sang périphérique normal, ont été précédés dans leur lignée myéloïde, dite « granulopoïétique », par des éléments que l’on retrouve dans les centres hématopoïétiques (moelle osseuse). Il s’agit successivement du myéloblaste, dont le noyau a une chromatine très fine avec plusieurs nucléoles et dont le cytoplasme contient quelques granulations ; du promyélocyte, dont le cytoplasme est encore basophile, mais le noyau dépourvu de nucléoles ; puis du myélocyte, qui, selon la nature de ses granulations cytoplasmiques, est neutrophile, éosinophile ou basophile ; enfin du métamyélocyte, cellule granuleuse à noyau réniforme commençant à s’échancrer.


Lymphocytes

Les éléments de la série lymphocytaire, ou lymphocytes, sont des cellules mononucléées, pourvues d’un cytoplasme hyalin plus ou moins basophile apparaissant en bleu sur les frottis. Selon la taille, on distingue les petits lymphocytes (8 à 10 microns) et les grands lymphocytes (au-delà de 10 microns). Ils ont tous à leur origine une cellule souche de la série lymphoïde appelée lymphoblaste.


Monocytes

Les éléments de la série monocytaire, ou monocytes, sont des cellules mononucléées caractérisées par un noyau spongieux à chromatine dense, un cytoplasme gris et granuleux, et une grande taille (autour de 20 microns). Ils ont pour cellule souche le monoblaste à cytoplasme gris-bleu et à noyau nucléole à chromatine fine.


Leucocytes anormaux

On peut observer parfois des leucocytes anormaux dans le sang périphérique. On a ainsi décrit les cellules paraleucoblastiques (cellules de Rieder et cellules à bâtonnets d’Auer), des granulocytes à grains toxiques et également des cellules proches des plasmocytes (cellules de Türck et cellules de Mott). On constate d’ailleurs parfois la présence de plasmocytes dans le sang périphérique. Ces éléments appartenant normalement au système réticulo-endothélial sont des cellules mononucléées dotées d’un cytoplasme fortement basophile sans granulations et d’un petit noyau excentrique avec une chromatine disposée en damiers.


Numération des leucocytes

Dans les conditions normales, 1 mm3 de sang contient 7 000 à 8 000 leucocytes chez un sujet adulte. Ces chiffres sont obtenus par la numération leucocytaire, qui répond aux mêmes normes techniques que la numération des hématies. La méthode de détermination des éléments du sang périphérique s’appelle la numération - formule sanguine, ou hémogramme. Les chiffres qui ont été indiqués ci-dessus subissent en réalité d’assez amples variations (selon le nycthémère, en fonction des phases digestives ou des périodes menstruelles chez la femme). Aussi ne doit-on tenir compte en pathologie que d’écarts notables par rapport aux normes établies. Pour la majorité des auteurs, les limites physiologiques se situent entre 5 000 et 10 000 leucocytes par millimètre cube chez l’adulte, des variations inférieures à 500 étant considérées dans les limites des erreurs possibles de mesure et donc dénuées de toute signification. Les normes indiquées sont valables pour les sujets adultes de race blanche, mais les valeurs admises chez les sujets de race noire semblent s’en écarter singulièrement, volontiers caractérisées par une tendance leucopénique (baisse du nombre des leucocytes), avec moins de 6 000 leucocytes par millimètre cube de sang. Devant ces différences, on voit à quel point il est difficile de définir des valeurs normales convenant dans tous les cas. Actuellement, pour la numération leucocytaire, on peut encore disposer de la technique classique : dilution du sang dans un liquide approprié avec une pipette spéciale, puis lecture dans une cellule permettant l’obtention du nombre de leucocytes à partir du chiffre lu dans l’hématimètre multiplié par un coefficient tenant compte du taux de dilution et du volume de la cellule de lecture, qui doit être régulièrement renouvelée. Cependant, on utilise de plus en plus souvent le compte-globules électronique, qui n’évite d’ailleurs pas les difficultés de dilution.